Guibord s’en va-t-en guerre – Ou pas…

Ceci est basé sur des faits véridiques qui ne se sont pas encore produits…

Affiche de Guibord s'en va-t-en guerreGuibord (Patrick Huard) est le député fédéral indépendant de Prescott-Makadew à Rapides-aux-Outardes, un immense comté du nord du Québec. Sous les yeux du pays tout entier, Guibord se retrouve malgré lui à détenir au Parlement le vote décisif qui déterminera si le Canada ira-t-en guerre. Accompagné de sa femme (Suzanne Clément), sa fille (Clémence Dufresne-Deslières) et d’un stagiaire haïtien idéaliste nommé Souverain (Irdens Exantus), Guibord parcourt sa circonscription pour consulter ses électeurs. Alors que les groupes d’intérêts s’invitent dans un débat qui dérape, le député devra faire face au poids de sa conscience.

Présenté en première mondiale au festival de Locarno, Guibord s’en va-t-en guerre commence sur cette splendide déclaration (voir exergue) qui donne immédiatement le ton dans lequel se déroulera l’histoire. Il s’agit, en passant, d’une comédie politique avec un humour accessible, et un message intelligent. Il est rare d’assister à un aussi bon mélange de subtilité et de satyre. Par moments, j’avais un peu l’impression de revoir un autre Falardeau, Pierre, par son côté cynique.

Que dire sur le côté politique du film? Je pourrais me contenter d’écrire qu’il démontre bien que « la démocratie pure, c’est de la science-fiction », pour citer Philippe Falardeau. Surtout que je trouve cette phrase assez représentative de la triste réalité. Mais le long métrage va au-delà de cette simple ligne. On y montre une politique fédérale qui n’a rien à voir avec les préoccupations des gens de la circonscription du député Guibord, une douce caricature de Harper et le fait que les idéaux c’est bien beau, mais que ça n’a rien à voir avec la vraie politique, qui, elle, se passe dans les jeux de coulisses et les fausses promesses.

Le film de Falardeau commence par une trame sonore efficace, créée de main de maître par Martin Léon, dont c’est la troisième collaboration avec le réalisateur. Léon a su créer un thème entraînant qui nous mène, dès le premier plan, dans l’action de style « road movie » que nous offre le film.

Ensuite, il y a le jeu des acteurs. Patrick Huard offre une très belle performance dans le rôle de Guibord, ce grand naïf qui est entré en politique pour les bonnes raisons, pour se rendre compte rapidement du peu de marge de manœuvre dont il disposait. Mais il a compris comment il pouvait se rendre utile. En étant disponible, en connaissant son comté et en se creusant une niche. Malheureusement, il va arriver au constat que le politicien se fait toujours des ennemis et sort souvent vidé et meurtri de son mandat.

Guibord représente aussi le « vrai » citoyen. Il n’est pas le fils d’un homme riche ou d’un ancien premier ministre. Il n’était qu’un jeune hockeyeur ayant dû abandonner sa carrière et qui a décidé de se lancer en politique pour changer les choses. Pourquoi donner ce background de joueur de hockey à son personnage? Falardeau explique, avec justesse, que « les politiciens et les hockeyeurs sont ceux qui disposent du plus grand temps d’antenne dans les médias canadiens. Quand ils convoquent une conférence de presse, les journalistes accourent. Et les deux ont souvent en commun de ne rien dire. Ou d’avoir appris à ne rien dire. » Quand on parle de cynisme…

J’applaudis aussi l’idée d’intégrer un stagiaire haïtien aux côtés de Guibord, personnage joué par un jeune Québécois sans expérience de comédien. D’ailleurs, il a dû travailler sur son accent, car il n’avaitGuibord s'en va-t-en guerre pas cet accent typique d’Haïti. Falardeau expliquait avoir voulu intégrer un Haïtien dans son film, car il aimait l’idée que le Sud observe le Nord dans un processus démocratique alors que c’est habituellement l’inverse qui se produit. Il voulait aussi montrer que, pour certaines personnes, la démocratie veut encore dire quelque chose…

Je terminerai mon texte sur une citation de Steve Guibord : « Le Canada c’est peu d’histoire et trop de géographie ».

Guibord s’en va-t-en-guerre est une comédie mordante où politiciens, citoyens et lobbys s’affrontent sans retenue, faisant éclater la démocratie en mille morceaux.

Note : 8.5/10

Site officiel : http://equipeguibord.com/accueil

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

© 2023 Le petit septième