Cela fait 20 ans cette année qu’est décédée Marguerite Duras, célèbre écrivaine, dramaturge, scénariste et cinéaste. Le premier contact que j’ai eu avec son œuvre a été par le scénario d’Hiroshima mon amour, qu’Alain Renais a réalisé en 1959. Un film magnifique, et un scénario qui mérite d’être lu.
Marguerite, telle qu’en elle-même (2002) est un film de Dominique Auvray, une monteuse ayant travaillé avec Duras. J’ai vu par hasard que le film était disponible en ligne cette semaine (du 7 au 13 août 2016), gratuitement, sur le site du CiNéMa Club. Et j’ai bien fait de le regarder.
On entend dans ce film la voix de Marguerite Duras de par les nombreuses entrevues qu’elle a accordées, de même que celle de Jeanne Balibar qui lit notamment des extraits des textes de l’écrivaine. Plusieurs sujets, qui font partie de l’œuvre de Duras, y sont abordés : relation mère-fille, maternité, politique, etc.
Quelques phrases de Duras m’ont particulièrement touchée, dont celles-ci, sur la maternité : « C’est le seul amour que je connaisse comme étant inconditionnel, absolument. Et c’est très bien. C’est celui qui ne cesse jamais, qui est à l’abri de toutes les intempéries. Il n’y a rien à faire, c’est une calamité. » Une calamité parce qu’il est monstrueux, à sa manière. Et elle parle d’une façon très imagée de l’accouchement : « L’accouchement, je le vois comme une culpabilité. Comme si on lâchait l’enfant, qu’on l’abandonne. »
Son rapport à la mère est aussi longuement abordé. Elle parle de cette femme qui a vécu en Indochine, qui y a élevé ses enfants tout en souhaitant qu’ils conservent leurs origines françaises – Marguerite Duras se percevait comme l’une des indigènes, elle qui a grandi au Vietnam, et elle en était très fière. Après avoir amassé son argent pendant 20 ans, sa mère s’est acheté une terre au Cambodge, mais, en quelques semaines, a tout perdu. Elle se mourait de colère et d’indignation, ce qui a grandement marqué sa fille.
Duras mettra en scène sa mère, donnera vie dans ses textes à cette femme qui a préféré son premier fils à ses deux autres enfants, aux dires de l’écrivaine toujours.
Duras présente ses opinions politiques, se revendiquant communisme. Elle s’indigne devant la misère humaine, souffre des actes cruels dirigés contre l’humanité comme ce fut le cas durant la Seconde Guerre avec les Juifs. Elle affirme que sa dernière pensée avant sa mort sera pour tous ceux qui ont souffert. L’injustice lui est intolérable, comme elle le dira elle-même dans ses différents articles.
Elle parle évidemment de son écriture, du fait que l’on n’écrit jamais seul, toujours accompagné des mots des autres. Sa propre expérience ne peut que surgir dans ses textes puisqu’« on est hanté par son vécu » et qu’« il faut le laisser faire ».
Elle fait aussi état des différences entre les hommes et les femmes. De la tristesse propre à la femme, et de son rapport à la sorcellerie.
Marguerite, telle qu’en elle-même est un portrait de la femme et de l’artiste. Le film nous fait plonger tête première dans son univers, que l’on retrouve dans ses œuvres.
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Je devais trouver des infos sur ce sujet, c’est chose faite, merci beaucoup