Gabrielle (Marion Cotillard) a grandi dans la petite bourgeoisie agricole où son rêve d’une passion absolue fait scandale. À une époque où l’on destine d’abord les femmes au mariage, elle dérange, on la croit folle. Ses parents la donnent à José (Alex Brendemühl), un ouvrier saisonnier, chargé de faire d’elle une femme respectable. Gabrielle dit ne pas l’aimer, se voit enterrée vivante. Lorsqu’on l’envoie en cure thermale pour soigner ses calculs rénaux, son mal de pierres, un lieutenant blessé dans la guerre d’Indochine, André Sauvage (Louis Garrel), fait renaître en elle cette urgence d’aimer. Ils fuiront ensemble, elle se le jure, et il semble répondre à son désir. Cette fois on ne lui prendra pas ce qu’elle nomme « la chose principale ». Gabrielle veut aller au bout de son rêve.
Mal de pierres de la réalisatrice et actrice Nicole Garcia s’inspire d’un roman de Milena Agus. L’intrigue prenant racine dans les années 1950, la réalisatrice s’est particulièrement intéressée au destin de la protagoniste : « Ce destin de femme incarne pour moi la forme de l’imaginaire, la puissance créatrice dont nous sommes tous capables lorsque nos aspirations, nos sentiments, nous conduisent aux extrémités de nous-mêmes, à notre propre dépassement. »
En refusant de se conformer aux règles sociétales, Gabrielle est considérée comme folle. L’est-elle vraiment? À tout le moins, son désir de vivre de grandes aventures est plus fort que ce qui est attendu pour une femme.
La littérature alimentera aussi l’imaginaire du personnage. Le roman d’Emily Brontë, Les Hauts de Hurlevent, lui apportera son lot de soucis. Lorsque le lieutenant veut lui prêter le livre Propos sur le bonheur d’Alain, elle le met en garde contre ses possibles réactions. Il choisit donc de lui donner. Le lien interartistique me semble ici important. Il faut être acteur de soi-même, de sa vie, et non spectateur, et de ce fait, ne pas attendre d’être heureux, mais provoquer les choses.
Pendant sa cure, Gabrielle espère enfin être maîtresse de son destin et ainsi répondre à ses désirs par une puissante passion. Mais tout n’est pas toujours simple et quelques embauches se mettront sur sa route. À plusieurs reprises pendant le film, Gabrielle vacille, perd pied, et le spectateur est entraîné avec elle. Il faut dire que Marion Cotillard joue admirablement.
Et je dois avouer que j’ai été étonnée par la fin du film. Je ne m’attendais pas du tout à cela. Il est plutôt rare que je sois ainsi surprise.
Mal de pierres, ou quand l’amour et la folie se côtoient, qui se mêlent et se démêlent, quand on n’attend plus rien de la vie et qu’on s’autorise à être surpris et heureux de nouveau, quand on donne une seconde chance au bonheur. Ce sont là autant d’ingrédients pour créer un univers où les émotions sont de véritables montagnes russes.
Le film sera présenté ce jeudi à 20 h, au Cinéma Impérial, en ouverture du Festival de films Cinemania. Nicole Garcia est l’invitée d’honneur du festival. Mal de pierres prendra l’affiche dans différentes salles le 4 novembre.
Note : 8/10
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