À 17 ans, Jérémie (Antoine L’Écuyer) rêve d’un ailleurs meilleur, loin de la scierie familiale et de son village natal du Bas-Saint-Laurent. Aux travaux sylvicoles, Jérémie préfère sa voiture, le hip hop – on entend beaucoup de Dead Obies – et les virées avec ses amis. La situation désespère son père, Régis (Roy Dupuis), qui blâme un petit revendeur de drogues pour ce désintéressement. Au départ du frère aîné, les vies de Jérémie et de Régis basculent.
Le bruit des arbres est le premier long métrage de François Péloquin. Il porte sur les relations père-fils qui sont moins traitées au cinéma que les relations mère-enfant. Le film retrace en plusieurs tableaux l’été d’un adolescent.
On croit souvent à tort que la vie à la campagne, loin des grands centres urbains, est un meilleur milieu pour élever un enfant. Ayant moi-même grandi dans un village, je peux dire que ce n’est pas toujours vrai, et ce film en est un excellent exemple. Si tu n’as que peu d’occupations, les mauvais coups se font souvent plus nombreux. Le groupe de jeunes multiplie les plans douteux, des shows de boucane en voiture aux baignades dans une rivière glacée. Mais les adolescents ne sont peut-être pas les seuls en cause…
On aborde aussi les relations parfois difficiles entre adolescents, en amour comme en amitié. Et aux problèmes que certains rencontrent quand ils couchent ensemble sans pour autant entretenir une relation amoureuse.
Le film adopte par ailleurs un regard écologique. Régis continue d’exploiter sa terre dans le respect de l’environnement et des traditions ancestrales. Il se promène dans la forêt et sélectionne un à un les arbres à abattre. Il refuse d’industrialiser sa pratique. En contrepartie, certaines autres personnes font des coupes à blanc. On voit ainsi des forêts entières décimées, ce qui me faisait penser au film L’erreur boréale (1999) de Richard Desjardins. Le personnage de Régis sied bien à Roy Dupuis et à son amour de la nature.
Le rendu photographique est beau. On retrouve plusieurs plans bien travaillés. Je pense à deux plans, mais il en a bien d’autres : dans l’un, on regarde une éolienne qui tourne de la perspective du personnage qui est couché sur le dos; et dans l’autre, on avance dans la forêt à la suite de Régis et de Jérémie au moment où le soleil perce à travers les arbres et dont la lumière se reflète tel un arc-en-ciel.
Le bruit des arbres est un premier film intéressant sur la vie en région et les relations père-fils plus conflictuelles.
Note : 7/10
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