« …and if we don’t fight back, if we don’t organise, as a community, that’s how we’re gonna lose everything. »
[… Et si nous ne ripostons pas, si nous ne nous organisons pas, en tant que communauté, c’est comme ça que nous allons tout perdre.]
Big Fight in Little Chinatown dénonce les tentatives d’évictions que subissent les communautés chinoises et documente les luttes collectives pour sauver les quartiers chinois à travers l’Amérique du Nord.
Avec son plus récent documentaire, présenté devant une foule monstre aux RIDM ce jeudi, Karen Cho suit les communautés de Chinatown qui résistent aux pressions qui les entourent afin de dénoncer les injustices qui les menacent génération après génération.
Les premières vagues d’immigrants chinois se sont fait lors de la construction des chemins de fers tant au Canada, qu’aux États-Unis. Cela fait d’eux les plus anciennes communautés immigrantes du pays, après… les Européens. Et malgré que ces communautés sont installées ici depuis près de 200 ans, ils sont encore victimes de racisme et menacées de se faire pousser toujours un peu plus loin.
Avec la Covid19, la situation c’est aggravée alors que le racisme envers les asiatiques a explosé. Beaucoup de « blancs » non éduqués se sont mis à les attaquer et à leur dire de retourner chez eux. Alors que, pour une grande quantité d’entre eux, chez eux a toujours été en Amérique.
Partout dans le monde, les quartiers chinois sont menacés de disparition — et avec eux, la riche histoire des communautés qui se sont battues depuis les marges pour un lieu d’appartenance. C’est dans l’idée de documenter ces combats (et d’amener plus d’alliés à participer) que Karen Cho a paqueté son balluchon afin de parcourir l’Amérique d’un bout à l’autre.
D’un océan à l’autre, le film suit les communautés des divers Chinatown qui résistent aux pressions qui les entourent. À New York, c’est la construction de la plus grande prison verticale au monde. À Montréal, c’est contre les promoteurs immobiliers qui engloutissent le bloc le plus historique de leur quartier chinois (et partout dans les autres quartiers d’ailleurs — ce qui a été relevé par May Chiu, une des intervenantes lors de la table ronde).
À Toronto, l’ennemi est plutôt les chaînes de grandes surfaces et les forces d’embourgeoisement qui déplacent la communauté toujours un peu plus loin du centre. Puis, on nous présente, à Vancouver, une entreprise du quartier chinois qui tient fermement le flambeau.
Tout ça nous est présenté grâce à des entrevues avec des personnalités importantes de chaque communauté chinoise. Les intervenants ont bien été choisis : ils sont sympathiques, résolus, et souvent touchants. Il faut noter, d’ailleurs, que nous ne sommes pas en présence d’un documentaire objectif, mais plus d’un film militant. Cela étant dit, la cause que porte Big Fight in Little Chinatown va souvent bien au-delà de la sauvegarde de la place que tiennent les gens d’origine chinoise. C’est de montrer comment les gouvernements chassent, toujours un peu plus loin, les habitants moins fortunés des quartiers centraux afin de faire place aux riches et aux entreprises qui amènent du « gros argent sale ».
Big Fight in Little Chinatown est une histoire de résistance et de résilience communautaires. Dans le contexte de la pandémie de Covid et d’une montée sans précédent du racisme antiasiatique, le documentaire nous emmène dans la vie de résidents, d’entreprises et d’organisateurs communautaires dont les quartiers sont confrontés à un effacement actif.
Et surtout, n’allez pas croire que ce film ne s’adresse qu’aux Asiatiques. Il s’adresse à tout le monde. Mais attention, il pourrait vous amener à une prise de conscience…
Big Fight in Little Chinatown est présenté aux RIDM, les 24 et 26 névembre 2022.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième