
« Rappelle-moi, pourquoi tu travailles là? »

Astrid (Alice Blondeau), étudiante surdouée, abandonne son dernier trimestre universitaire à Montréal. De retour à Saint-Boniface, elle découvre une famille bouleversée. Perdue, elle commence à se reconstruire grâce à sa sœur, un libraire discret et sa communauté.
Avec Les faillites d’Astrid, Elena Sturk-Lussier propose une série relatant la difficulté de revenir chez soi après un départ qui s’est soldé par un échec. Une série qui ne cache pas ses origines, et c’est pour le mieux.
Les faillites d’Astrid est produit par Danielle Sturk, et scénarisé et réalisé par sa fille, Elena Sturk-Lussier. Le film met en scène une famille qui doit traverser une épreuve qui touche plus particulièrement un des membres de la famille. Ajoutons à cela que la petite sœur de la réalisatrice était assistante de production et qu’une des actrices était une amie d’enfance de la réalisatrice, et on se retrouve avec un assemblage plutôt intéressant.
Pourquoi est-ce que je trouve pertinent d’en parler? Simplement parce qu’il n’y a rien de mieux que l’expérience du réel pour créer une bonne fiction. On peut sentir la proximité entre les deux sœurs, d’ailleurs.
Il est intéressant de noter qu’Alice Blondeau et Zoe Gagnon ont eu deux ans pour apprendre à se connaître. En effet, elles ont participé au projet dès le début lorsque le pilot a été tourné et sont restées en contact jusqu’au tournage de la série, deux ans plus tard. La chimie qu’elles ont développée est apparente à l’écran.
Après la grande première, nous avons eu la chance d’entendre 4 des personnes qui ont travaillé sur cette série, lors d’un Q&A. Une partie de la discussion qui a été particulièrement intéressante portait sur le cinéma franco-manitobain.

Soyons honnêtes. Des réalisations de longs métrages ou de séries au Manitoba, il n’y a en pas des tonnes. Le Manitoba étant principalement anglophone (selon Radio-Canada, 97.1% des Manitobains sont anglophones), le nombre de tournages en français est… vous pouvez comprendre, n’est-ce pas? Ainsi, de voir une série comme Les faillites d’Astrid apparaître est un exploit en soi.
D’ailleurs, la réalisatrice expliquait qu’elle a eu la chance de travailler avec beaucoup de francophones sur le plateau, ce qui est assez rare. Elle avait tout de même une personne qui s’occupait de s’assurer que tout le monde sur le plateau comprenait bien les demandes et les consignes de la réalisatrice.
Pour l’équipe de production et de réalisation, il était important de montrer le Manitoba francophone de façon réaliste. Cela veut non seulement dire d’un point de vue des lieux fréquentés, mais aussi de la langue. Le Canada ne connaît pas un seul « français », mais bien plusieurs versions du français. Bien qu’on se comprenne plutôt bien d’un endroit à l’autre, les accents et les expressions varient vraiment beaucoup.
C’est donc avec l’inspiration que lui avait donné FM Youth de Stéphane Oystryk (film sur deux jeunes qui partent de St-Boniface pour Montréal) que la réalisatrice s’est lancée dans ce projet avec comme valeur de montrer la réalité franco-manitobaine. Mais Alice Blondeau, l’actrice principale, elle n’est pas Manitobaine. Elle vient de Québec. Hé bien elle a fait un travail incroyable afin de maitriser la langue locale. Honnêtement, en regardant la série, je ne me serais pas douté qu’elle n’était pas une fille locale.
Notez, d’ailleurs, que certains passages sont sous-titrés en français neutre afin de s’assurer que tous les francophones peuvent bien comprendre les expressions. Normalement, je trouve qu’il n’est pas vraiment utile de faire ça, puisqu’on se comprend assez bien d’un français à l’autre. Mais comme beaucoup d’expressions locales piochent dans l’anglais (ou d’un vocabulaire très local), il est pertinent de le faire ici.
Bien que Les faillites d’Astrid se déroule à Saint-Boniface, une petite ville francophone d’une province anglophone, la série reste universelle. Que l’on vienne des Prairies ou d’une petite ville du Québec, ou d’un village en Belgique, les situations que montre la série restent valides ici comme ailleurs.
Une fille qui quitte son petit patelin pour étudier dans la grande ville et qui échoue, on peut tous « relate », comme on dit un peu trop même au Québec de nos jours. Oui, on connait presque tous quelqu’un qui a vécu une situation semblable.
On peut aussi facilement s’identifier aux personnages. Ces femmes sont imparfaites, vraies et attachantes malgré leurs défauts et leurs faiblesses. N’est-ce pas ce qui en fait de bons personnages? Elles nous ressemblent.
Les faillites d’Astrid a été présenté en première à Cinemania et sortira sur TouTV en mars 2026.
Bande-annonce
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