« N’oublie pas, la chaire va au composte, mais les os dans les déchets réguliers. »
Hyun-Jung (Choi Ji-woo), une femme vivant seule regardant nerveusement les informations. Seung-Jin, un collégien essayant d’augmenter ses notes d’échec en faisant du bénévolat. Hyun-Su (Lee Yu-mi), une femme essayant de trouver un amoureux via une application de rencontres. Hoon (Choi Min-ho), un homme qui trouve une lettre mystérieuse avec des instructions écrites pour trouver la femme qui les a écrites. Gee-jin, un chômeur avec un béguin unilatéral pour l’hôtesse d’à côté. Yeon-jin, une musicienne et employée à temps partiel dans un dépanneur qui mène une vie de merde, traitant quotidiennement avec des clients impolis. Les vies de ces six personnes se croisent de manière inattendue et troublante sur une période de quatre jours.
Avec New Normal (뉴 노멀), Jung Bum-shik présente LE film what the fuck de l’édition 2023 de Fantasia. Chaque année, un film complètement fou se pointe dans ce festival. Après avoir été complètement jeté sur le cul par The night of the virgin en 2017, ou par One cut of the dead en 2018, j’aurai eu droit à New Normal.
New Normal est un clip de vie se déroulant sur une période de 4 jours, à Séoul, en 2022. Une période de chaos comme l’humanité n’en a jamais connue dans toute l’histoire humaine. Il dépeint les risques inattendus et l’identité des peurs cachées dans la vie quotidienne et l’espace commun.
Fantasia, c’est une atmosphère particulière. Si vous n’y êtes jamais allé, vous devriez essayer. C’est quelque chose qu’on doit vivre au moins une fois dans sa vie. Ça commence par les traditionnels miaulements que Simon’s cat a amené au festival il y a plusieurs années, et ça s’est poursuivi, hier, avec un court métrage jouissif qui a mis la table de façon parfaite avec son montage au rythme rapide et aux surprises qui s’empilent.
Puis arrive la séquence d’ouverture de New Normal qui prend tout le monde par surprise, alors que ce technicien en alarmes vient importuner une pauvre femme vivant seule. Les spectateurs ne le savent pas encore, mais ils viennent de s’embarquer dans une aventure qui décoiffe. Après seulement 10 minutes, on est déjà dans une ambiance démente alors que les gens sursautent, rient et crient de jouissance devant ce film complètement hors normes.
Le réalisateur propose 6 histoires sans liens apparents, pour tout relier dans une séquence finale replaçant tout en perspective. Chacune de ces 6 histoires toutes aussi perturbantes les unes que les autres prendront n’importe qui par surprise. Il a choisi de diviser son film en 6 chapitres, en les présentant avec des intertitres aux titres parfois flous, parfois assez clair merci.
Dans cette comédie d’horreur, les morts s’accumulent à travers des histoires de vie parfois assez tristes. Le titre du film – qui pourrait être traduit par Le nouveau normal – est bien choisi afin de montrer comment notre monde s’est transformé avec le temps pour en arriver à cette triste réalité. Dans le fond, chacun de ces personnages traverse une existence plutôt difficile. Que l’on pense aux peurs que peuvent ressentir les femmes seules dans les grandes villes, aux âmes esseulées à la recherche de l’amour, ou encore à la dure réalité d’un travail dans le service à la clientèle, qu’on vive en Corée ou au Québec, on peut certainement comprendre ces gens et pourquoi ils agissent ainsi. Et ce, malgré le ton décalé du long métrage de Jung Bum-shik.
Pour les amateurs de chaos cinématographique peu soucieux du politiquement correct, New Normal, écrit et réalisé par Jung Bum-shik, est là pour vous offrir une expérience à l’humour noir, des gags agréables qui feront sourciller, des meurtres brutaux et imprévisibles, le tout accompagné d’un cynisme sans vergogne.
Cela dit, il s’agit d’un film qui vous fera triper ou qui vous fera quitter la salle. J’ai vu au moins 4 personnes quitter la salle en cours de projection. Ces pauvres gens ne savent pas à quel point ils ont manqué une finale incroyable. Mais oui, c’est le genre de film qui ne laisse pas indifférent.
Le scénario est solide, avec juste assez de subtilité pour que les gags fonctionnent. Il y a de superbes moments d’absurde et de magnifiques malaises. J’entends déjà certaines personnes essayer de comparer New Normal à des parodies du genre, mais nous sommes à un autre endroit.
Ces six histoires courtes interconnectées, remplies de nombreuses références au cinéma classique, se déroulent sous nos yeux émerveillés dans un crescendo exaltant qui culmine dans une finale jubilatoire.
Vive le cynisme et les thérapies de groupe. 😉
New normal était présenté au festival Fantasia le 23 juillet 2023, précédé par le génial court métrage Uberlinks.
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