Damien (Kacey Mottet Klein), 17 ans, fils de militaire, vit avec sa mère médecin (Sandrine Kiberlain), pendant que son père est en mission. Au lycée, il est malmené par un garçon, Tom (Corentin Fila). La violence dont Damien et Tom font preuve l’un envers l’autre va évoluer quand la mère de Damien décide de recueillir Tom sous leur toit.
Quand on a 17 ans, c’est l’âge des découvertes, des premières amours et des premières déceptions. C’est ce que montre André Téchiné dans son film, avec sa propre vision des choses. Avec 12 sélections dans différents festivals, le long métrage nous emmène dans l’univers du lycée. Ces années qui sont souvent bien difficiles. Pour Tom et Damien, deux garçons solitaires – on est loin des caractéristiques habituelles du film d’ados –, ces années de l’adolescence les amèneront à revoir leur point de vue sur la vie.
Découpé en 3 trimestres, le film est monté comme une année scolaire. Lien intéressant entre la vie au lycée et la vie des adolescents.
Damien et Tom sont, ce qu’on pourrait appeler, des mal-aimés. Dans le choix des équipes par des capitaines désignés par l’enseignant dans les cours de sports, ils sont les derniers choisis. Lorsqu’ils rentrent à la maison, ils partent seuls. Sur l’heure du lunch, ils sont aussi seuls. Damien se fait souvent intimider, alors que Tom se fait généralement ignorer.
Téchiné montre bien cette dure réalité, sans trop insister. Les scènes sont bien faites, mais comme il n’insiste pas trop, ça ne tombe pas dans le mélo. Les moments où Tom mange seul dans un vestiaire sont touchants, et les séquences dans lesquelles Damien se fait suivre à l’extérieur montrent bien la réalité des élèves moins populaires. Quiconque a déjà vécu ce genre de chose s’y reconnaîtrait.
Malgré leurs différences, Tom et Damien ont des points communs. Ils vivent tous les deux dans une famille chaleureuse et ont une relation très forte avec leur mère. Nous ne sommes pas habitués à voir ce genre de relations au cinéma. En général, on voit cela dans des films sombres, dans lesquels les relations entre les personnages sont ambiguës. Donc, au début du film, on en vient à se demander s’il n’y a pas un volet caché aux relations entre les mères et leur fils.
C’est amusant cette tendance que nous avons à tout de suite nous imaginer des choses lorsqu’un garçon et sa mère sont proches. Je sais que ce n’est pas aussi fréquent que de voir une fille et sa mère avoir une relation privilégiée, mais tout de même… Peut-être que ce genre de relations fortes entre un garçon et sa mère devrait être montré plus souvent au cinéma.
La relation entre les deux jeunes hommes est tout d’abord caractérisée par sa violence. C’est, au début, le seul langage qui passe entre eux. C’est le genre d’animosité qui ne s’explique pas vraiment. Peut-être qu’elle vient de leur milieu qui est très différent. Tom vient de la montagne. Il marche plus d’une heure dans la neige pour se rendre à l’école, alors que Damien se fait reconduire par sa mère – ou par son père lorsqu’il n’est pas à la guerre – tous les matins. Leur réalité quotidienne très différente les sépare. Damien frime en récitant du Rimbaud, mais c’est Tom qui connaît mieux la sensation de nature évoquée par le poème. Ils vivent une expérience de l’incompatible.
Présenté en compétition officielle lors du dernier Festival de Berlin et projeté à Montréal dans le cadre du Festival de films francophones CINEMANIA, Quand on a 17 ans raconte une réalité parfois dure, tout en réussissant à garder un ton léger. Un film qui mérite d’être vu.
Note : 7.5/10
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