«Tu as dû rapporter le mauvais sort de l’enterrement. »
Woo-jin (Seo Hyun-Woo), qui vient de devenir père d’un nouveau-né, apprend que Se-young, avec qui il était sorti il y a un certain temps, est décédé. Il se rend à ses funérailles sans le dire à sa femme (Sim Eun-Woo) et tombe sur Ye-young (Ryu Seon-Young), la sœur jumelle de Se-young. Suite à cette rencontre, Woo-jin et sa famille vivent une série d’horribles malheurs.
Avec Seire, Kang Park propose une première réalisation dirigée de main de maître où l’atmosphère reste oppressante d’un générique à l’autre. Le film est basé sur une croyance populaire que l’on appelle Seire (세이레).
Seire est la période de vingt et un jours pendant laquelle les gens sont censés faire très attention à leurs comportements et où les étrangers ne sont pas autorisés à visiter la maison afin de protéger un nouveau-né de la malchance. Le film Seire part de l’idée de cette croyance populaire.
Ici, deux formes de pensées s’affrontent : la pensée rationnelle et scientifique de Woo-Jin, contre les croyances traditionnelles de sa femme (et de sa mère). Ces croyances peuvent sembler ridicules pour certaines, mais pour d’autres, elles ont de l’importance. Le réalisateur montre bien à quel point Seire est important pour la jeune maman. Des talismans sont accrochés au dessus des portes, elle refuse que quiconque entre chez elle et elle insiste pour que son mari respecte toutes les règles de cette tradition. Mais lui, il n’en a rien à foutre.
Une des choses que l’on ne doit surtout pas faire est d’aller à des funérailles pendant cette période. Elle voudrait que son mari se contente d’envoyer de l’argent de condoléances. Mais il décide tout de même d’y aller, en secret, afin de faire ses adieux à son ancienne flamme.
Il semblerait que c’était une grave erreur…
Seire est un film qui mise sur une tension constante, une musique minimaliste qui apporte énormément à l’ensemble, des interprètes au jeu solide et nuancé, et une mise en scène méticuleuse.
En effet, la tension est palpable dès le premier plan. On a rapidement l’impression que quelque chose cloche au sein du couple central, mais surtout dans la tête de Woo-Jin. Afin de rendre les rêves et hallucinations mentales du mari, le réalisateur utilise une technique « à la Fellini » où il ne donne aucune indication à savoir si la scène est réelle, ou dans la tête de l’homme. C’est à mesure que le film progresse que le spectateur en vient à faire la différence en réel et fantasme.
Les rêves et la réalité finiront par se mélanger à mesure que Woo-Jin s’entêtera à résister à sa femme et qu’il poursuivra ses visites au salon funéraire. Le rythme lent et la musique utilisée avec parcimonie rendent la tension presque insupportable. On en vient à en vouloir au mari de poursuivre dans son entêtement.
On ajoute à ça un scénario solide et une mise en scène impeccable.
Malgré un budget limité, Park réussit à créer un film impeccable. Une œuvre que l’on pourrait qualifier de drame d’horreur. Il semble que la parentalité soit omniprésente à Fantasia cette année. En tout cas, elle l’est parmi la sélection de films que j’ai vus. Et clairement, l’idée d’être parent est un sujet riche en horreur et en frayeur. Est-ce que l’incertitude des dernières années y est pour quelque chose? La question se pose.
En attendant d’avoir la réponse, allez voir ce film!
Seire est présenté au festival Fantasia le 31 juillet et le 3 août 2022.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième