Récemment est sorti partout dans le monde Eternals, le nouveau film signé Marvel Studios. Outre le fait qu’il met en scène de tout nouveaux héros qui restent assez méconnus du grand public, le film est réalisé par Chloé Zhao, à qui l’on doit des films comme The Rider en 2017, mais surtout le succès critique Nomadland, gagnant de l’oscar du meilleur film, de la meilleure réalisatrice et de la meilleure actrice pour Frances McDormand. Cela m’a fait penser à quelque chose. Si la plupart des réalisateurs travaillant pour Marvel n’ont pas la même grande renommée que les grands noms du cinéma, certains d’entre eux ont eu une filmographie intéressante avant de rentrer dans le monde du blockbuster superhéroïque. Je me propose de vous présenter cinq d’entre eux, ainsi qu’un de leurs films avant leur travail dans le MCU.
Si le cinéma des années 80-90 a été dominé par des noms comme Steven Spielberg et Robert Zemeckis, d’autres réalisateurs ont signé des films importants de cette période. Joe Johnston en fait partie. À la base artiste conceptuel pour la trilogie Star Wars et Indiana Jones, on lui doit aussi des classiques comme Chéri, j’ai rétréci les gosses en 1989, Jumanji en 1995 ou encore Jurassic Park III en 2001. Une longue carrière qui a croisé les débuts du MCU lorsqu’il a réalisé en 2011 Captain America : The first avenger. Cependant, ce ne fut pas sa première expérience avec le genre du superhéros. Ce fut plutôt The Rocketeer, sorti en 1991.
Adapté des comics éponymes de Dave Stevens, le film raconte comment Cliff Secord, un pilote d’avion, se retrouve en possession d’un tout nouveau jet-pack expérimental et doit affronter des gangsters et des nazis qui tentent de s’en emparer. Échec commercial à sa sortie, le film est cependant devenu culte au fil des années. Doté d’une distribution impressionnante, dont l’ancien James Bond Timothy Dalton en grand méchant, de personnages attachants et de séquences de vol impressionnantes, le film reste un très bon divertissement avec un petit côté pulp pas désagréable. Une ambiance dont Johnston s’inspirera lorsqu’il portera à l’écran Captain America.
Bien avant qu’il se mette à la réalisation, Shane Black était reconnu à Hollywood pour son travail de scénariste. On lui doit notamment les scénarios des deux premiers volets de L’Arme Fatale et de Last Action Hero de John McTiernan. Récemment, on lui doit des films comme l’excellent The Nice Guys en 2016, le dernier volet de la saga Predator en 2018 (il était en plus acteur dans le premier volet en 1987) et, ce qui nous intéresse, Iron Man 3 en 2013. Par contre, il avait déjà dirigé Robert Downey Jr dans son premier film en 2005, Kiss Kiss Bang Bang.
Inspiré du roman Bodies Are Where To Find Them de Brett Halliday, le film raconte l’histoire d’un voleur (Robert Downey Jr) qui se retrouve à jouer dans un film à Hollywood. Pour le rôle, il se retrouve à suivre un détective privé (Val Kilmer). Cependant, ils vont se retrouver dans une histoire de meurtre complexe et vont vivre de nombreuses mésaventures. Le film frappe surtout avec son ton. Il s’agit d’une pure comédie noire, reprenant avec humour le style des histoires de détective hard-boiled et n’hésitant pas à briser à plusieurs reprises le quatrième mur. Couplé avec le jeu parfait de Robert Downey Jr et l’humour grinçant, ce long-métrage est une petite pépite cachée. Il est aussi intéressant de voir comment ce film a influencé Iron Man 3, qui contient le même humour et le même style d’écriture que Kiss Kiss Bang Bang, ce qui le fait sortir du lot des autres films MCU.
Pour adapter, en 2014, le groupe de marginaux que sont les Gardiens de la galaxie, il ne pouvait pas avoir meilleur choix que James Gunn. Ayant fait ses débuts avec Lloyd Kaufman et les productions Troma en écrivant le scénario de Tromeo and Juliet en 1996, il a su démontrer par la suite son amour pour mettre en scène des situations absurdes et des personnages hauts en couleur, souvent avec un humour très trash, mis à part dans ses productions Marvel pour des raisons évidentes. Pour les curieux, je vous conseille les très drôles James Gunn PG’s Porn, soit des histoires dignes de films pornographiques, mais sans le sexe, trouvable sur Internet. Mais avant Marvel et DC (The Suicide Squad en 2021), il avait déjà réalisé un film de superhéros avec Super en 2011.
