
« L’été se déroulait sans encombre, jusqu’au retour des 99 chauves-souris du cimetière de Sleeping Stone. »

En 1901, dans un paisible village anglais, deux jumeaux excentriques (l’un alchimiste, l’autre apothicaire de bonbons) déclenchent une série de catastrophes alchimiques aux effets secondaires incontrôlables. S’amorce une course contre la montre alors que les notables s’épuisent à contenir le chaos, et que de son côté, le professeur Dumdell s’élance dans une quête effrénée entre Londres et Paris, à la recherche d’ingrédients légendaires pour ses potions. Mais chaque expérience menace de rompre l’équilibre déjà fragile… et de transformer à jamais les notables, son jumeau et le village.
Avec Les mésaventures des jumeaux Dumdell, Alessandro Cassa amène à l’écran un récit magique qui mène le spectateur aux confins d’un village d’Angleterre du début du 20e siècle. Il offre ainsi un conte-opéra pour toute la famille.
Se lancer dans un film d’Alessandro Cassa, c’est d’accepter de s’abandonner à une narration qui rappelle celle conte qu’on aime se faire lire par une personne qu’on aime. Sa façon de raconter des histoires se rapproche de l’univers littéraire et du conte. C’était le cas dans ses courts métrages comme Un gigantesque petit univers, ou encore On m’appelait Marguerite, et c’est le cas avec son premier long métrage Les mésaventures des jumeaux Dumdell.

Adaptée de sa trilogie jeunesse publiée chez Alice Éditions, cette aventure fantastique entre alchimie et désordre est narrée par l’auteur lui-même. Cette narration empreinte de douceur et de magie est solide et efficace. La voix de Cassa transporte le spectateur dans l’univers singulier de ses personnages. On pourrait presque écouter ce film les yeux fermés et simplement en apprécier les mots, les tons, la voix et l’histoire en se laissant porter sur le petit nuage créé.
Puis, s’ajoute la musique. Une musique qui nous accompagne du début à la fin, renforçant la narration. Parfois épique, parfois mélodieuse, elle contribue à créer des émotions chez le spectateur. Une musique originale qui permet d’approfondir légèrement le récit.
Est-ce qu’on pourrait qualifier Les mésaventures des jumeaux Dumdell de film expérimental? J’imagine que ça dépend de la définition qu’on donne au cinéma expérimental. Ce long métrage utilise un mélange réfléchi de techniques afin d’offrir une image comme on en voit peu, vous comme on n’a jamais vraiment vue.

Les images sont, à la base, tournées avec une caméra et des comédiens. Comédiens non professionnels, soit dit en passant. Ensuite, ces images sont animées grâce à une technique de rotoscopie. Puis, Alessandro Cassa aimant jouer avec l’image et la modeler pour l’ajuster à ce qu’il voit dans sa tête, des filtres sont ajoutés. Par moments, plusieurs couches, et à d’autre, presque rien. Ces couches de filtres permettent de faire varier le niveau du style animé. Ainsi, le réalisateur joue avec la perception du spectateur. Ces changements de styles servent à faire douter. Douter de quoi? De ce qui est vrai et de ce qui est faux. Et c’est particulièrement efficace avec les enfants. Arnaque! Autant que le père Noël. Autrement dit, ça donne de la magie et ça ne fait de mal à personne. Et si vous regardez le film avec un enfant, vous aurez peut-être la chance de l’entendre vous dire : « Je le savais que ça s’était passé pour de vrai! ».
On ne peut passer à côté, aussi, de l’effet que le mélange musique et narration crée. Les mésaventures des jumeaux Dumdell n’est pas un opéra. Ce n’est pas un conte. C’est un conte-opéra. Narration rappelant le conte littéraire ou déclamé, et la musique rappelant les spectacles opéra-rock, le résultat est un mélange parfait que je nommerais conte-opéra. Il faut le voir pour réellement comprendre.

En bonus, pour ceux qui ont lu les romans, certaines images du film sont carrément des modélisations 3D des croquis des livres. Une belle touche de la part de l’auteur-réalisateur qui sera certainement apprécié des jeunes lecteurs/cinéphiles.
Le film dure presque deux heures et demie, mais n’est-ce pas là une occasion parfaite de s’installer sur un gros coussin moelleux, avec un chocolat chaud, et de se laisser raconter une histoire; l’histoire des jumeaux Dumdell et de leurs mésaventures…
Extrait
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