À la veille de Noël, à Los Angeles, Sin-Dee Rella (Kitana Kiki Rodriguez), récemment sortie de prison après une peine de 28 jours, apprend par sa meilleure amie, Alexandra (Mya Taylor), que son souteneur et amant lui a été infidèle. Réagissant vivement, la transgenre part sans hésiter à sa poursuite à travers la ville. Dans sa quête, l’exubérante Sin-Dee sera confrontée à des situations rocambolesques et à des marginaux qui composent la sous-culture urbaine. Simultanément, un chauffeur de taxi arménien, Razmik (Karren Karagulian), gère plutôt difficilement son attirance pour les transgenres, conjuguée à une vie familiale accaparante.
Tangerine de Sean Baker met en scène un duo d’actrices transgenres à Los Angeles. Le scénario est basé sur une histoire que Rodriguez a entendue dans la rue. Le film s’inscrit dans le courant du réalisme social. Il faut dire que la façon même de filmer ajoute au réalisme. Tout le film a été tourné avec des iPhones 5S. C’est pour le moins inhabituel.
L’image est différente, plus granuleuse. Mais l’effet est intéressant. Le réalisateur expliquait d’ailleurs les choix l’ayant poussé à utiliser ces appareils : « The iPhone 5S had recently come out with its better camera. So we started thinking about how the iPhone could help us. We realized it could be good for shooting with first-time actors because it wouldn’t intimidate them and the extras that we were grabbing off the street. It allowed us to shoot clandestinely. » [Puisque le iPhone 5S offrait maintenant une meilleure caméra, nous avons donc commencé à penser à la façon dont il pourrait nous aider. Nous avons réalisé qu’il pourrait être bon pour le premier contact avec les acteurs parce que cela les intimiderait moins et pour les extras que nous tournions dans la rue. Il nous a permis de tourner clandestinement.] Et il y avait aussi bien sûr une question de budget. L’utilisation des iPhones réduisait de beaucoup les coûts.
On entre dans un univers que je dois avouer ne pas vraiment connaître. Il est principalement question de prostitution et de drogue. Mais il est également question de solitude. En cette veille de Noël, où tout est normalement joyeux, ici tout tourne mal. Le drame, la chicane. Pour la plupart, les transgenres n’ont pas de famille, elles sont leur famille. Et bien que plusieurs évoluent dans le même milieu, l’incompréhension et le jugement semblent être monnaie courante.
Le réalisateur, qui a coécrit le scénario avec Chris Bergoch, a laissé beaucoup de place aux actrices. Rodriguez et Taylor avaient le droit de changer les répliques si elles croyaient que cela ne représentait pas la réalité de la rue. Elles lui ont raconté de nombreuses histoires sur la vie dans leur quartier de LA. Elles lui ont dit comment les policiers réagiraient devant tel type d’altercation, ce que les autres filles diront devant tel comportement, etc.
L’histoire du chauffeur de taxi est aussi intéressante. Chef de famille, il se doit d’être le pilier sur qui ils pourront se fier, se reposer. Mais son attirance pour les transgenres lui fait perdre ses moyens. Il veut à tout prix voir Sin-Dee Rella récemment sortie de prison. Son désir va lui jouer des tours.
Tangerine montre une sous-culture urbaine colorée et des personnages plutôt seuls, et ce, même s’ils sont entourés d’autres gens. C’est ici une veille de Noël pas comme les autres, où tout ne va pas bien…
Note : 7,5/10
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