« Quoi que nous fassions, cette guerre sera mondiale. »
Mai 1940. La guerre s’intensifie, l’armée française s’effondre, les Allemands seront bientôt à Paris. La panique gagne le gouvernement qui envisage d’accepter la défaite. Un homme, Charles de Gaulle (Lambert Wilson), fraîchement promu général, veut infléchir le cours de l’histoire. Sa femme, Yvonne de Gaulle (Isabelle Carré), est son premier soutien, mais très vite les évènements les séparent. Yvonne et ses enfants se lancent sur les routes de l’exode. Charles rejoint Londres. Il veut faire entendre une autre voix : celle de la Résistance.
Avec De Gaulle, Gabriel Le Bomin offre un thriller peu haletant dans lequel il raconte deux semaines de la vie de Charles de Gaulle: les deux semaines menant à son discours historique sur les ondes de la BBC.
Au moment où se déroule le film, mai-juin 1940, De Gaulle est un homme de 50 ans dont la carrière militaire plafonne au grade de colonel. Ses théories ou ses écrits sur une guerre offensive face à l’Allemagne sont considérés avec condescendance voire mépris par l’ensemble de ses pairs, en dehors de Paul Reynaud qui devient Président du Conseil au printemps 1940, qui y est très attentif. C’est donc un homme qui ne parvient pas à faire aboutir ses idées et qui porte en lui la souffrance de la guerre de 14-18, durant laquelle il a été blessé et prisonnier pendant plus de deux ans, que l’on suit dans le film. En 1940, il voit que la France est en train de s’effondrer et qu’il ne peut rien y faire considérant qu’une partie de la classe politique est prête à accepter la défaite. C’est à ce moment qu’il va tenter ce que lui-même décrit dans ses mémoires comme « le saut dans l’inconnu ». Il choisit la clandestinité en quittant sa vie d’avant, laissant tout derrière lui et entraînant sa famille dans l’aventure, prenant tous les risques et assumant son bannissement (déchu de la nationalité, dégradé, condamné à mort par le gouvernement français). Jusqu’au discours…
Ce qui est intéressant de ce moment historique, c’est qu’il met en place toute la vision politique à venir du futur créateur de la 5e république. Mais, malheureusement, le film ne va pas jusque là. On reste donc un peu sur notre faim.
De Gaulle n’est pas un film très excitant. Autrement dit, il est long. Il plaira possiblement aux fanas d’histoire de guerre. Mais…
Pourquoi mettre autant de dates? Le film se déroule sur 2 semaines. Mais, à toutes les 15 minutes (quand ce n’est pas moins), on a droit à une date en gros caractères. En quoi est-ce pertinent de me dire 6 JUIN 1940, puis 9 JUIN 1940, puis… Ça devient lourd et dérangeant. Fondamentalement, la date de début et celle du discours auraient été suffisantes. Et encore, il aurait été mieux de simplement en faire abstraction.
Et pourquoi avoir mis deux foutus flashs back de l’enfance de sa fille? Ces retours en arrière ne servent strictement à rien. Nous montrer comment De Gaulle était un homme de famille? On le voit déjà tout au long du film. Nous montrer son côté humain? Encore une fois, inutile car on le voit partout dans le film, dans son interaction avec sa fillette trisomique par exemple.
Pour l’écriture du long métrage, les scénaristes sont partis des « Mémoires de guerre » du général, des témoignages de Philippe de Gaulle et de ce que Charles et Yvonne s’étaient écrit, des lettres parfois très émouvantes où sont consignées des considérations très quotidiennes et personnelles.
Mais, au final, De Gaulle est un long et plate voyage menant au point culminant et seul réel moment fascinant du film : le discours du 18 juin que De Gaulle a fait sur les ondes de la BBC.
Note : 6/10
Bande-annonce
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