« Ici, la vie et la mort sont indissociables des glaces. »
Dans Odyssée sous les glaces, deux plongeurs en eau glacée, Mario Cyr et Jill Heinerth, nous alertent sur les effets implacables des changements climatiques qui affectent non seulement l’environnement polaire et la biodiversité de l’Arctique, mais aussi l’ensemble de la planète.
Documentaire époustouflant réalisé par le grand Denis Blaquière, Odyssée sous les glaces propose une incursion dans les eaux glacées de l’Arctique. Images à couper le souffle s’opposent au discours d’urgence véhiculé par deux plongeurs de renommée internationale : le Madelinot Mario Cyr et la Torontoise Jill Heinerth.
Désert de glaces, terres arides… L’Arctique – étendue blanche de neige et de glaces – cache un monde regorgeant de surprises. Dans Odyssée sous les glaces, le spectateur accède au royaume privilégié des glaces par trois points d’entrée : Ikpiarjuk (Nunavut), Ilulissat (Groenland) et Naujaat (Nunavut). Mario Cyr, plongeur reconnu mondialement, et Jill Heinerth, dont le nom est un incontournable dans le monde marin, joignent leurs efforts et partagent au public leur amour de l’Arctique et des êtres qui l’habitent. Ours polaires, morses, bélugas, narvals, baleines… mais aussi petits organismes tels que les zooplanctons et les cliones sont les vedettes du documentaire réalisé par Blaquière. Bien que les deux plongeurs prennent parfois la parole afin de commenter les événements en cours, l’attention du spectateur est surtout portée vers le paysage nordique. Banquises s’étalant sur des kilomètres, glaciers grandioses, icebergs dérivant… Rien n’empêche Mario et Jill de plonger à la recherche des trésors sous-marins au grand bonheur du public.
Le phénomène bien réel du réchauffement climatique affecte particulièrement l’Arctique; fonte des glaces, hausse du niveau de la mer, changements dans les écosystèmes, disparition de la banquise… Alors que les protagonistes sillonnent la banquise du Nunavut, le spectateur observe des fissures toujours grandissantes sur la glace – fissures qui empêcheront même les plongeurs de se rendre à la lisière des glaces, lieu de prédilection pour observer les espèces vivantes de l’Arctique. Sans chercher à déclencher à tout prix la sirène climatique, dans Odyssée sous les glaces, le spectateur se bute à des chiffres assez alarmants. En plus de ces chiffres, l’inquiétude des habitants des lieux touchés – les Inuits et les Groenlandais – est vite ressentie. Que cela soit par l’Inuk perplexe de ne pas trouver les morses ou celui qui s’inquiète des fissures toujours grandissantes dans la banquise, les changements sont réels et les affectent au quotidien.
À mesure que leur environnement se transforme, les animaux nordiques s’adaptent comme ils l’ont toujours fait. On voit donc des ours polaires qui s’aventurent toujours plus proches des villages et des hommes et des épaulards qui se rendent dans des eaux autrefois inaccessibles chamboulant ainsi les écosystèmes en place. Des baleines boréales et des baleines à bosse arrivent aussi en même temps dans les eaux glacées du Groenland – imposant un nouveau partage des ressources et de l’habitat, phénomène dont les impacts sont encore difficiles à prédire. Mais au-delà des conséquences sur les espèces animales, notre vie quotidienne est aussi victime des risques d’un Nord qui change trop rapidement : phénomènes incertains sur le globe, météo extrême menant à des épisodes de sécheresse et de froids polaires en hiver.
Le message véhiculé tout au long du documentaire renvoie aux paroles de Jill Heinerth : « Il est nécessaire de comprendre les merveilles de la planète pour mieux la protéger. » La Terre est mal en point et il ne s’agit pas de caprices de générations. Il s’agit ici d’agir et d’admettre que l’Arctique se transforme rapidement et que ces changements amènent leur lot de problèmes. Sinon, à quoi bon se poser en défenseur lorsqu’il n’y a plus rien à chérir?
Note : 8.5/10
Visionnez la bande-annonce :
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