« J’entends bien, ou j’entends rien? »
Antoine semble n’écouter rien ni personne : ses élèves (qui lui réclament plus d’attention), ses collègues (qui n’aiment pas son manque de concentration), ses amours (qui lui reprochent son manque d’empathie)… Et pour cause : Antoine est encore jeune, mais a perdu beaucoup d’audition. Sa nouvelle voisine Claire, venue s’installer temporairement chez sa sœur avec sa fille après la perte de son mari, rêve de calme et tranquillité. Pas d’un voisin aussi bruyant qu’Antoine, avec sa musique à fond et son réveil qui sonne sans fin. Et pourtant, Claire et Antoine sont faits pour s’entendre!
Antoine devient sourd. Pas totalement, mais assez pour ne pas toujours comprendre et assez souvent pour ne pas saisir le sens de ce que l’autre lui dit. Sa voisine, ses collègues à l’école, etc. La première scène nous illustre très bien les malentendus que peut provoquer son handicap. Avec une copine, assis sur le lit le matin, elle le quitte pendant que lui continue de penser qu’elle est allée simplement à la salle de bains.
Ce film, qui a obtenu le soutien de Entendre, un organisme voué aux malentendants, fait œuvre sociale tout en divertissant le cinéphile.
Antoine (Pascal Elbé — qui a aussi réalisé le film) et Claire (Sandrine Kiberlain) sont voisins d’en bas, d’en haut. La relation de voisinage est au pire parce qu’Antoine ne se doute pas qu’il devient sourd et écoute donc sa musique très fort, laisse sonner son réveil très longtemps et ça exaspère sa voisine du dessous, qui est là temporairement avec sa fille Violette, qui est presque muette suite à la mort de son père.
On a droit à une comédie que l’on pourrait qualifier de légère, mais qui, avec son orientation sociale, devient plus profonde, plus nécessaire et par conséquent, moins légère. Le cinéma s’implique parfois dans des causes pas très sexy à première vue, mais qui servent drôlement la société. On peut penser, par exemple, au film La famille Bélier qui raconte la vie quotidienne d’une famille de muets.
Avec Sandrine Kiberlain, Pascal Elbé a misé juste pour le premier rôle. Elle est très juste, attrayante sans être trop canon. Elle est simplement très crédible, autant fâchée que souriante.
Pascal Elbé, lui, en Antoine, joue un drôle de personnage assez nonchalant, séduisant sans s’en rendre compte. Il fait de l’effet autour de lui, comme avec sa collègue Noire qui est très émotive quand elle lui parle en réunion ou autrement. Ainsi qu’avec son collègue Francis (François Berléand), qui joue l’ami cool à qui on a donné un rôle plutôt comique, comme quand Antoine lui demande « C’est quoi ton genre de femmes? » et qu’il répond « Celles qui veulent! »
Une comédie qui se regarde et s’écoute très bien. Chapeau aussi à l’équipe du son qui nous permet de saisir les nuances entre la perte de l’ouïe et entendre avec des appareils.
Fin heureuse, bien sûr, mais toujours avec humour, avec la mère d’Antoine qui déraille pour notre plus grand plaisir.
Un film à voir pour les amateurs de bon cinéma familial!
Note : 9/10
Bande-annonce
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