« En 2012, la jeunesse blanche du Québec qui n’a pas connu de répression de masse depuis les années 60 et 70 subit une violence policière qu’on inflige quotidiennement aux Premières Nations et aux personnes racisées vivant sur le territoire. »
À l’aide d’images provenant de sources amateurs et professionnelles, 2012/Dans le cœur nous plonge dans l’intensité de manifestations et émeutes de la grève étudiante de 2012. Si le film nous met face à la brutalité de la police, il rappelle aussi la puissance de ce moment historique qui a fait vaciller les pouvoirs politiques et médiatiques au Québec. Accompagnée d’une narration sans compromis à laquelle Safia Nolin prête sa voix, cette œuvre ravive la flamme qui a marqué toute une génération et pose la question de ce qui demeure, dix ans plus tard, de ce printemps fulgurant.
Avec 2012/Dans le cœur, Rodrigue Jean et Arnaud Valada proposent un documentaire qui ressemble plus à du chialage d’ado qu’à un réel documentaire sur 2012. Disons que c’est une belle occasion ratée.
2012/Dans le cœur marque le 10e anniversaire du grand mouvement politique et social ayant accompagné la grève étudiante de 2012 au Québec. Trois événements sont au centre du documentaire : la manifestation au Salon du Plan Nord à Montréal, l’émeute au Congrès du Parti libéral à Victoriaville et les rassemblements en juin et juillet 2012 à Montréal en défiance à des lois d’exception.
La recherche et la sélection des pièces d’archives constituant le film a certainement été un long et pénible travail. Mais le résultat n’est pas très réussi. En fait, si on voulait invalider le mouvement, on n’aurait pas pu faire mieux. J’ai moi-même été un grand défenseur du mouvement de 2012. J’ai toujours dit, d’ailleurs, que le mouvement s’est arrêté au moment où il devenait réellement utile pour la société québécoise. On voit bien, 10 ans après, que peu de gains ont été réellement faits.
Mais revenons aux images… Ce qui ressort de ce film, c’est surtout l’impression que le mouvement était l’affaire d’un groupe de cinglés qui ne voulait que défier l’autorité. On ne voit aucunement le côté social de la chose. En fait, si je n’avais pas été présent et bien informé en 2012, après avoir vu 2012/Dans le cœur j’aurais tendance à prendre le côté du gouvernement. On y voit des jeunes qui détruisent des édifices municipaux, qui s’attaquent aux journalistes et qui n’ont rien à dire d’intelligent.
J’irais même plus loin. La narration donne l’impression que ce film a été fait par un ado frustré parce qu’on lui a dit non. On dirait que le film a été fait par deux personnes qui n’ont pas accepté ce qui s’était passé en 2012 et qui ont décidé de bouder et de dire à tout le monde qu’ils sont fâchés.
Ce n’est pas seulement le texte qui donne cette impression. C’est surtout le ton. La narration, faite par Safia Nolin, me rappelle vraiment la façon de parler de mon enfant de 5 ans lorsque je lui refuse quelque chose qu’il voulait.
Il y a aussi l’ajout des idées concernant la défense des gens racisés et des autochtones. On dirait vraiment que la scénariste cherchait une justification aux violences qu’on voyait à l’écran. Cela discrédite encore plus le mouvement.
2012/Dans le cœur montre une série d’images tant professionnelles qu’amateurs, qui servent à montrer les violences policières. Mais au final, ce qui en ressort, c’est surtout la violence provenant des manifestants.
Disons que ce film serait parfait dans un cours de cinéma pour démontrer quoi ne pas faire lorsqu’on fait un documentaire. Si vous êtes de ceux qui voulaient faire avancer la société québécoise, en 2012, n’allez surtout pas voir ce film. Vous risquez d’être bien déçu en voyant ce qui en ressort.
Bande-annonce
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