Adrien, soldat français, part à la guerre en 1914. Après seulement quelques jours, il est défiguré par un éclat d’obus. Il sera, par la suite, transporté dans un hôpital où il passera plusieurs années à guérir. Il devra réapprendre à aimer la vie et à s’accepter tel qu’il est maintenant. C’est avec Henri et Pierre, deux autres officiers blessés, qu’il reprendra, tranquillement, goût à la vie.
La Chambre des officiers est un film de guerre comme peu. Malgré qu’il traite de la Guerre de 1914-1918, il n’y a aucune scène de guerre (sauf celle de l’explosion au début du film). Le vrai thème du film est plutôt l’horreur provoquée par la guerre. On traite surtout de la façon dont les blessés peuvent vivre avec cette horreur. À la fin du film, on n’en a pas appris beaucoup sur la Grande Guerre. Par contre, on en apprend énormément sur les difficultés que peuvent y avoir vécues les soldats et leur famille.
Autre point particulièrement intéressant, le film ne tombe jamais dans la facilité et dans le mélodrame. Contrairement à ce qu’on voit régulièrement dans les longs métrages hollywoodiens, il n’y a pas d’histoire d’amour entre le héros et quiconque. Il y a plutôt une belle histoire de fraternité. On découvre un lien très fort entre les hommes blessés. On pourrait même dire qu’il s’agit d’un film contre la guerre, car le message porté par les personnages principaux est qu’il n’y a jamais de points positifs à une guerre. À plusieurs reprises, Adrien demande « ça sert à quoi cette guerre? »
Le film est raconté à la première personne. Adrien est souvent le narrateur. Mais ce qui est le plus intéressant dans cette œuvre, c’est le point de vue narratif. Pendant environ 30 minutes, alors que le protagoniste sort du coma et ne peut voir son visage, nous ne le voyons pas nous non plus. On voit tout de son point de vue. L’effet qui en ressort est un désir de comprendre et de voir ce qui lui arrive. Le personnage (tout comme nous) est laissé dans l’inconnu. De cette façon, le réalisateur réussit à amener un effet d’inconfort et de curiosité. L’officier blessé cherche à plusieurs reprises à voir son visage, car il entend les infirmières et le docteur parler de son cas, mais ceux-ci ont enlevé tous les miroirs de la pièce pour éviter les traumatismes d’Adrien et des autres patients. Nous sommes donc laissés à notre curiosité et à notre imagination pendant près de 30 minutes.
Une fois le malaise passé, nous retournons dans l’histoire et assistons aux différentes rencontres avec d’autres blessés. Le film montre bien les difficultés que ces hommes ont à surmonter. La Chambre des officiers est un film à voir, ne serait-ce que pour le point de vue narratif du début du film. Mais l’entièreté du film est intéressante. Il s’agit d’un bon film, qui ne tombe jamais dans les excès et qui donne un point de vue intéressant. Un des meilleurs films de guerre que j’ai eu l’occasion de voir.
Note : 8/10
© 2023 Le petit septième