À la suite du décès de sa meilleure amie Laura (Isild Le Besco), Claire (Anaïs Demoustier) fait une profonde dépression, mais une découverte surprenante au sujet du mari de son amie, David (Romain Duris), va lui redonner goût à la vie.
Avertissement : vous apprendrez dans ce texte le secret de David. Claire le découvre très tôt dans le film et on peut difficilement faire un commentaire pertinent sans aborder cet aspect central du film Une nouvelle amie.
Le film de François Ozon est librement inspiré de la nouvelle « The New Girlfriend » de Ruth Rendell, dans laquelle une femme découvre que le mari de son amie se travestit en cachette. Ce texte a longtemps habité le réalisateur, qui, il y a une vingtaine d’années, avait songé à faire un court métrage très fidèle à la nouvelle. Dans Une nouvelle amie, il adapte le texte de Rendell et ajoute l’idée du deuil qui rapprochera Claire et David. François Ozon a d’ailleurs reçu, du jury du Prix Jacques Prévert, le prix du meilleur scénario adapté.
Classé comme un drame sentimental, on glisse parfois vers la comédie. Très tôt dans le film, on apprend que David se plaît à s’habiller en femme. Mais on ne se moque pas de ses questionnements ou de sa personnalité. L’aspect comique apparaît parfois dans sa façon d’apprivoiser la féminité, par ses gaucheries.
Romain Duris offre une belle performance, vraiment convaincante. Pour se préparer à son rôle, le réalisateur lui avait demandé de regarder Crossdresser de Chantal Poupaud et Bambi de Sébastien Lifshitz. Pour ceux qui connaissent l’œuvre de Xavier Dolan, on peut aussi songer à Laurence Anyways, sans le côté plus dark de ce dernier.
On retrouve beaucoup de tendresse et d’humour dans Une nouvelle amie. De la détresse face à la mort d’un être cher et un besoin de trouver un sens à cette perte. On est aussi proche par moments de l’univers des contes de fées, notamment par le premier plan de la scène d’introduction, où Laura ressemble à une princesse endormie. C’est aussi un beau film sur la complicité et l’amitié. Et la question de la recherche de l’identité sexuelle parcourt tous ces aspects de ce long métrage.
Ozon travaille aussi beaucoup autour des silences. Le visage d’Anaïs Demoustier est tellement évocateur de ses sentiments. On ressent bien son émotion, son trouble et ses interrogations. La découverte du secret de David la forcera à se remettre également en question.
Un mot tout de même sur la scène d’introduction qui montre en accéléré vingt ans de la vie de Claire et de son amie Laura : jeunesse, adolescence, rencontre des hommes qui partagent leur vie, mariage… Ce parcours de vie est très important pour comprendre l’importance de leur relation, et ainsi mieux mesurer l’ampleur de la dévastation qu’éprouvera Claire à la mort de son amie.
Une nouvelle amie est un film touchant, où la force de l’amitié prend tout son sens. Une quête de la féminité, d’une féminité qui a longtemps sommeillé.
Note : 8/10
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