« Tu aimerais retrouver ta fille, c’est ça? »
Rumba la vie raconte l’existence d’un gars dans la cinquantaine, chauffeur d’autobus scolaire et célibataire. Il a laissé femme et bébé fillette une vingtaine d’années auparavant pour un rêve d’Amérique qui ne s’est jamais concrétisé. Suite à une crise cardiaque, Tony (Frank Dubosc) tente de se rattraper et essaie de reprendre contact avec sa fille (Louna Espinosa), dans la vingtaine et devenue une superbe professeure de danse de salon.
On a connu Franck Dubosc comme comique, humoriste. On savait qu’il avait du potentiel et beaucoup de charme. Au cours des années, Dubosc est devenu un homme-orchestre. Il joue, écrit, dirige et réalise ses films depuis Tout le monde debout (2018). On l’avait remarqué comme acteur dans Camping 1, 2 et 3, dans Disco et aussi dans Bienvenue à bord.
Il a parfois le regard d’Alain Delon, plus jeune.
Dubosc a évité de faire de Rumba la vie un film sur la danse. La danse y joue un rôle essentiel, mais n’est pas le pourquoi de son film. Plutôt le comment.
Il a parsemé ses dialogues de petites perles de réflexion comme de voir la vie dans un rétroviseur (il est chauffeur d’autobus). Il s’amuse avec les enfants qu’il transporte en leur donnant des fausses leçons d’anglais comme « Son of a bitch » devient « Soleil sur la plage! »
Jean-Pierre Darroussin (Gilles) joue aussi un rôle important dans la vie de Tony. Il est son grand et peut-être seul ami. Mais Tony refuse de le voir ainsi, car c’est sa propre vie minable qu’il devrait reconnaître s’il faisait face à la réalité.
La rencontre du père avec sa fille prend une dimension comique parce que Tony est conseillé par sa voisine Fanny (Marie-Philomène Nga) qui en met plein la vue. Cette comédienne illumine les scènes par sa présence formidable. Il doit la reconquérir en s’inscrivant incognito à son cours de danse.
Pourtant, Rumba la vie est un film triste. Franck Dubosc est un clown triste. Si on fait le lien avec Tout le monde debout, un film tout aussi réussi que celui-ci, on constate un Dubosc triste et « looser ». La finale de Rumba nous ramène dans la tête de Tony qui est en mode rattrapage. Sa fille n’est plus la belle jeune femme qu’elle est devenue, mais une petite fille de 5 ans avec laquelle il danse enfin.
Je pense qu’il est toujours assez dangereux de se mettre soi-même en scène dans un film. D’autres l’ont fait mieux ou pire, mais Dubosc semble au mieux réussir à se mettre l’âme à nu et ça donne plutôt une belle tristesse.
À souligner, la présence de Michel Houellebecq dans le rôle du médecin.
Rumba la vie est un film à voir pour ses acteurs. Avec une fin que l’on aurait pu voir venir comme un Rocky triomphal, mais Franck Dubosc a eu l’honnêteté de se montrer tel qu’il est. Un clown triste.
Bande-annonce
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