« Non, c’est pas ça, moi, je les aime bien tes poils,
mais c’est juste que je vois même plus les sous-titres
quand t’es à côté de moi! »
Cinq amis d’enfance rêvent depuis toujours d’habiter en colocation. Lorsque l’occasion d’emménager ensemble se présente, Julia (Margot Bancilhon), Vadim (Igor Gotesman), Nestor (Idrissa Hanrot) et Timothée (François Civil) n’hésitent pas une seule seconde, surtout quand Samuel (Pierre Niney) se propose de payer la moitié du loyer! À peine installés, Samuel se retrouve sur la paille, mais décide de ne rien dire aux autres et d’assumer sa part en se mettant à vendre de l’herbe. Mais n’est pas dealer qui veut et quand tout dégénère, Samuel n’a d’autre choix que de se tourner vers la seule famille qu’il lui reste : ses amis!
Five d’Igor Gotesman sera présenté ce soir en avant-première au Festival international de films Fantasia, avant de prendre l’affiche le vendredi 15 juillet. Five (oui, oui, c’est bien un film français), c’est l’univers d’un groupe dans la mi-vingtaine, avec ses codes, ses habitudes et son propre langage. Une comédie, mais aussi un film qui parle d’une génération et de ses façons de voir la vie.
« Après, à 25 ans, il y a une sorte de ventre mou, tout le monde est à un moment différent de sa vie, certains travaillent déjà, d’autres changent d’orientation ou galèrent dans leur branche. Il n’y a pas de rites de passage qui m’auraient aidé à écrire une chronique, il n’y a pas le bac comme à 18 ans, alors il fallait que je trouve une problématique qui allait jouer comme un accélérateur de particules, d’où l’histoire du “deal” et de la drogue à écouler. » Voici comment le réalisateur (Igor Gotesman) résume son film.
Five, c’est aussi un film authentique sur l’amitié. Cinq amis ayant pour rêve de vivre ensemble depuis qu’ils sont ados! Évidemment, il doit y avoir un truc qui cloche afin de lancer cette comédie particulièrement bien réussie. Contrairement à ce qu’on voit souvent dans ce genre de films, l’histoire n’est pas là afin de justifier des gags. La partie amusante est plutôt une excuse pour parler des relations d’amitié. D’ailleurs, Gotesman, Civil et Niney sont de grands amis dans la vie.
Dans ce film qui rappelle L’Auberge espagnole, on suit ces 5 amis qui sont tous assez différents, mais qui ont grandi ensemble depuis qu’ils ont 5 ans. Malgré leurs grandes différences, ils sont liés par un passé riche et un but commun : vivre en collocation. Bon. Pour un Québécois, il peut sembler étrange d’avoir un rêve de vivre en collocation à 25 ans. Mais en France, il n’est pas rare que les collocations se poursuivent une fois les études terminées.
Five, c’est aussi un film avec un style travaillé. Le réalisateur dit s’être battu pour tourner en scope avec de vrais objectifs anamorphiques. Comme c’est plus compliqué – les objectifs étant moins lumineux –, il a dû travailler fort afin de justifier son choix aux producteurs. Il a aussi misé sur un long plan-séquence dans une scène où Sam et Tim prennent de l’ecstasy. Ce pour quoi il a fait venir une grue de Belgique, une « tower cam », qui monte et tourne en même temps.
Five, c’est aussi cinq personnages :
Samuel, le fils de riche qui fait croire à son père qu’il poursuit des études afin de devenir docteur, alors qu’il essaie de percer dans le théâtre. Il est du genre à tellement vouloir que les gens l’aiment, qu’il ne réalise pas qu’il serait mieux de dire la vérité plutôt que d’inventer toutes sortes d’histoires à ses potes. Il a un problème de confiance en lui, il a peur de perdre les gens qu’il aime et de les décevoir, alors il ne fait pas forcément les bons choix.
Timothée, le sympathique fumeur de pot qui ne sait pas ce qu’il veut faire de sa vie, malgré un grand talent de cuisinier. Il est possiblement le plus attachant des 5. Il est ce genre de type qui peut s’en sortir avec n’importe quelle réplique. On peut tout lui pardonner. Par exemple, il peut s’en tirer même en disant « Ça c’est de la mamelle, ça me donne envie de les presser, d’en extraire le lait. Je te concocte un fromage de femme avec ça, mais goûteux le truc. » Il est surtout très vrai.
Vadim, c’est le mec rationnel, le plus angoissé et, qui plus est, hypocondriaque. Il peut adorer un ami et en même temps, s’il le voit débarquer avec un cadavre dans le coffre, sa première réaction va être de flipper et de penser aux conséquences.
Nestor, c’est le tombeur. Celui que les jeunes hommes regardent tous avec admiration, et celui avec qui toutes les filles veulent coucher. C’est aussi le plus indépendant du groupe. Il parle peu, mais il est un ami fidèle. Il est celui sur qui on peut et on veut compter.
Et Julia, c’est la fille dont tous les hommes rêvent. Elle est belle, mais elle est aussi « tough » que les gars. Elle est celle que les 4 gars regardent comme une intouchable. Bien qu’ils la trouvent tous attirante, elle ne peut pas être une conquête. Elle est hors limite. Elle est « one of the boys ».
Five, c’est un film sur la jeunesse, sur l’amitié, écrit et réalisé par quelqu’un faisant réellement partie de ce groupe d’âge. Pour une fois, ce n’est pas un homme de 50 ans qui met ses mots dans la bouche de jeunes hommes de 25 ans.
Five, c’est un super film d’été qui vous fera rire et réfléchir sur la génération qui s’apprête à diriger le monde.
Note : 7/10
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