« Sur une échelle de 0 à 6, tu dirais combien? »
Moussa a toujours été doux, altruiste et présent pour sa famille. A l’opposé de son frère Ryad présentateur télé à la grande notoriété qui se voit reprocher son égoïsme par son entourage. Seul Moussa le défend, qui éprouve pour son frère une grande admiration. Un jour Moussa chute et se cogne violemment la tête. Il souffre d’un traumatisme crânien. Méconnaissable, il parle désormais sans filtre et balance à ses proches leurs quatre vérités. Il finit ainsi par se brouiller avec tout le monde, sauf avec Ryad…
Depuis ses débuts en tant qu’acteur en 1987, Roschdy Zem a su se faire une place au sein du monde vaste qu’est le cinéma français. Il a été devant la caméra de grands réalisateurs comme André Téchiné, Xavier Beauvois et Arnaud Desplechin. Ce dernier lui a même permis de recevoir en 2020 le César du meilleur acteur pour Roubaix, une lumière. En plus, lorsqu’il a décidé de se mettre à la réalisation, il a su se construire une filmographie assez diversifiée et reconnue, que ce soit avec des comédies dramatiques (Mauvaise Foi, Bodybuilder), des biopics (Omar m’a tué, Chocolat) et même un remake (Persona non grata). Il s’attaque cependant à un projet plus simple, mais qui reste tout autant personnel avec son plus récent film, Les miens.
Le film a même un aspect autobiographique, car il s’inspire de la véritable vie du frère de Roschdy Zem. Comme son alter ego cinématographique Moussa, celui-ci a reçu un important trauma crânien. Sa personnalité gentille et altruiste a changé pour devenir une personne franche et assez cruelle. Tout cela affectant leurs familles, qui tentent de faire de leur mieux pour aider et qui font face à de nombreux doutes durant cette lourde épreuve. La comparaison ne s’arrête pas là, car le personnage de Ryad, la version cinématographique du réalisateur qu’il interprète lui-même, est aussi une personnalité connue du monde du divertissement. Pour amener cette histoire en film, Roschdy Zem a su compter sur l’aide de Maïwenn, surtout connue pour le film Polisse, qui joue aussi sa petite amie dans le film.
Ce qui frappe en regardant le film, c’est qu’il a un aspect très réaliste. Le film se basant notamment sur un fait réel, il était donc normal de l’intégrer le mieux possible dans la réalité. Ce qui amène des scènes que l’on ne voit pas trop au cinéma, mais qui donne un aspect vraiment intéressant à l’histoire. Les situations semblent directement prises de la réalité et mettent en scène des personnages aux caractères variés et vraisemblables. De plus, certaines scènes montrent des moments qui pourraient facilement nous arriver dans la vie, comme quand un drame familial nous affecte autant chez soi que dans les lieux publics.
Ces scènes ne marcheraient pas si les performances n’étaient pas aussi convaincantes. Maïwenn, malgré sa faible présence, arrive à laisser une marque sur son personnage, Meriem Serbah incarne parfaitement la grande sœur déterminée, Carl Malapa et Nina Zem sont très convaincants malgré leurs jeunes âges et Roschdy Zem offre lui aussi une performance empreinte de justesse. La palme revient cependant à Sami Bouajila dans le rôle de Moussa. Il arrive à passer de la personne altruiste et enjouée à quelqu’un de franc et plutôt désagréable. Il aurait cependant été bien d’allonger la durée du film afin d’avoir plus de scènes avec le Moussa pré-trauma pour mieux voir la différence.
Cependant, mon gros problème avec le film est que de mon point de vue, il n’y a pas grand-chose qui le démarque. Je ne demande pas qu’il ait une esthétique particulière ou bien qu’il soit expérimental, ce n’est pas ce genre de films. Je trouve juste que par rapport à tous les drames français qui sortent chaque année, il n’y a pas réellement une petite étincelle qui le démarque de la masse et qui nous décide à le choisir au lieu d’un autre qui semble plus intéressant. Peut-être à cause de la mise en scène qui est sobre, mais qui garde surtout un côté fonctionnel plus que symbolique. Cette sobriété marche néanmoins à certains moments, notamment lors de la scène du divorce en ligne dans lequel on ressent vraiment la distanciation de ce procédé.
Les miens est un drame français certes traditionnel, mais très sympathique. L’histoire est à la fois originale, prenante et vraisemblable, de quoi nous attacher tout le long du film. Il aurait juste fallu quelque chose de plus pour faire en sorte que le film se démarque totalement et reste longtemps dans les mémoires.
Bande-annonce
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