Paul Bougon (Rémy Girard), de passage à la télévision, fait une sortie en règle contre le système actuel et promet de se lancer en politique. Papa Bougon fonde dès lors le Parti de l’Écœurement National, le PEN, appuyé par sa tendre épouse Rita (Louison Danis) ainsi que ses enfants Junior (Antoine Bertrand) et Dolorès (Hélène Bourgeois-Leclerc).
Écrit par les créateurs de la série satirique Les Bougon, c’est aussi ça la vie!, François Avard et Jean-François Mercier, avec la collaboration de Louis Morissette, Votez Bougon poursuit dans la même veine que la série télé. Une petite nuance fait une grosse différence, l’histoire de couple de Paul et Rita. J’y reviendrai plus loin.
Évidemment, le patriarche de la famille Bougon lance son propre
parti politique dans le but de « crosser » les gens qui paieront 5 $ pour devenir membres du PEN. Mais le succès monstre de son parti l’amène à se questionner sur l’objectif final. Fini les petites « crosses » à 5 $ alors que lui et sa famille décident de réellement se lancer dans l’élection provinciale.
Le film ne pourrait sortir à un meilleur moment, alors que le parti ultrapopuliste de Donald Trump vient de gagner l’élection américaine. Disons que le PEN ressemblerait très certainement à ce genre de parti misant sur l’écœurement du citoyen moyen. Mais la politique américaine est-elle vraiment pire que la politique québécoise?
Au-delà des jokes de cul et des moments cocasses, Votez Bougon est une critique du système politique québécois. Par moments, le film de Jean-François Pouliot rappelle ceux de Pierre Falardeau. En fait, il y a des similitudes principalement avec la série Elvis Gratton.
Je pense entre autres à des scènes comme celle où Mao explique à son père comment les Québécois sont caves. Ils ont beau se faire « crosser », ils continuent à se laisser faire et même à féliciter ceux qui le font. On y malmène aussi les journalistes. Falardeau les montrait comme des clowns ou des chiens en laisse, alors qu’ici on les montre en imbéciles qui posent n’importe quelle question et qui s’efforcent de défendre les riches de ce monde.
Les riches n’y échappent pas. La scène où Rita et sa sœur sont sur le bord de la piscine à Cuba est simplement géniale. La façon dont la sœur parle des habitants de l’ile est simplement trop représentative de la réalité. C’est drôle, mais en même temps, comme le reste de ce film, tellement déprimant.
Je parlais plus tôt d’une nuance à faire avec la série. La voici : l’intégration d’un conflit amoureux entre Rita et Paul… J’aurais préféré que cette histoire ne soit pas mise en bruit de fond, et que les efforts soient concentrés sur la politique et la destruction du système en place. Ce petit côté mélo fait grandement baisser mon appréciation du film. Mais la critique sociale reste tout de même forte.
Est-ce que Votez Bougon réussira là où Pierre Falardeau aura échoué? Cette comédie sera-t-elle en mesure d’ouvrir les yeux du Québécois moyen? Malheureusement, je ne le crois pas. Mais, pour ceux qui ont aimé la série, il s’agit d’un film à voir.
Note : 7/10
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