Dans son plus récent film Les nouveaux sauvages (Relatos salvajes), produit par Pedro et Agustín Almodóvar, le réalisateur argentin Damian Szifron laisse libre cours à ce qu’il qualifie de « pétage de plombs ». En ce sens, cette comédie dramatique prend parfois des airs de film d’horreur.
Ce film « à sketch » a d’ailleurs remporté le prix du meilleur film en langue étrangère au National Board of Review. Il était en outre en nomination aux Oscars dans cette même catégorie et avait fait partie de la sélection officielle au Festival de Cannes 2014.
Vulnérables face à une réalité trouble qui soudain change et devient imprévisible, les personnages des Nouveaux sauvages franchissent l’étroite frontière qui sépare la civilisation de la barbarie. Une trahison amoureuse, le retour d’un passé refoulé, la violence enfermée dans un détail quotidien sont autant de prétextes qui les entraînent dans un vertige où ils perdent les pédales et éprouvent l’indéniable plaisir de la perte de contrôle.
Qui n’a jamais rêvé de régler leur compte à ceux qui les persécutent ou les emmerdent? De laisser toute la place à cette petite voix intérieure qui crie vengeance ou justice? Les personnages des six courtes histoires réunies dans ce film brisent les interdits et se livrent tout entiers à leurs émotions, principalement à leur rage.
On est face à des personnages de différentes classes sociales, aux profession et âge variés. Et le réalisateur explore plusieurs lieux et chacun d’eux est le théâtre d’un nouveau drame : un avion, un restaurant, une route quasi déserte, un centre urbain, la demeure d’une riche famille et une salle de réception où est célébré un mariage.
Dans chaque récit, on ne peut que constater la grande place laissée à une certaine forme de hasard et même douter de ce qui à priori apparaît comme une coïncidence. Quelles sont les chances de croiser un de nos pires ennemis, et qu’il soit à notre merci sans le savoir? Jusqu’où l’appât du gain peut-il mener? Comment réagir quand notre plus grand rêve vole en éclats?
Ce projet de film est d’ailleurs né d’un sentiment de frustration : « Alors que je développais d’autres projets, peut-être angoissé face à l’impossibilité de les concrétiser, je me suis mis à écrire une série de nouvelles pour me défouler », confiait le réalisateur. L’art a ceci d’intéressant qu’il apparaît parfois aussi libérateur pour l’artiste/créateur que pour le spectateur (ou le lecteur).
Les nouveaux sauvages est un film amusant (quoique violent par moments), où on se demande avec une curiosité perverse qui perdra les pédales et de quelle manière cela se traduira-t-il.
Ô vengeance, douce vengeance!
Note : 8/10
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