Quatre pays… quatre bébés… de la naissance aux premiers pas. Ils s’appellent Ponijao, Bayarjargal, Mari et Hattie et vivent en Namibie, en Mongolie, au Japon et aux États-Unis. Bébés nous plonge simultanément au cœur de cultures très différentes et saisit les moments les plus émouvants, drôles et insouciants, uniques et universels, des premiers mois de la vie.
Bébés (2010), réalisé par Thomas Balmès, est né d’une idée originale d’Alain Chabat. On m’avait parlé de ce documentaire il y a quelques semaines. Et puisque j’attends moi-même un enfant, je n’ai pu résister à l’envie de le regarder. Non seulement c’est très mignon et cocasse, mais ça permet aussi de se rassurer. Même si on ne peut pas tout offrir à notre enfant, matériellement j’entends, s’il a des soins et de l’amour, il s’en sortira plutôt bien.
On suit ainsi quatre bébés de la naissance jusqu’à l’âge de 2 ans. Deux enfants grandissent en milieu urbain, à Tokyo et à San Francisco, et deux autres dans des contrées reculées, selon la tradition himba à Epembe (Namibie) et dans les steppes de Bayanchandmani (Mogolie).
Pour Tarererua, la mère de Ponijao et de 9 autres enfants, c’était une chance à offrir à son enfant et à elle-même : « J’ai accepté le projet car je n’étais jamais allée à l’hôpital pour aucune de mes grossesses. Ça m’a permis d’être suivie par un médecin. Je suis très pauvre et je n’aurais pas eu les moyens d’en consulter un sinon. C’était très intéressant d’être filmée en même temps que d’autres femmes de différents pays. » Le père, Hindere, semble absent puisqu’on ne le voit jamais durant le film, mais ce dernier expliquait qu’il était parfois présent lors des tournages, mais que les hommes de sa tribu sont toujours très occupés à soigner leur troupeau.
Mandakh et Purev, les parents de Bayarjargal, doivent quant à eux s’occuper du bétail. Le bébé est donc plus souvent seul (ou avec son frère), ce qui m’avait d’abord étonnée. Le père expliquait en entrevue : « En hiver, pour éviter que le bébé se brûle au poêle situé au centre de la yourte, on avait attaché sa cheville au lit avec une ficelle. Comme ça, il avait son périmètre de liberté et c’était sans risque quand il restait seul. C’est notre manière d’élever les enfants en Mongolie! » C’est un mode de vie qui peut surprendre, mais l’enfant semble pleinement épanoui et d’une curiosité sans limites. La liberté serait certainement l’un des qualificatifs les plus appropriés pour décrire cette vie dans les steppes, tout comme celle en Namibie.
Suzie et Fraser, les parents de la jeune Américaine, Hattie, souhaitaient que le tournage ne prenne pas trop de place dans leur vie. Frazer œuvrant dans le milieu du cinéma, il a lui-même tourné certaines scènes. Seiko et Fumito, les parents de Mari, travaillent tous deux dans le milieu de la mode. Obtenir des autorisations pour filmer à Tokyo est plus complexe, ce qui explique pourquoi il n’y a pas de plans à l’hôpital. Les familles japonaise et américaine se ressemblent ainsi beaucoup de par leurs activités professionnelles et sociales, et par le fait que leur enfant unique fréquente une garderie.
C’est d’ailleurs ce que la mère américaine notait : « Même si je ne suis jamais allée à Tokyo, je m’identifie à la mère japonaise dans son style d’éducation : aller au parc, au zoo, confier son enfant à une crèche car elle travaille. En Namibie, les enfants évoluent dans une culture différente. Les traditions sont très fortes. Ponijao a le même collier que sa mère et la première chose qu’elle porte c’est un pagne. Les enfants namibiens sont plus choyés que les nôtres. On n’a pas cette forme de liberté! Aux États-Unis, si on voyait un enfant lécher la langue d’un chien dans un parc il y aurait au moins une dizaine de parents qui lui hurleraient d’arrêter! En Namibie, personne ne s’affole. Tout est simple! » Et ce sont toutes ses différences qui nourrissent le documentaire et le rendent intéressant.
Ce qui est aussi particulier avec ce film, c’est que les paroles ne comptent pas. Je m’explique. On entend parfois les parents interagir avec leurs enfants (en japonais, en mogol, en anglais), mais rien n’est sous-titré. Ce qui est dit n’a pas de réelle importance et, de toute façon, on comprend le message, du moins, en substance. On ne me mise ainsi que sur l’image et les réactions de l’enfant.
Bébés montre l’évolution des enfants dans toute sa diversité. De jeunes vies de découvertes et d’aventures. Et ce qui ressort de chacune des quatre situations, c’est l’amour!
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