Stefie (Étienne Galloy), un adolescent tragiquement banal et solitaire, est recruté par Jean-Sé (Simon Pigeon), Martin (Alexandre Lavigne) et Léa (Constance Massicotte) pour filmer leurs mauvais coups quotidiens à l’aide de son téléphone portable. Les quatre acolytes décident de monter un coup qui dépasse l’ampleur de leurs réalisations précédentes. Mais cette fois, qui sera la victime?
Prank de Vincent Biron est un film sur l’amitié, le passage à l’âge adulte et la perte de l’innocence. Le tout est présenté avec humour, mais montre aussi les rapports de force d’un jeune face au leader de la bande, ainsi que la cruauté dont ils peuvent faire preuve les uns avec les autres.
Je ne peux m’empêcher de noter le registre de langue. Je ne suis qu’au début de la trentaine, mais j’étais parfois complètement dépassée face aux expressions qu’ils employaient. Les allusions sexuelles sont des plus imagées. Ceci étant dit, ça cadre tout à fait avec ce qui est présenté et avec ceux qu’ils représentent.
Jean-Sé aime raconter à Stefie les films d’action et d’arts martiaux qu’il a vus. Il lui donne plein de détails sur les combats, principalement la grosseur des armes (c’est important!) et les coups qui sont donnés. Pour accompagner ces récits, le réalisateur insère des dessins colorés qui représentent les scènes décrites des films. Cela ajoute un petit quelque chose d’intéressant, je dois dire.
La violence est ainsi valorisée par ces jeunes, qui sont en contrepartie choqués face à d’autres sujets tout à fait naturels tels que l’allaitement. Le jus de sein d’une femme, c’est dégueu, du moins c’est là l’opinion de Jean-Sé.
Stefie vient tout juste de se joindre à la bande, lui qui était plutôt solitaire. Plus sage et timide, il se fait souvent niaiser par Martin. Léa, la blonde de Martin, s’amuse aussi à ses dépens, mais Stefie est tellement sous son charme qu’il encaisse presque toutes les critiques qu’elle peut lui faire.
Martin est l’exemple type du con (du bon con, comme dirait Jean-Sé) qui a tout de même du succès auprès des filles. Peu importe ce qu’il dit ou fait, Léa revient vers lui. Les adolescentes aiment le plus souvent les bad boys, au grand désespoir de Stefie qui tente de comprendre pourquoi les gentils garçons n’ont pas la cote.
La bande entraîne Stefie dans leurs mauvais coups, l’encourage à se dégourdir un peu. Mais les coups ne finissent pas toujours comme prévu, et Stefie doit plus que les autres subir les conséquences. Après un moment, il commence à trouver ça un peu moins drôle devenant lui aussi victime dans cette affaire.
Ce film a des airs avec les films de Larry Clark (Kids). On montre ainsi des rapports adolescents d’une façon réaliste, brutale et crue (le sexe en moins, dans le cas de Biron). L’adolescence est une période difficile, pleine de changements tant physiques que psychologiques, durant laquelle on cherche à se faire accepter.
Prank montre bien, il me semble, une réalité adolescente plutôt trash qui nous fait apprécier d’être devenu adulte.
Note : 7,5/10
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