Premier long métrage de Emanuel Hoss-Desmarais, Whitewash : l’homme que j’ai tué, lui faut le prix Claude-Jutra 2014 décerné par l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision. Le réalisateur se mérite également le prix du Best New Narrative Director de l’édition 2013 du Tribeca Film Festival. Un film québécois tourné en anglais. Après avoir frappé un homme avec sa déneigeuse, Bruce Landry (Thomas Haden Church) enterre le corps et s’enfuit dans la forêt. Sa déneigeuse en panne, loin de tout, il devra trouver le moyen de survivre. Se sachant recherché par la police en lien avec la disparition de Paul (l’homme qu’il a tué; Marc Labrèche), il se remémore les événements et tente de vivre avec sa culpabilité.
Visiblement seul au monde, au fond d’une forêt canadienne enneigée, Bruce se réveille au lendemain de l’accident. Ne pouvant déprendre sa déneigeuse, rapidement à court d’essence, il fera une première tentative pour rejoindre la civilisation. Sa culpabilité d’avoir tué un homme le hantant, il se croit soupçonné et retourne se terrer dans la forêt. La plus grande partie de Whitewash se passe ainsi en forêt. Par d’habiles flash-back bien répartis tout au long du film, on en apprend sur la relation qui unissait les deux hommes, Bruce ayant recueilli Paul, alors complètement désespéré. Deux hommes qui n’ont pas grand-chose à se dire, tous les deux fort démunis. Veuf, Bruce a un fort penchant pour la boisson, et Paul, pour le jeu, leur vice respectif leur empoissonnant la vie. Malgré l’atmosphère assez lourde, on retrouve, dans ses flash-back, une part d’humour.
Le personnage de Bruce devient de plus en plus confus. Il souffre de la solitude, mais la recherche tout à la fois. Sa culpabilité le ronge de plus en plus. Le film gravite ainsi autour de trois thèmes principaux : la culpabilité, la solitude et la confusion. Des monologues en hors champ rendent compte à quelques reprises de ses états d’âme. Le personnage vit perdu en forêt, perdu dans sa tête, perdu tout court.
Un mot sur le jeu des deux acteurs. Thomas Haden Church est excellent. Il rend très bien la folie qui s’empare de Bruce. Quant à Marc Labrèche, il nous livre aussi une bonne performance. Son rôle de vilain contraste avec ses rôles plus habituels, d’humour absurde (Matusalem, La Petite vie, Le Cœur a ses raisons et Les Bobos). On retrouve le Marc Labrèche plus sérieux et désespéré de L’âge de ténèbres de Denys Arcand.
Malgré le peu d’action, on ne s’ennuie pas pendant le film. Et la fin a réussi à me surprendre. Whitewash dose bien le suspense, l’humour et le drame.
Note : 8/10
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