« Tu n’arrêtes jamais »
Julie se démène seule pour élever ses deux enfants à la campagne et garder son travail dans un palace parisien. Quand elle obtient enfin un entretien pour un poste correspondant à ses aspirations, une grève générale éclate, paralysant les transports. C’est tout le fragile équilibre de Julie qui vacille. Elle va alors se lancer dans une course effrénée, au risque de sombrer.
Elever une famille alors qu’on est une mère seule avec la garde de ses enfants, tout en ayant des aspirations professionnelles et un travail à plein temps, tel est le quotidien de Julie, femme du XXIème siècle.
Comment réussir à tenir un rythme forcené au sein d’une vie où tout peut basculer ?
Dès les premières scènes, Julie se débat dans son quotidien. Deux enfants bientôt attablés, la télévision en fond sonore, elle vaque à son quotidien et en oublie de répondre à certaines questions de son fils, Nolan, et de sa fille, Chloé.
Tôt le matin, elle passe déposer ses enfants chez une voisine, puis court après les transports. Il s’avère qu’il y a un mouvement de grève et que des bus remplacent des trains et des RER. Alors elle court, d’un transport à un autre, jusqu’à son travail dans un hôtel, dans lequel elle exerce en tant que femme de chambre et chef d’équipe.
Tel sera le quotidien de Julie durant toute cette semaine de grève, durant laquelle sa débrouillardise lui permettra de s’en sortir… jusqu’à un certain point.
La fuite vers l’avant semble être son mot d’ordre à ce moment précis de sa vie, où la nécessité remplace le plaisir, la recherche de solutions plutôt que le bonheur de l’instant présent.
Alors que l’équilibre est déjà fragile dû à ses retards successifs au travail, et alors que sa voisine lui fait part de son souhait d’arrêter la garde des enfants, Julie obtient un entretien pour un poste qu’elle convoite…
Le metteur en scène nous montre une certaine réalité du monde d’aujourd’hui. Dans une course effrénée contre la montre, comment profiter du moment présent ? La pression est présente du fait de la réalité familiale, de la pension versée par son ex-conjoint qui ne vient pas et de son travail en tant que chef d’équipe, et les retards de sa part vont se transformer en mensonges grossiers envers sa patronne.
Le résultat de son entretien d’embauche est incertain et son travail en tant que femme de chambre est avant tout alimentaire. Pourtant très diplômée, la concurrence est rude. Le dynamisme du personnage principal tient à sa résilience face aux difficultés. Mais l’équilibre est fragile et elle franchit plusieurs fois la limite de ce qui est autorisé.
Dans un monde parfois dur, où peu de solutions apparaissent sans détermination et force intérieure, comment avancer malgré tout ?
L’héroïne n’est ici ni sympathique, ni antipathique. Juste une femme qui essaye de s’en sortir par différents moyens, avec pour objectif d’aller toujours de l’avant, parfois au détriment de la vérité.
Eric Gravel signe un film réussi, efficace dans sa mise en scène, avec un regard critique sur la société d’aujourd’hui. Ceci, avec une actrice dont le talent n’est plus à démontrer, Laure Calamy.
À plein temps est présenté aux RVQC, du 20 au 30 avril 2022.
Bande-annonce
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