
Vous connaissez la compétition Make it Weird? Jusqu’à il y a 3 semaines, je ne connaissais pas. C’est un gros aveu puisque ça existe depuis plusieurs années. Mais il n’est jamais trop tard pour découvrir quelque chose.

C’est un beau hasard qui m’a amené à cette folle soirée de projection de courts métrages. Grâce à une ancienne collaboratrice et amie commune, Frank Apache, le grand manitou derrière l’événement, m’a contacté parce qu’il cherchait un troisième jury pour la compétition de cette année. Lorsque j’ai vu la thématique de l’événement, je n’ai pas pu résister.
En effet, comment dire non à une compétition qui à comme thème : position de pouvoir? Surtout si on ajoute les contraintes suivantes : le personnage en position de pouvoir doit soit être horny (en rut), soit déprimé; il doit y avoir un minimum de 2 morts; et le budget maximum alloué pour la production du film est de 200$. Quoi de mieux pour voir la vraie créativité d’un artiste que de lui allouer un aussi petit budget?
J’ai évidemment accepté de participer à titre de jury, et de membre du public d’une soirée à l’ambiance de fête.

C’est dans une salle bien remplie du Marché Maisonneuve que la projection avait lieu. Mais avant de m’installer, je rencontre Frank et les deux autres membres du jury. Je m’achète une petite bière. Heille, elle est à l’effigie de la compétition!
Puis je m’installe.
Avant le lancement de la compétition, on a eu droit à 5 films, question de se mettre dans l’ambiance. Je vous les présente rapidement, car certains valent vraiment la peine.
Une modèle de dessin de nu se transforme de muse en artiste en découvrant son propre pouvoir de manière grotesque.

Un film sanglant dans lequel une femme nue assassine une multitude de personnes en utilisant des objets inanimés comme outils. Si la fin est décevante, le reste du film est franchement divertissant.
Exquisite corpse est son premier film à titre de réalisatrice et on voit un beau potentiel. Il sera intéressant de voir ce qu’elle proposera dans les années à venir.
Last Call est une nouvelle fantastique racontant l’histoire de Claudia Chow, une motarde rebelle et intrépide qui percute une mystérieuse femme-serpent chinoise au cœur d’une forêt de bambous magique. Terrifiée et fascinée par cette collision, Claudia est happée par les visions intermittentes de la femme-serpent qui jalonnent sa conscience. Plus elle tente d’ignorer l’appel de la femme-serpent, plus son comportement autodestructeur la tourmente.

Voici un film dans lequel les images racontent plus que les mots. Les images sont belles et les personnages intrigants.
L’inspecteur Beaubien, armé seulement de ses vastes connaissances et d’un exemplaire du Necronomicon, enquête sur de mystérieuses disparitions sur une île balayée par les vents.

Rien que du vent a amené de la discussion avec mes compères du jury. Bien qu’il n’était pas en compétition, nous avions des avis divergents. Le ton donnait à croire qu’il s’agissait d’une sorte de satire des films de démons où un homme aux pratiques étranges tente de percer un mystère que personne ne veut réellement comprendre.
Mais les ratés au niveau de la synchronisation le rendent, pour moi, impossible à apprécier. D’autant plus que les éléments qui auraient pu faire oublier ce problème n’étaient pas au rendez-vous.
Kevin pensait passer une nuit avec Jeanne. Mais cette dernière, sa conquête d’un soir, est une métamorphe. Elle prend la forme de ses fantasmes, se transformant pour le satisfaire… jusqu’à ce que tout bascule. Ce qui commence comme un jeu de séduction se mue en une épreuve intime, brutale et profondément troublante.

Last night stand était LE film hors compétition à voir. Non seulement il est divertissant à souhait, avec un bon punch et des effets spéciaux solides, mais il offre aussi un point de vue pertinent sur les enjeux de respect et l’éthique du dating.
Laissez-vous séduire par Chimney Alfonzo, sa nourriture et vous-même lors d’un premier rendez-vous. Vous n’oublierez jamais ce moment, car il est animé au crayon de couleur!