Le film raconte l’histoire de Frank, incarné par Rainn Wilson (Dwight de The Office), un cuisinier à la vie banale qui voit sa femme (Liv Tyler) le quitter pour un malfrat (Kevin Bacon). Avec l’aide d’une jeune fille nommée Libby (Elliot Page), il va décider de devenir un superhéros et de combattre le crime afin de reconquérir sa femme. Même si le film est très drôle, il pose un regard intéressant sur la figure du superhéros, montrant à quel point il est difficile d’en être un dans la vraie vie. James Gunn propose à la fois un long-métrage divertissant par son humour, mais aussi mélancolique envers ses personnages, se créant des identités de justicier pour échapper à la dure réalité de leur vie. Un film qui est beaucoup moins bête qu’il en a l’air, et qui vaut le coup pour Nathan Fillion en superhéros de propagande chrétienne.
Si Thor Ragnarok est si différent des autres films mettant en scène le dieu du tonnerre, c’est grâce à Taika Waititi. Si aujourd’hui il est reconnu pour son travail sur les films Thor, le sublime Jojo Rabbit en 2019, comme le réalisateur de la prochaine trilogie Star Wars et son travail d’acteur dans des films comme Free Guy de Shawn Levy, Waititi a tourné plusieurs films dans sa terre natale qu’est la Nouvelle-Zélande. C’étaient très souvent des comédies, d’où le ton plus comique du troisième film Thor. Si son documenteur sur les vampires What We Do in the Shadows est relativement reconnu dans les cercles cinéphiles, son film pré-MCU, Hunt for the Wilderpeople l’est beaucoup moins.
Adaptation du roman Wild Pork and Watercress de Barry Crump, l’histoire suit un adolescent du nom de Ricky Baker (Julian Dennison), un orphelin qui est recueilli par les Faulkner — un couple composé de l’aimante Bella (Rema Te Wiata) et du plus distant Hec (Sam Neill). Lorsque Bella meurt et que Ricky risque de retourner dans les services sociaux, lui et Hec vont traverser le bush néo-zélandais pour fuir les autorités qui les poursuivent. Mêlant comédie, drame, film d’aventures et une histoire de passage à l’âge adulte, Taika Waititi propose une histoire touchante et marquée par l’alchimie entre Hec et Ricky. Il se surpassera cependant lui-même lorsqu’il réalisera Jojo Rabbit.
Chose à savoir, Black Panther est le premier superhéros de comics de race noire. Son nom vient du mouvement contestataire lancé par Malcolm X dans les années 60, période de la première apparition du roi du Wakanda. Pour le mettre en scène, qui de mieux que Ryan Coogler, réalisateur afro-américain qui a notamment signé Fruitvale Station en 2013, un succès dans les festivals comme Sundance et Cannes. Mais avant de s’attaquer à Black Panther en 2018, Coogler a su traiter d’une autre grande icône de la culture populaire avec Creed en 2016.
Suite de la saga Rocky, le film met en scène Adonis Creed (Michael B. Jordan), le fils caché d’Apollo Creed, le rival et ami de Rocky Balboa (Sylvester Stallone), mort sur le ring dans les événements de Rocky IV. Cherchant à se démarquer de l’héritage de son père, Adonis va quitter sa villa de Los Angeles pour vivre à Philadelphie, lancer sa carrière de boxeur professionnel et s’entraîner avec l’aide de son nouveau mentor, Rocky Balboa. Si on peut s’attendre à un énième reboot d’une franchise populaire comme on en voit sans arrêt sortir au cinéma, Ryan Coogler ne tombe pas dans le piège du film nostalgique facile. À la place, il dépoussière avec élégance la saga Rocky, l’amenant dans de nouveaux territoires encore inexplorés dans la série. Un film qui plaira à la fois aux vieilles et aux nouvelles générations.
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