« J’ai lu, en ligne, que de jouer avec un sein aide à se calmer. Comme je ne suis pas en mesure d’en avoir un vrai, j’utilise ça. »
Kazuto est loin d’être l’acteur typique. C’est un nerd à l’état pur. Il vénère la série Rescuman, racontant les aventures d’un superhéros plutôt farfelu. En outre, Kazuto souffre d’un dérèglement nerveux qui lui fait perdre connaissance au moindre signe de stress. Du coup, dès qu’il passe une audition, on se moque de lui. Ses chances de décrocher un rôle sont fort minces. Un jour, il croise par hasard Hiroki, son frère, à qui il n’avait pas parlé depuis très longtemps. Hiroki lui propose un travail dans une compagnie assez particulière. Special Actors est une agence qui procure à ses clients des figurants pour leurs mariages, leurs funérailles, et autres fonctions. C’est l’emploi idéal pour Kazuto : figurant anonyme dans une noce ou un enterrement. Zéro stress! Jusqu’au jour où un nouveau client se présente. Sa sœur a été endoctrinée par une secte insolite : des adorateurs de la boule de riz, rien de moins! Kazuto, Hiroki, et leur joyeuse bande d’acteurs médiocres doivent infiltrer cette organisation et secourir la jeune femme au plus vite. Pour ce faire, ils concoctent un scénario follement compliqué. Bien entendu, rien de tout cela ne fonctionnera comme prévu, et le résultat final sera le plus chaotique de tous les foutoirs…
Après One cut of the dead en 2018, Shinichiro Ueda est de retour à Fantasia. Avec Special Actors, le réalisateur japonais pousse encore plus loin l’idée des acteurs médiocres. Cette fois, ce ne sont pas les zombies qui feront les frais des comédiens, mais un gourou et son organisation.
Il y a les comédies romantiques. Il y a les comédies policières. Il y a les comédies satyriques. Il y a les comédies de mœurs. Et il y a Shinichiro Ueda. Il manie le ridicule de main de maitre. Avec Special Actors, il crée une œuvre comme on ne peut en trouver en Amérique. Pourquoi? Parce que malgré le côté très occidental de ses films, il y injecte une touche culturellement japonaise qui fait en sorte que le spectateur occidental doit rester sur ses gardes.
Les personnages sont calmes, discrets, comme les japonais ont tendance à l’être. Et ce calme permet de faire exploser l’écran lorsque l’hystérie s’empare des personnages. La scène de chasse aux fantômes est particulièrement jouissive. Le réalisateur tire tout ce qu’il y a à tirer de ses acteurs qui sont parfaitement médiocres. Y a-t-il quelque chose de plus difficile à jouer pour un bon acteur qu’un acteur pourri?
Les personnages ont juste la bonne dose de caricature pour que ça ne devienne pas non crédible. Et pourtant… On n’a jamais vu un gourou aussi pathétique.
Avec Special Actors, Ueda fait du monde entier une scène démentielle. Il bidouille une farce complètement folle et sacrément élaborée, avec plusieurs niveaux d’artifices et de faux-fuyants superposés.
Alors que One cut of the Dead laissait le spectateur incertain à savoir si on était dans le film ou dans la réalité du personnage, Special Actors nous offre un montage plus classique. Et quand on croit que tout est fini, on se fait surprendre par un retournement insoupçonné.
Quand j’achète un billet pour Fantasia, ce que je veux voir, c’est ça!
Special Actors est complètement fou, déjanté, simple, et surprenant. On oublie rapidement que le film est en japonais tellement on se laisse prendre au jeu de cette enquête d’amateurs. Oubliez les zombies, cette année ce sera les « mauvais acteurs » qui feront la loi dans la ville!
Note: 8/10
Special actors est présenté au Festival Fantasia le 20 août 2020.
Bande-annonce
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