Sam, journaliste indépendant, profite de sa culture musulmane pour infiltrer les milieux intégristes de la banlieue parisienne. Il se rapproche d’un groupe de quatre jeunes qui ont reçu pour mission de créer une cellule djihadiste et de semer le chaos au cœur de Paris.
Made in France du réalisateur et scénariste français Nicolas Boukhrief prend l’affiche au Québec le 15 avril. Il devait sortir en salles en France le 18 novembre dernier, mais, suite aux attentats du 13 novembre, la sortie a été annulée. Il faut dire que le sujet du film aurait pu sembler étrangement prémonitoire…
Pourtant, lorsque le réalisateur a présenté son projet aux différentes structures de financement – desquelles il n’a d’ailleurs reçu aucun soutien – en décembre 2013, cela faisait deux ans déjà qu’il travaillait à son scénario. Il n’a donc pas tiré profit, si je peux me permettre l’expression, des attentats de Charlie Hedbo survenus en janvier 2015, pour faire un film sensation.
Le réalisateur est né d’un père algérien et d’une mère française. Par ce film, il souhaitait dénoncer l’intégrisme islamiste qui nuit à tous les musulmans, et qui fait en sorte qu’une communauté entière est maintenant trop souvent associée au terrorisme. Mais il est vrai que plusieurs jeunes gens sont endoctrinés et c’est là une situation qu’il croyait et croit essentielle de dénoncer.
Les chefs de certaines mosquées clandestines font preuve d’« une intelligence discursive et d’un sens de la manipulation dignes des plus grands chefs de secte. Si bien que chacun de leurs nouveaux fidèles vit sa radicalisation non pas comme un embrigadement, mais bien au contraire comme une renaissance », précisait déjà le réalisateur en décembre 2013. Et c’est précisément ce que montre son film Made in France : un groupe de jeunes hommes en « manque d’idéal ».
Cette « idéologie du chaos » pourrait aussi être rapprochée, selon Boukhrief, des apprentis SS issus des jeunesses hitlériennes : « la même destruction de mort, le même narcissisme destructeur et nihiliste », renchérissait-il.
Le film présente ainsi une petite cellule terroriste : trois jeunes hommes influençables, un journaliste infiltré (qui craint de plus en plus pour sa vie et voit avec horreur la direction que prend son investigation sans pourtant savoir comment y mettre un terme) et un autre homme, leur chef, qui reçoit les instructions (objectifs et cibles de leurs actions). Cela n’a plus rien à voir avec l’Islam, mais repose tout simplement sur une forme de racisme.
Il s’agit là d’un thriller dans lequel on se demande si le groupe d’hommes accomplira leur mission ou si le journaliste parviendra à mettre un terme à cette action terroriste. Il ne souhaite aucunement mourir en martyr.
Pour Sam, sa religion, l’Islam, n’a rien à voir avec tout cela. D’ailleurs, les autres membres du groupe sont des convertis. Et cet aspect m’apparaît important. Ce sont de jeunes gens en quête d’émotions fortes. L’un est en colère et a fait un séjour en prison, un autre est adepte de jeux vidéo et s’ennuie profondément, un autre encore souhaite venger la mort d’un proche…
Made in France met à jour une forme de radicalisation que l’on voit malheureusement de plus en plus, une radicalisation sournoise qui ne doit pas forcément être associée à la jeunesse arabe.
Note : 6,5/10
© 2023 Le petit septième