« Que diriez-vous de jouer le jeu de “Woody Allen”? Prêtes? Titres en anglais. »
Quatre jeunes femmes et leur chien de berger, Froso, profitent de la chaleur du soleil et du froid de la mer. Elles jouent, dansent et chantent. La journée laisse place à des jeux idiots et à des plaisanteries de filles. La maison sur la colline se dresse au-dessus d’eux. Elles réfléchissent à ses occupants. Le rire est ponctué de larmes. Les larmes sont emportées par des faires-semblants. Jusqu’à ce que la journée se termine et qu’elles commencent à emballer leurs affaires pour partir.
Avec Winona, Alexandros Voulgaris (The Boy), offre une œuvre sans prétention, mystérieuse et empreinte d’une profonde nostalgie. Un des meilleurs films de l’année.
4 jeunes femmes se retrouvent sur une plage. Mais aucune n’est Winona. D’entrée de jeu, le mystère s’installe. Mais qui est Winona, et pourquoi donner ce titre au film, puisqu’il n’y a pas de Winona?
Et du début à la presque fin, ce sont les seuls personnages qui nous verrons. Quoique… Cette étrange maison, située en haut de la colline, est un personnage en soi, auquel les filles donnent vie en imaginant des histoires dont la maison fait partie. Chaque jeune femme inventera une histoire, à son tour. Une histoire mettant en vedette la maison, la Jeep stationnée un peu plus loin, et les 4 filles aux prénoms évocateurs : Jennifer Jason (Iro Bezou), Giulietta (Anthi Efstratiadou), Meryl (Sofia Kokkali), Eiko (Daphne Patakia). Mais qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui est inventé dans ces histoires? Le spectateur doit l’imaginer, le supposer, et croire ce qu’il veut bien croire.
Une phrase revient à 4 reprises dans le film «Qui sommes-nous? ». Et c’est aussi cette question qu’on se posera jusqu’à la toute fin. Le scénario est si bien monté, que le mystère reste entier, malgré les nombreux indices saupoudrés ici et là.
Voulgaris réussit à démontrer que pour créer un film presque parfait, il ne faut pas un budget de fou, il ne faut pas d’effets spéciaux, il ne faut pas de vedettes et il ne faut pas beaucoup d’acteurs. Il ne faut qu’un scénario solide, une bonne direction et des actrices talentueuses.
On pourrait dire que Winona est un film lent, contemplatif, dans lequel il ne se passe rien. Et pourtant, il est captivant. Les gros plans des visages lors des silences parlent plus que n’importe quelles scènes d’action ou de n’importe quel dialogue poignant. L’utilisation de la maison et de la Jeep afin de créer un mystère par-dessus le mystère permet au réalisateur de détourner l’attention du spectateur qui se laisse prendre au piège à chercher une réponse à une question qui n’est pas la bonne.
Mais qui sont ces femmes? Quelle relation les lie? Entre jeux, danse, chants et confidences, quel secret se cache derrière cette journée à la plage? Pour son cinquième long métrage, Alexandros Voulgaris a choisi de tourner entièrement en 16 mm. Et c’est important. La texture du 16 mm est magique. Elle est parfaite pour créer l’ambiance nécessaire pour ce genre d’histoire. Une histoire qui, si ce n’était du jeu des titres de films réalisés par Woody Allen, pourrait se dérouler autant aujourd’hui qu’en 1890, qu’en 1960.
On dirait qu’il s’agit d’une sortie ordinaire sur une plage isolée. Mais Winona garde son secret aigre-doux jusqu’à la toute fin. Ce film devrait être montré dans toutes les écoles de cinéma afin d’enseigner que de grandes choses peuvent être faites avec peu.
Disponible en vidéo sur demande dès le 13 septembre 2021 sur ITunes, Google Play, Amazon Prime et Microsoft films, Winona saura vous hypnotiser, vous faire réfléchir et vous émouvoir. Vous ne devez pas le manquer.
Note : 9.5/10
Bande-annonce
Titre original : Winona
Durée : 88 minutes
Année : 2019
Pays : Grèce
Réalisateur : Alexandros Voulgaris (The Boy)
Scénario : Alexandros Voulgaris (The Boy)
© 2023 Le petit septième