Michel Houellebecq et Gérard Depardieu dans un centre de massothérapie. Deux monstres sacrés loin (très loin) des normes actuelles de la santé et du bien-être y subissent des traitements et racontent la vie dans un hôtel cauchemardesque sans culture ni pensées
À la manière de Jean-Claude Van Damme dans JCVD ou de Johnny Hallyday dans Jean-Philippe où ces acteurs interprétaient une version romancée de leur propre personne, l’écrivain français Michel Houellebecq, auteur des romans Les Particules élémentaires et La Carte et le Territoire, a joué son propre rôle dans L’enlèvement de Michel Houellebecq réalisé par Guillaume Nicloux en 2014. Dans ce téléfilm, l’écrivain s’amusait à se moquer de lui-même dans une situation absurde, soit son enlèvement par des ravisseurs avec qui il finira par se lier d’amitié. Cinq ans plus tard, il retrouve le réalisateur pour une expérience similaire, cette fois accompagné par le légendaire Gérard Depardieu, pour Thalasso, qui arrive cette année au Québec dans le cadre du Festival du nouveau cinéma.
Les deux célébrités se retrouvent dans l’ambiance particulière des établissements de cure et c’est l’occasion de réagir face aux régimes strictes, aux traitements expérimentaux ainsi qu’aux patients aux caractères uniques. Le film est construit avec ces moments d’absurdité, ainsi qu’une histoire liée au téléfilm de 2014 qui sert de fil rouge, parsemé de dialogues à caractère philosophique, notamment sur la vie après la mort. Le tout dans un endroit à l’ambiance surréaliste et à certains moments proche du surnaturel et qui donne une véritable atmosphère aux décors.
Le point fort de ces scènes est sans aucun doute son duo d’interprètes principaux. Si le talent de Depardieu n’a plus besoin de faire ses preuves, Houellebecq n’est pas en reste. Il fait preuve d’un très bon humour, d’un ton très naturel lors des dialogues et d’une palette d’émotions très diversifiée, notamment lors des moments où il doit pleurer. Ces interprétations sont d’autant plus fortes que les deux acteurs jouent leur propre rôle. Il peut être très difficile pour un acteur de jouer son propre rôle, car il est plus compliqué de montrer son vrai visage que d’en jouer un autre. Cependant, Houellebecq et Depardieu sont habitués à ce style, le premier avec le téléfilm de 2014, le second avec Les cents et une nuits de Simon Cinéma d’Agnès Varda et Les Acteurs de Bertrand Blier. Ils arrivent donc à se jouer d’eux-mêmes et de se moquer, surtout dans le cas de Depardieu, qui s’amuse de ses excès culinaires et alcoolisés, de son amour pour la Russie, de ses rôles les plus connus et du fait qu’il connaît tout le monde dans l’industrie du cinéma.
Plusieurs des situations où se retrouvent les personnages sont très amusantes, plus spécialement les scènes des traitements, les rencontres avec les autres patients et les scènes plus surréalistes comme la rencontre avec le faux Sylvester Stallone. Cependant, les scènes ne sont pas toutes passionnantes. L’exemple le plus évident reste toute l’histoire avec les ravisseurs du film précédent. On risque d’être perdu si l’on n’a pas vu le premier film. Heureusement, l’édition 2020 du FNC offre dans sa programmation le téléfilm de 2014, de quoi faire une possible double séance avec L’enlèvement de Michel Houellebecq et Thalasso. Mais le plus gros problème est que, mis à part l’histoire du message dans la douille de fusil, ces scènes ne sont pas aussi intéressantes que celles de l’écrivain et de l’acteur. Les personnages secondaires, malgré quelques tics assez comiques, manquent de profondeur et leur histoire s’entremêle mal avec le reste du film. Reste que ça amène une fin surprenante et inattendue pas du tout déplaisante.
Au final, Thalasso est un film qui repose beaucoup sur ses deux stars, qui ici donnent le meilleur d’eux-mêmes afin de donner la meilleure interprétation de leur propre personne. Il est dommage que certaines scènes du film ne présentent pas le même intérêt que celles où l’on voit les deux hommes d’interagir entre eux.
6/10
Bande-annonce
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