Le nouveau Mike Leigh prend l’affiche à Noël. Mr. Turner est un drame biographique dans lequel le réalisateur relate les dernières années de vie du peintre britannique J.M.W. Turner (1775-1851). Les mémoires du peintre Charles Robert Leslie (1794-1859), un ami de Turner, ont été une précieuse source d’informations pour ce projet cinématographique. Le film s’est fait remarquer à Cannes en obtenant le Prix d’interprétation masculine pour Timothy Spall.
Artiste reconnu, membre apprécié quoique dissipé de la Royal Academy of Arts, Turner (Timothy Spall) vit entouré de son père (Paul Jesson) qui est aussi son assistant et de sa dévouée gouvernante (Dorothy Atkinson). Il fréquente l’aristocratie, visite les bordels et nourrit son inspiration par ses nombreux voyages. La renommée dont il jouit ne lui épargne pas toutefois les éventuelles railleries du public ou les sarcasmes de l’establishment. À la mort de son père, profondément affecté, Turner s’isole. Sa vie change cependant quand il rencontre Mrs Booth (Marion Bailey), propriétaire d’une pension de famille en bord de mer.
Bien que la collection de la Tate Gallery compte 20 000 de ses œuvres, que d’autres sont exposées ailleurs ou appartiennent à des collectionneurs, je dois avouer bien humblement que je ne connaissais pas ce grand peintre paysagiste. Il a peint plusieurs magnifiques paysages de mer, d’orages et de tempêtes. Il travaille la lumière, souvent celle de l’aube ou du crépuscule. On a tenté de reproduire dans les plans du film la lumière des tableaux du peintre. Et ça donne un magnifique résultat.
Le film est très esthétique. Les images sont léchées; le travail photographique est sublime. Je pense par exemple au premier plan où on nous montre un moulin qui se reflète dans l’eau dans une lumière jaune orangé. Et plusieurs plans semblables reviennent. On circule également dans des galeries où des tableaux de nombreux peintres sont fixés aux murs. Des peintres célèbres de cette époque, également membres de la Royal Academy, interagissent avec Turner.
En entrevue, le réalisateur avouait que, par ce film, il avait voulu montrer ce vers quoi tendent les artistes, et qu’il considère que Turner a réussi à atteindre : « Now I have again turned the camera round on ourselves, we who try to be artists, with all the struggles our calling demands. But making people laugh, hard as it is, is one thing; moving them to experience the profound, the sublime, the spiritual, the epic beauty and the terrifying drama of what it means to be alive on our planet – well, that’s altogether something else, and few of us ever achieve it, much as we may try. » [Aujourd’hui j’ai de nouveau voulu nous filmer nous-mêmes, nous qui essayons d’être des artistes, avec toutes les difficultés que notre vocation impose. Mais faire rire les gens, aussi difficile que ce soit, est une chose; les émouvoir au point de leur faire toucher la profondeur, le sublime, le spirituel, la beauté épique et le drame terrifiant que cela représente de vivre sur notre terre – et bien, c’en est une autre, et peu d’entre nous y arrivent, malgré toutes nos tentatives.]
Un autre aspect important du film repose sur le rapport à la critique. Petite parenthèse : la reine Victoria n’aimait pas les peintures de Turner et on la voit dans le film qui les ridiculise au cours d’une visite dans une galerie. L’opinion d’une grande personnalité ne peut qu’en influencer d’autres. Plusieurs peintres aimaient le travail de Turner et d’autres le critiquaient sévèrement. Il faut dire également que Turner avait une forte personnalité, il était parfois même assez vulgaire et aimait choquer. On critique ainsi la critique et montre comment les railleries peuvent parfois être brutales et blessantes même pour un homme dont la carapace semble de pierre.
Un mot tout de même sur mon titre… Dans le film, un médecin vient ausculter Turner qui est malade. Il lui examine ensuite les yeux en disant qu’il souhaite voir ceux qui ont réussi à capter autant de beauté et de force de la nature. On ne peut que sourire devant un tel commentaire du médecin.
Mr. Turner est à bien des endroits un véritable bijou pour les yeux. Un film tout en lumière!
Note : 8/10
© 2023 Le petit septième
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