Le troisième long métrage de Sophie Deraspe, Les loups, une coproduction France-Québec, est tourné aux Îles-de-la-Madeleine, à la fin de l’hiver. Comme la plupart des touristes, j’ai visité les Îles en été. Un endroit absolument magnifique, mais où le vent souffle en permanence. Mais en hiver, les touristes désertent. L’endroit isolé est plus exposé aux forces de la nature. J’avais donc très hâte de voir ce film, de retrouver ces paysages grandioses.
Élie (Evelyne Brochu), jeune femme convalescente, débarque sur une île de l’Atlantique Nord, en pleine fonte des glaces, et tente de s’intégrer à la communauté d’insulaires. Elle éprouve à la fois dégoût et attirance pour ces hommes qui pratiquent la chasse aux loups marins, dans ce lieu éloigné, où la vie se prend et se donne au gré des forces brutes de la nature. La présence mystérieuse de la jeune femme suscite la curiosité comme la méfiance. Maria (Louise Portal), la matriarche, tentera de mettre à jour les motifs secrets qui animent Élie.
Quelques plans m’ont vraiment plu. Les glaces qui se brisent, qui bougent par la force du bateau qui les repousse. Les loups-marins qui se prélassent sur la banquise et ceux qui nagent sous l’eau et que l’on suit… À un moment, Élie est sur un rocher qui surplombe la mer, où les vagues viennent se briser. Elle s’installe les bras en croix, offerte au vent, et admire cette nature toute-puissante. Cette courte scène, que l’on retrouve dans la bande-annonce, est très belle.
Le film tourne autour de la chasse aux phoques. Certaines de ces scènes sont assez brutales et marquent l’imaginaire, dont l’initiation d’un jeune chasseur. Mais c’est une réalité que les habitants des Îles vivent de la chasse et de la pêche, seules activités économiques ou presque qui ne dépendent pas du tourisme (quoique les touristes en profitent durant l’été).
Je dois par contre avouer que j’ai été un peu déçue par quelques éléments. On tente d’instaurer un effet d’intrigue autour de la présence de la jeune étrangère. Mais on comprend assez vite le véritable enjeu de sa visite et l’effet tombe un peu à plat, devient même agaçant.
Aussi, les accents ou non-accents des personnages m’ont dérangée. Certains en ont (quelques gens de la place jouent des rôles, dont Cindy Mae Arsenault) et d’autres pas. Les prestations de Gilbert Sicotte, de Benoit Gouin et de Louise Portal sont très bonnes, mais ne cadrent pas avec l’endroit du fait que les habitants des Îles ont généralement un accent.
Les loups est une incursion au cœur d’une communauté tissée serrée vivant au rythme d’une nature grandiose, qui peut s’avérer aussi bonne que cruelle.
Note : 6,5/10
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