Hannah (Géraldine Pailhas), chanteuse passionnée de musique classique, dirige une chorale à Montréal avec son mari Daniel (Luc Picard), pianiste. Ils vivent de concerts de création de musiques françaises sacrées, véritables trésors du patrimoine, composées pour les synagogues de France fin XIXe-début XXe. Mais depuis quelques temps, ils peinent à maintenir leur groupe vocal à flot. Et alors qu’ils recrutent Abigail (Éléonore Lagacé), une jeune fille fragile et surdouée qui leur redonne de l’espoir, l’ancien professeur d’Hannah, Samuel (Paul Kunigis), débarque à Montréal avec une ancienne partition perdue…
Mobile étoile de Raphaël Nadjari est un film sur la musique, un film de musique puisqu’elle en compose la ligne directrice. Pour Nadjari, la musique est une langue universelle et c’est par elle que ses personnages communiquent vraiment.
On ne sait que peu de choses des personnages. Hannah, le personnage principal, est Française, mais son passé n’est en rien abordé. Il n’y a que le présent qui compte. Le passé, lui, ne vit qu’à travers les chants de l’ensemble vocal d’Hannah et Daniel, Les Cantiques. Ils présentent des musiques liturgiques anciennes, composées entre 1830 et 1930, mais dans un univers complètement laïc. Aucune croyance des personnages n’y semble associée. C’est pour l’art et non pour la religion que cette musique est interprétée.
Il n’est ainsi pas nécessaire d’être croyant pour apprécier la musique liturgique, du moins, celle ici présentée. Personnellement, je ne crois pas en Dieu bien que j’aie une approche spirituelle de certaines choses. Dans le film, plusieurs chants s’adressent à Dieu, mais cela ne me semblait pas dérangeant. D’ailleurs, aux dires du réalisateur, près de « 80 % du répertoire classique provient de cette musique dite “sacrée” ». Ces pièces font maintenant partie du patrimoine musical.
À l’exception de la pièce Mobile étoile de Fernand Halphen qui donne son titre au film, les sept autres chansons ont entièrement été composées, retraduites et poétisées par l’écrivain Emmanuel Moses et le compositeur Jérôme Lemonnier. De très belles pièces. Quant à Géraldine Pailhas, elle a suivi des cours de chant pendant 5 mois avant le tournage afin d’en maîtriser les bases techniques, la tenue, la gestuelle et les respirations. Mais c’est la voix de la soprano québécoise multilingue Natalie Choquette que l’on entend dans le film. Une voix étonnante.
J’ai bien apprécié également les changements de scène où la musique continue sans interruption. L’image change, mais le son perdure et lie ainsi les différentes scènes entre elles. Leur donne un même langage.
Dans le film, la passion pour la musique est transmise de génération en génération. Marcel Sabourin incarne ici Jean-Paul, le père de Daniel. C’est lui qui lui a montré à jouer au piano, et c’est par la musique que le père et le fils restent liés. Jean-Paul est vieillissant et son esprit lui joue des tours, mais le piano l’apaise, le rapproche de son fils. Daniel et Hannah ont aussi un fils, David (Alexandre Sheasby), qui participe à leur ensemble vocal. L’adolescent joue du violon et sa vie entière semble dédiée à la musique. On ne voit d’ailleurs aucun personnage interagir hors de l’ensemble musical si ce n’est avec leur famille, et là encore la musique reste au cœur de leurs préoccupations.
Mobile étoile est un film tout en douceur, où le spectateur doit se laisser porter par la musique, par la mélodie et les voix. Une belle rencontre avec la musique liturgique.
Note : 8,5/10
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