Drôle et absurde, ce film animé était la façon parfaite de clore la partie pré-compétition. La table était sise.
Il y avait 15 films en compétition. Je ne vais donc pas traiter de chacun d’eux, sinon vous ne vous rendrez probablement pas à la fin de mon texte. Je vais en choisir 4 qui ont été particulièrement appréciés par le jury et par le public.
Tout d’abord, la liste complète :
1 The Reverend’s Itch (Tate Cozza)
2 Policier en rut (Sebastien Grimard)
3 Jalousie mortelle (Lily Rose Bellemare)
4 Demon nun fuck (vanessa gudgeon)
5 Angle Mort (Thibault-Guichard)
6 Sealami’s Powerpoint (Ross Ozarka)
7 Rituel Sanglant (Mélissa Gagné)
8 Hole Patrol (Pat Doyle)
9 Werewolf Maintenance Man (Nadine Lesperance)
10 Just4u (Charlotte Poitras)
11 Lost (Stephan Stull)
12 GUY-O-TINE (David Lamare)
13 How to make a pizza on hypnosis (Fred Lavigne)
14 Find enjoyment in your toil (Robert Kleinschmidt)
15 Residence Yves Houle (William pouliot)
Je vous présente maintenant les 4 films qui m’ont le plus plu.
Un homme qui se sent diminué au travail décide de se venger après avoir appris une technique qui lui permettra enfin de se faire respecter.

Situé quelque part entre animation et confection de marionnettes en papier qu’on bouge devant la caméra, ce film offre une originalité impressionnante au niveau créatif. Les petits personnages dessinés sur papier et découpés approximativement montrent bien à quel point une méthode originale pour raconter une histoire peut être efficace.
Les dialogues sont minimalistes et les effets spéciaux inexistants, et pourtant les spectateurs ont grandement apprécié, tout comme le jury qui lui a décerné le grand prix.
Un agent patrouilleur qui travaille de nuit fait face à un problème majeur…

Hole patrol est une animation 3D complètement décalée qui pousse l’absurde à son maximum. Doyle propose un univers dans lequel les policiers travaillent vêtus d’un simple sous-vêtement et qui portent leur insigne directement sur la peau du torse.
Mais lorsque l’agent se rend compte qu’il n’a plus de beignes, il se lancera dans une course improbable afin de satisfaire ses désirs les plus… perturbants. Un film étonnant qui ne laissera personne indifférent.
Un gourou a créé une vidéo d’hypnose afin de créer la parfaite pizza.

Fred Lavigne, un habitué de la compétition, est de retour avec How to make a pizza on hypnosis, poursuivant ainsi l’idée des « how to » pour divertir le public. Ce film a aussi été un des préférés du public de par son humour décalé et sa simplicité. Le principe du « comment faire » fonctionne vraiment bien lorsqu’on veut faire du cinéma de l’absurde.
Lavigne montre qu’avec moins de 100$, principalement dépensés en sauce et condiments à pizza, on peut offrir une œuvre efficace. J’offre toutes mes félicitations au pauvre acteur qui a dû s’enduire de toute cette matière. lol
Un inspecteur se rend à la Résidence Yves Houle afin de s’assurer que le propriétaire respecte bien les normes.

Résidence Yves Houle a remporté une mention spéciale du jury et le Prix du public. Voici un autre film qui mise sur l’humour absurde pour faire rire le public. Mais ce qui le sépare de la compétition c’est non seulement l’efficacité des gags, mais ses clins d’œil aux jeux vidéos qui ont été populaires.
On ne peut évidemment pas passer à côté de Minecraft et de son design pixelisé, puisque le film est bien pixelisé. Il faut dire que pendant les premières secondes, ça énerve un peu. Mais une fois que l’œil s’habitue, ça glisse comme l’eau sur le dos d’un canard. Mais ce qui est encore plus réussi, c’est le lien avec Resident evil. Mais on pense ici au tout premier jeu, alors qu’on se déplace dans un grand manoir. Les deux créateurs du film (connus ici comme Will et Will) ont même répliqué la fameuse animation de la porte qui ouvre lorsqu’on change de pièce. On ajoute à ça les décors et les personnages étranges et on se retrouve avec un film simplement magnifique.
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Je ne peux pas croire que ça m’a pris tout ce temps avant de découvrir Keep it Weird. J’y retournerai c’est clair, et je vous invite à y aller l’automne prochain.
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