Je me penche maintenant sur le programme 4 des Nouveaux alchimistes. Cette fois-ci, ce sont 7 films en provenance du Canada, de la Suisse, du Japon, de l’Argentine, des Philippines et de la France.
Un audio Whatsapp démarre et avec, une spirale infernale suit. La voix d’une femme troublée par son hypocondrie s’emmêle rapidement à un complexe labyrinthe de peurs. Une exploration hypnotique de l’enfance et de la famille, des solitudes qui peuvent s’y associer.
Ici, la réalisatrice propose une œuvre qui se veut sensorielle, mais qui échoue. Les témoignages sont un peu garrochés et, donc, le spectateur a de la difficulté à accrocher, à comprendre la détresse des interlocuteurs. Les deux premiers témoignages, en anglais, tombent à plat. Heureusement, il y a ces deux témoignages en suédois; un jeune garçon et une femme. Ces deux parties permettent au spectateur de comprendre un peu mieux le syndrome labyrinthe de la peur.
Les images montrent bien la distorsion de la réalité que voient les gens qui souffrent de ces deux maladies. Les images en rouge sont surtout efficaces, alors que le cerf ajoute aussi un petit quelque chose afin de faire comprendre la thématique au spectateur.
Mais au final, The Spiral est un film un peu brouillon qui ne réussit pas à bien mettre en valeur son sujet.
La fin du monde est proche et des grenouilles tombent du ciel. Maya est forcée de retourner dans la maison de son enfance, mais elle ne se sent plus chez elle. Être obligée de rester seule est une torture, ses souvenirs se condensent de plus en plus en un rêve irréel.
Ampangabagat Nin Talakba Ha Likol a probablement été inspiré par les difficultés vécues avec les multiples confinements pendant la pandémie. Ces moments prolongés d’isolation ont probablement été particulièrement difficiles pour ces gens de culture très sociale. Les Filipino vivent en communauté, en famille élargie, en groupement par village. Du coup, être isolé des autres prend une tout autre signification.
Ce court métrage se démarque par sa créativité. La pluie de grenouilles n’est pas une première, mais celle-ci se poursuit tout au long du film, avec les sons de grenouilles qui ne cessent. En parallèle, il y a le personnage de Maya qui disparait tranquillement. Tout d’abord, son visage fond, puis le reste de son corps se consume, tels le temps qui passe et la solitude qui fait ses dégâts.
En ajoutant des animations en stop motion, la réalisatrice ajoute une seconde couche permettant d’expliquer la situation aux spectateurs. Il s’agit probablement du film filipino le plus créatif que j’ai vu. Une belle réussite.
Souvenirs fragmentés d’une voyeuse en 3 chapitres :
« J’ai grandi », mais je chute toujours. « L’épieur » qui perd pied. « Memory » et régression.
Ce film en 3 poèmes laisse perplexe. En le divisant en 3, et en mettant un générique à la fin de chaque partie, le montage donne l’impression qu’il s’agit simplement de 3 films mis bout à bout afin de le rendre plus long.
L’idée d’avoir filmé en argentique me semble judicieuse. Avec la poésie et les images qui semblent sorties d’une autre époque, cette image plus granuleuse est parfaite. Les textes sont… quelque peu spéciaux. On passe beaucoup de temps à parler de poils et à en faire tant l’apologie qu’à le dénigrer. Dans J’ai grandi, le texte met en opposition l’apparition du poil qui signifie que l’homme et la femme deviennent adultes, avec le désir de le faire disparaitre à mesure qu’on vieilli une fois que ce poil est apparu.
Le deuxième film est beaucoup plus court et semble moins achevé. L’idée du poil est toujours là, mais aussi celle de la peau que l’on cache et que l’on veut voir. Le dernier poème est beaucoup moins touchant et on l’a oublié aussitôt le film terminé.
Sous la forme d’un conte rebelle, un homard, un chat et un chevreuil font face à un humain. Parfois ici et parfois là, ce dernier cherche la connexion à l’autre. Confrontés à l’impossibilité de s’entendre, animaux et humains se rejettent. Quelle déception. La solution se trouvera dans le partage d’une pomme sur la route du soleil.
Quel étrange et plaisant petit film philosophique. Aquilino à choisi d’illustrer son récit à l’aide de dessins de style naïf, représentant bien ce genre de naïveté volontaire dont fait parfois preuve l’humain lorsque vient le temps de tuer un animal ou de garder quelque chose pour soi.
Il s’agit probablement du film le plus mignon parmi les films un peu plus difficiles à comprendre. À voir à 2 pour pouvoir ensuite philosopher.
Une cascadeuse est victime d’un accident de voiture explosif qui transformera son quotidien. Comme un phénix, elle se trouve prisonnière d’un cycle vicieux de réincarnations.
Olivia Lathullière offre un film original, réfléchi et bien fait. Elle redéfinit le concept de film expérimental.
La technique est spéciale. La réalisatrice mélange des petites voitures qu’elle déplace à l’aide de ficelles, à des images tournées avec une actrice. Mais les images ne se mélangent pas ensemble. Elles sont plutôt alternées. Par moment on a les cascades avec la voiture rouge en jouets, ou encore la caravane rose en jouet, alors qu’à d’autres on a l’actrice qui pose les actions qui demandent plus de précision ou qui demandent de voir le visage. Puis elle sort du cadre pour nous ramener à l’action avec les petites voitures.
C’est la première fois que je vois ce genre d’alternance et cette façon d’animer les objets inanimés. Si on ajoute à ça la musique particulièrement entraînante, on se retrouve avec un film enflammé. D’ailleurs, la réalisatrice a inséré plusieurs clichés mettant en lien les concepts de flammes et de vol.
Clairement un film à voir!
Fatiguée des hommes, une femme entreprend un voyage aussi sensuel que psychédélique avec des amis… peu ordinaires.
Ce très court film animé montre comment les hommes sont souvent leur pire ennemi lorsque vient le temps de séduire une femme. Ici, c’est en poussant sa langue beaucoup trop rapidement dans la bouche de la femme qu’il la repousse et… se fait arracher la langue. S’ensuit une étrange, mais magnifique séquence dans laquelle la femme utilise les langues qu’elle a collectées avec le temps afin de se faire plaisir. Telle une sangsue, la langue glisse lentement vers l’entre-jambe de la femme.
Le tout est montré avec classe et originalité. Un beau film d’animation que je vous suggère vivement!
Ce film rend hommage au corps masculin et l’obsession que le cinéaste cultive pour ce dernier. À travers une série d’images récoltées sur le web et ailleurs, notre obsession culturelle pour les standards de beauté irréalistes est remise en question.
Le thème de la recherche du corps parfait est souvent abordé d’un point de vue féminin. Depuis longtemps, les femmes se font lancer des images de ce qu’est un corps parfait. Et plus on sait que c’est problématique et qu’on devrait changer les choses, plus ce problème d’image du corps parfait pollue aussi la vie des garçons et des hommes. Alberto Gonzalez Morales s’attaque à ce sujet dans son court métrage. Il réussit habilement à montrer le problème grâce à des images qu’il a trouvées ici et là, et à quelques séquences qu’il a lui-même concoctées.
Dans un monde où on tente de responsabiliser les gens et les publicitaires à agir de façon saine et responsable, ce film trouve toute sa pertinence. Ne le manquez pas!
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