[TJFF] A garden of the Camellias (椿の庭) — Beauté, vertu et modestie

« Et si je quitte cette maison, est-ce qu’alors tous mes souvenirs du temps passé ici avec ma famille seront aussi perdus? »

A garden of the camellias - posterAprès de nombreuses années de vie heureuse avec son mari, Kinuko (Sumiko Fuji) est devenue veuve récemment. Elle vit maintenant avec sa petite-fille, Nagisa (Eun-kyung Shim), dans cette même maison. Elles reçoivent régulièrement des visiteurs pour des raisons aussi variées que des cérémonies funéraires ou des admirateurs de beauté. Mais Kinuko est plus heureuse de voir les camélias fleurir dans le jardin de sa maison à Kamakura, que de voir des gens. Elle contemple l’avenir et ses prochaines étapes de vie. 

Avec A garden of the Camellias (椿の庭 qui pourrait être traduit par « Jardin des tsubakis »), présenté en première Nord-Américaine au TJFF 2021, Yoshihiko Ueda propose un film lent, se rapprochant d’un projet photographique, et honorant la beauté, la vertu, la modestie japonaise.

Un film lent

Ce premier film du célèbre photographe Yoshihiko Ueda retrace une année de la vie d’une maison traditionnelle à Kamakura. Une magnifique demeure surplombant la mer et resplendissante de fleurs de camélia. 

Le film montre la vie de la grand-mère et de sa petite-fille, qui y vivent avec les nombreux visiteurs de la maison, dont certains poussent Kinuko à vendre. Mais elle souhaite passer ses journées à chérir le passé et à profiter des saisons à travers les fleurs colorées qui s’épanouissent dans le jardin. Mais à l’approche du 49e jour de commémoration de la mort de son mari, l’esprit de Kinuko est inondé de souvenirs et d’inquiétudes quant à la suite des choses. 

A garden of the camellias - Un film lent
Kinuko (Sumiko Fuji)

Mais tout ce scénario n’est qu’une excuse pour examiner la beauté et l’éphémère de la vie pour aboutir à une conclusion profondément émouvante.

Le choix du camélia n’est pas anodin non plus. Le réalisateur l’utilise non seulement pour sa beauté réelle, mais aussi pour sa signification. Le camélia, « Tsubaki » en japonais, est un symbole de la beauté, de la vertu, du modeste… En quelque sorte, ce que sont les critères de beauté au pays du soleil levant. C’est donc une façon de montrer, avec des compositions très photographiques, la beauté physique d’un lieu, et les beautés plus abstraites de la vie. Et tel un récit photographique, A garden of the Camellias se déguste dans une atmosphère paisible et détendue. Ce film de plus de 2 heures a un effet calmant sur le corps. Disons qu’il pourrait être une sorte de méditation en pleine conscience.

En relation avec la vie non humaine

Dans son long métrage, Ueda met les femmes en relation avec le vivant non humain. Malgré la présence constante de visiteurs, Kinuko ne vit réellement que lorsqu’elle s’occupe de ses arbustes et de leurs fleurs. Quant à Nagisa, elle semble apprécier plus ses « conversations » avec les poissons qui vivent sur le terrain que celles avec les invités, ou sa grand-mère. D’ailleurs, il y a très peu de dialogues dans la première moitié du film. Le réalisateur a vraiment choisi de montrer la beauté, la pureté des lieux et des personnages. Il met en parallèle Nagisa et le camélia tout juste fleuri, au moment où il est jeune, pur et délicat, alors qu’il comparera plutôt Kinuko au camélia qui vient de subir une tempête. La femme, tout comme la fleur, reste vertueuse malgré qu’elle soit maintenant abimée et à la fin de sa vie. 

A garden of the camellias - En relation avec la vie

À la fin, malgré qu’elle ait de la difficulté à marché, la vieille dame continue de prendre le temps de s’habiller de ses plus beaux habits traditionnels — elle attache son kimono avec son obi dans une série de gestes presque cérémonieux — afin d’accueillir les visiteurs. D’ailleurs, le réalisateur revient à plusieurs reprises sur cette cérémonie de l’obi. Une belle façon de montrer l’élasticité du temps. 

Mais encore…

Née en Amérique après que sa mère ait quitté le Japon, Nagisa apprend à lire le japonais, à manger avec des baguettes et à vivre dans le plus grand respect des traditions. Mais la jeune femme se retrouvera éventuellement face à une situation difficile, où elle devra choisir entre le respect obligé qu’elle porte à sa grand-mère, ou la confrontation avec cette dernière…

A garden of the camellias - Mais encore
Kinuko et Nagisa (Eun-kyung Shim)

Pour quiconque s’intéresse à la culture japonaise et aime le cinéma contemplatif, A garden of the Camellias est un film à ne pas manquer. 

Note : 8/10

Bande-annonce

Fiche technique : 

Titre original : 椿の庭
Durée : 129 minutes
Année : 2021
Pays : Japon
Réalisateur : Yoshihiko Ueda
Scénario : Yoshihiko Ueda

A garden of the Camellias est présenté aux TJFF, du 5 au 27 juin 2021. Il est éligible pour le Kobayashi Audience Choice Award (choix du public). Vous pourrez voter directement sur la plateforme après avoir regardé le film.

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