Hagit (Moran Rosenblatt), une jeune femme de talent avec une déficience mentale légère vit avec sa mère Sara (Assi Levi), une mère divorcée, dans une petite ville de banlieue dans le désert. Elle a un travail à temps partiel dans une usine de papier de toilette et aspire à être indépendante. Sa mère, qui a abandonné ses rêves, travaille comme femme de chambre dans un hôtel et sa vie se résume à prendre soin de sa fille. Le plus grand rêve de Hagit est de se marier. Secrètement, elle est en amour avec le fils du propriétaire de l’usine, qui tombe peu à peu amoureux d’elle. Dans son esprit, elle croit qu’un jour, ils se marieront. L’annonce de la fermeture de l’usine secoue la vie de Hagit et Sara et met ainsi en péril l’histoire d’amour de Hagit.
Peut-être avez-vous eu la même réaction que moi en lisant le synopsis de Wedding Doll : « pas encore un film à propos d’une personne avec un handicap mental qui veut vivre par elle-même! » Je sais, et je vous comprends. Le thème semble épuisé. Un sujet déjà utilisé autant chez nos voisins du sud (I am Sam, Nell) qu’au Québec (Gabrielle) ou qu’en Europe (Le huitième jour). Mais il semble que Nitzan Gilady réussit à apporter quelque chose de neuf.
Ce n’est pas pour rien que Wedding Doll a été présenté au BFI London Film Festival, au Jerusalem Film Festival et au Toronto International Film Festival. Rappelons que le film a remporté, au Jerusalem Film Festival, les prix pour la meilleure actrice, le meilleur premier film ainsi que le meilleur film israélien. Aux Prix Ophir d’Israël, Wedding Doll a remporté le prix de la meilleure actrice ainsi que celui des meilleurs costumes.
Rosenblatt et Levi offrent des performances tout en subtilité et en justesse. Deux personnages fascinants et complexes. La relation entre les deux femmes est montrée de façon réaliste, avec ses hauts et ses bas. Les deux personnages interagissent dans cette relation difficile entre une mère qui veut protéger sa fille des méchancetés du monde extérieur (et de ses illusions), et une fille qui voudrait s’émanciper de sa mère, malgré son handicap. Rarement un rôle comme celui de Hagit est si bien joué.
Contrairement à ce qu’on voit souvent dans les films ayant les mêmes thèmes, on peut tout aussi bien comprendre les désirs de Hagit que ceux de sa mère. Puisque la jeune femme a déjà eu une mauvaise expérience avec d’autres jeunes, sa mère fait de son mieux pour lui éviter de subir d’autres sévices du même genre. Mais il n’est certainement pas simple pour un parent de toujours prendre les bonnes décisions. Tout au long du film, on se demande si Sara prend les bonnes décisions. Est-ce qu’elle protège sa fille des dangers externes, ou si elle n’en vient pas plutôt à lui nuire dans son désir d’autonomie? Comme la plupart des parents le savent, il n’y a aucune réponse toute faite à cette question.
Wedding Doll montre la dure réalité d’une femme atteinte d’un léger trouble mental, mais aussi celle de sa mère, qui doit réussir à gérer la pression personnelle, celle provenant de sa fille, ainsi que celle provenant de l’extérieur. Déplacez-vous, ça vaut la peine!
Note : 9/10
© 2023 Le petit septième