2020 s’achève enfin, l’heure du bilan a sonné. Une année difficile pour le 7éme art mais pas insignifiante pour autant. Entre les salles obscures et le confort de son salon, voici une petite liste subjective de long-métrages et d’une série que j’ai particulièrement appréciés cette année.
L’été de ses 16 ans, Alexis (Félix Lefebvre), lors d’une sortie en mer sur la côte normande, est sauvé héroïquement du naufrage par David (Benjamin Voisin), 18 ans. Alexis vient de rencontrer l’ami de ses rêves. Mais le rêve durera-t-il plus qu’un été ? L’Été 85.
Inventer celui qu’on aime en évoquant la vie du cadavre que l’on a aimé
Été 85 retransmet ainsi les pensées et les remords d’Alexis, racontant son histoire d’amour au vitriol qui ne dure qu’un été avec un beau jeune homme aux mèches rebelles qui l’a sauvé d’un naufrage.
Appuyé par un récit singulier regroupant les paradoxes de la légèreté et de la gravité, on se laisse plonger dans cette histoire mêlée entre le fantasme et la fiction. « Est-ce qu’on invente toujours les gens qu’on aime ? » Qu’y a-t-il derrière ses propos ? Doit-on comprendre qu’Alexis romance ce qui lui est arrivé pour échapper à quelque chose ?
Jake emmène sa petite amie avec lui pour la présenter à ses parents qui vivent dans une ferme reculée. Mais après un détour surprise au cours duquel Jake abandonne son amie, la tension et la fragilité psychologique vont se mêler à la terreur pure.
Prendre sa voiture comme l’on prendrait le dernier métro pour s’enfoncer dans les profondeurs de sa psyché tourmentée.
I’m thinking of ending things tiré du roman de Iain Reid, fait partie de ses films qui se démarquent clairement de la vaste sélection filmique parfois insipide que la plateforme Netflix propose quotidiennement. Le scénariste Charlie Kaufman nous offre encore une fois une œuvre inspirante et poétique sur les éternels sujets qui ne cessent de torturer les humains depuis toujours: l’amour, les relations, vieillir, donner une raison à sa vie, douter et bien évidemment la mort … inévitable.
Kaufman nous présente une mise en scène très inhabituelle qui a suscité mon intérêt dès les premières images sur des motifs de papier peint de Williams Morris. Tout est soigneusement pensé et rien n’est laissé au hasard. Tout comme son scénario d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind qui a profondément marqué les esprits, I’m thinking of ending things ne laisse pas indifférent. Que l’on embarque en voiture en pleine tempête de neige avec nos personnages ou que l’on se perde durant la scène du repas familial plutôt malaisante, ce film fait partie des incontournables 2020
Hunter (Haley Bennett) semble mener une vie parfaite aux côtés de Richie (Austin Stowell), son mari qui vient de reprendre la direction de l’entreprise familiale. Mais dès lors qu’elle tombe enceinte, elle développe un trouble compulsif du comportement alimentaire, le Pica, caractérisé par l’ingestion d’objets divers. Son époux et sa belle-famille décident alors de contrôler ses moindres faits et gestes pour éviter le pire : qu’elle ne porte atteinte à la lignée des Conrad… Mais cette étrange et incontrôlable obsession ne cacherait-elle pas un secret plus terrible encore ?
Un tableau idyllique, trop fantasmagorique pour ne pas se cacher derrière un mal-être bien trop aiguisé.
Dans un style très clinique, publicitaire mais également distingué, Swallow joue avec les codes du cinéma de genre en abordant le thème de l’ennui bourgeois domestique et la pulsion obsessionnelle. Carlo Mirabella-Davis signe un premier long-métrage troublant qui, presque inévitablement, rappellera le meilleur de Polanski avec entre autres sa trilogie d’appartement (Le locataire, Rosemary’s Baby, Répulsion). Mais dans cette maison aseptisée aux couleurs pâles et douces, le réel et l’organique vont prendre place sous nos yeux, laissant le monde d’Hunter se refermer sur elle. Mirabella-Davis fait preuve de beaucoup de maturité dans son approche, magnant avec modération et discernement une certaine retenue nécessaire pour le sujet abordé. Malgré quelques failles en milieu de parcours, le réalisateur ne montre rien que nous n’ayons pas besoin de voir et évite ainsi les erreurs de parcours qui en aurait fait facilement un film d’horreur de série B. Un film à digérer lentement…
Deux couples, Huguette (Marilyn Castonguay) et Gaétan Delisle (François Létourneau), et Micheline (Karine Gonthier-Hyndman) et Serge Paquette (Patrice Robitaille), tentent de sauver leur mariage en basculant dans la criminalité et la violence pure et dure. Ils deviendront de véritables légendes du crime organisé au Québec.
L’important, c’est d’aimer…..(et de participer aussi…)
Une excellente série avec une saveur de contreplaqué boisé, de cerises griottes au sirop et de calibre 12. Un ensemble charismatique replongeant le Québec dans les années 70 qui intègre des problématiques sociétales actuelles tout en gardant un humour bien calibré.
Le duo Létourneau/Rivard fait des étincelles. Ils possèdent un style très singulier qui a le mérite de se démarquer aussi bien au niveau de l’originalité que sur la créativité.
Pour les amoureux du Kitsch et du vintage, ils seront séduits par la direction photo, les maquillages, les coiffures, les costumes et la direction artistique qui méritent un 10/10.
Petite mention spéciale aussi au niveau musical, Mike Brant c’est toujours un très bon choix !
Quand le manque d’amour s’entremêle avec la poudre, le rendu devient explosif.
Les Gardner décident de se mettre au vert dans la belle campagne afin de vivre des jours paisibles. Cependant, à peine sont-ils arrivés qu’une météorite explose dans leur jardin en pleine nuit. C’est alors que des phénomènes étranges s’immiscent dans leur quotidien. En effet, il semblerait qu’un élément extraterrestre soit à l’origine de leurs troubles physiques et psychologiques.
Un voyage magnifiquement malveillant.
Dans cet hybride de science-fiction-horreur à la fois étrange et magnifique, la lumière est d’un lilas palpitant et le sang est d’un rose Schiaparelli. Un beau défi lovecraftien qui n’a pas été facile à relever, car dans le roman, Lovecraft ne nous décrit pas complètement les différentes nuances de couleurs. Stanley honore les intentions de Lovecraft en baignant la totalité du film dans une teinte venue véritablement d’un autre monde. Ce qui laisse une direction photo particulièrement intéressante.
Si vous avez un petit penchant pour les films de séries B aberrants et un brin gluants, ce film devrait largement vous combler. Extrêmement “Off” aussi bien au niveau de la direction artistique que du jeu intense de Nicolas Cage (qui nous apprend comment manger du cassoulet…haha), je dois avouer que je me suis laissé aspirer par le visuel et la démence du récit. Remis au goût du jour lui aussi, car dans le roman, l’histoire se passe en 1880.
Après tout, invoquer les archanges sur un cheval blanc et écouter du métal avant de s’endormir…ça n’a plus rien de surprenant me concernant!
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