Lors des RVQC le week-end dernier, c’était l’occasion de visionner Croque-mort, c’est beau la vie!, un documentaire acadien de Georges Hannan accompagné de la projection de: Les Entremailles d’Ariel St-Louis Lamoureux et Upstairs with David Amrahn d’Alanis Obomsawin.
Dans les tréfonds de la nuit, lorsque les ténèbres règnent en maîtresses absolues, se tapissent des ombres mystérieuses, des créatures inquiétantes, des âmes égarées. Dans cette obscurité sans fin, des histoires surgissent, des récits lugubres qui parlent de la vie et de la mort. Parmi ces histoires, il y a celles qui racontent l’univers des artisans du deuil, les gardiens de l’ombre, les croque-morts. Croque-mort, c’est beau la vie de Georges Hannan,
est une œuvre qui révèle les coulisses de l’industrie funéraire, un monde tabou et méconnu, où règne une ambiance mystérieuse et captivante. Le réalisateur réussit à démystifier ce métier souvent perçu comme sinistre et à nous montrer que les croque-morts sont bien plus que de simples gardiens de l’ombre.
Alors que notre société, de plus en plus individualiste, abandonne les anciens rituels, comment donner un sens à la mort, comment faire le deuil, comment préserver le souvenir?
Le documentaire est très bien construit, alternant sérieux et légèreté. Les gardiens de l’ombre se confient avec une désarmante candeur et soulèvent des questions plus que jamais essentielles. Comment donner un sens à la mort? Comment faire le deuil? Comment préserver le souvenir? Les croque-morts sont des philosophes attachants, fins observateurs de la vie. Ce sont des passeurs qui nous livrent une vérité qui traverse le temps : « la mort, si elle ne s’explique pas, permet au moins de comprendre la vie ». Leur grande sensibilité nous transporte vers une beauté insoupçonnée, une mort un peu plus clinique et un métier comme un autre.
Une beauté insoupçonnée dans la mort et dans le travail des croque-morts
D’un point de vue tout à fait objectif, on constate que le véritable point fort de ce documentaire est la sensibilité et la justesse dans la représentation de ce métier au nom peu glorieux. Le son et la musique y prennent également une place importante. Les analogies du réalisateur face à ce métier sont également très intéressantes, notamment la comparaison récurrente avec les mécaniciens automobiles. Le documentaire montre l’envers de la mort et démontre que les croque-morts sont avant tout des êtres humains dotés d’une grande sensibilité. Malgré tout, un seul point noir semble surgir à l’horizon : ce documentaire aurait pu creuser un peu plus en profondeur tous les aspects de ce métier, encore un peu trop dans la pénombre. Les réponses aux questions posées sont parfois esquissées sans être approfondies réellement.
Ce qui nous amène à dire que ce documentaire a réussi à aborder des sujets complexes avec subtilité et humour. Croque-mort, c’est beau la vie est une œuvre touchante et poétique qui réussit à donner une voix à une profession souvent méconnue. C’est un appel à la découverte d’un monde fascinant et à la réflexion sur notre propre rapport à la mort. Les croque-morts nous livrent une vérité intemporelle qui nous invite à réfléchir sur notre rapport à la mort et sur les moyens de lui donner un sens dans notre société individualiste.
Le saviez-vous? On estime que ce terme apparu au 18e siècle viendrait d’une tradition où la personne en charge des cadavres devait croquer le gros orteil du défunt pour s’assurer qu’il était bien mort. Cette légende urbaine n’a bien évidemment jamais été vérifiée et il semblerait que la véritable étymologie de ce terme provient du vieux français, « croquer » voulant dire autrefois « faire disparaître ».
