« In your eyes… Are they evil and we are just? »
[À vos yeux… Sont-ils mauvais et nous sommes justes?]
Infestée depuis longtemps par la pauvreté et le crime, Kaiko City est déchirée par la corruption et l’escalade de violence entre les Yakuzas locaux et un renommé chef de la Mafia Coréenne. Lorsqu’un homme d’affaires connecté à la Mafia (Lily Franky) se lance dans la course à la mairie et commence à éliminer systématiquement ses adversaires, un ancien capitaine de police maintenant prisonnier pour un meurtre est relâché dans un dernier effort désespéré pour reprendre la ville.
Les premières images apparaissent en fondu dans une lumière dorée et tamisée. Un seau d’eau est versé sur un dos moussé de savon révélant une myriade de tatouages; un rasoir passe sous un menton, puis une brosse à dents dans une bouche. Un plan d’ensemble on comprend que ce sont des Yakuza dans un bain public. Même s’ils ont l’air menaçant un certain calme, une certaine fragilité émanent de leur regard. Un homme s’approche de l’extérieur avec un imperméable et un couteau qui passent dans les Yakuzas comme dans du beurre.
Le réalisateur, Kensuke Sonomura, suggère l’humanité des criminels; des gens comme tous les autres, car le film n’est pas là pour démoniser ceux qui fréquentent le crime organisé. Tout le monde à une histoire et celle-ci peut parfois surprendre. Pour un film d’action tournant autour du crime l’approche à une certaine profondeur. Il aurait été facile de tomber dans des clichés de drogues; de nudité; et de restaurants chics, mais l’avenue empruntée est davantage politique et relationnelle.
Le capitaine qui mènera à bien la mission que lui donne la Police porte un manteau USA, fume des cigarettes comme une cheminée et traverse à mains nues des tas de rustres malfaiteurs malgré sa cinquantaine avancée. L’intrigue qui entoure son personnage est aussi très intéressante, car le capitaine semble malgré lui connecter tous ces éléments.
Certains pivots restent clichés ou font tout simplement rouler les yeux, mais ils sont balancés par d’autres mieux réfléchis. Les rôles sont classiques (on sait déjà un peu comment vont se jouer les choses une fois les prémices installées). Le récit, quant à lui, se dédie à un ou deux bons rebondissements dignes du cinéma japonais. Encore là, on devrait veiller à ne pas trop mousser dans le soap-opéra.
C’est avec un soupçon de déception que l’œuvre se déploie comme le dirait Bilbo dans La Communauté de l’Anneau : « Comme du beurre qu’on aurait étiré sur une tartine trop grande. » Le film se dilue en substance, plus il avance, et se termine fatigué. Quelques fois, de grandes quantités d’informations sont échangées rapidement et ne refont surface qu’une heure plus tard. Le dénouement évoquait en moi une impression de Shawshank Redemption, mais avec de la patience en moins pour vraiment m’en soucier.
La musique d’ambiance n’est pas particulièrement impressionnante si on ignore l’excellent score Komawote de Crazy Ken Band comme chanson thème. Il y a aussi des lacunes en lien avec le fil conducteur de l’histoire. Quelques scènes d’actions viennent subtilement mettre en valeur l’habileté première du réalisateur; celle de direction d’action, mais il reste que la technique est à peaufiner au niveau de la réalisation, surtout au niveau de la direction des acteurs qui semblent parfois laissés à eux-mêmes. De son côté, la distribution supporte bien ce manque de précision en offrant des performances engagées desquelles une direction plus experte aurait tiré profit facilement.
L’œuvre est passable et pourra plaire à ceux qui aiment les films policiers et désirs un peu d’action. Générique, mais pas sans âme. Le tout est très minimaliste dans sa structure symbolique; un plus si on ne veut pas trop se casser la tête. Tout de même, je sens que ces talents ne sont pas perdus et que l’on risque de revoir certains de ces noms dans le futur.
Bande-annonce
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J’aimerais vous laisser sur le thème emblématique de Guile de la série de jeux vidéo Street Fighter. Musique qui montait en moi chaque fois que le capitaine entrait en scène.
© 2023 Le petit septième
Interessant !