Il y a eu des films biopics sur toutes sortes de figures historiques. Des politiciens, des sportifs, des musiciens, etc. 

Il fallait bien que le métier d’explorateur soit un jour le sujet d’un long-métrage, notamment quand le parcours de certains des plus grands explorateurs de notre histoire est plutôt excitant et que ça passerait bien pour un grand film épique dépaysant. On a eu, par exemple, Dersou Ouzala d’Akira Kurosawa en 1975, qui relate l’amitié entre le topographe russe Vladimir Arseniev et un autochtone sibérien alors qu’ils traversent la vallée de l’Oussouri, Kon-Tiki de Joachim Rønning et Espen Sandberg en 2012, sur la traversée du Pacifique de l’anthropologue Thor Heyerdahl sur un radeau qu’il a fabriqué, ainsi que Lost City of Z de James Gray en 2017, qui parle de l’explorateur anglais Percival Harrison Fawcett.

Même Christophe Colomb, le plus célèbre explorateur de tous les temps, a eu le droit à un film sur lui, avec ni plus ni moins que Ridley Scott à la réalisation et Gérard Depardieu dans le rôle du navigateur dans 1492 : Christophe Colomb, sorti en 1992. Cette année, c’est au tour du second plus célèbre navigateur de l’histoire, Fernand de Magellan, d’être le sujet d’un film dans le bien nommé Magellan.

Un grand voyage

Le film suit le parcours du navigateur, interprété par Gael Garcia Bernal (Amores perros, Babel, Y tu mama tambien) de 1511, lors de la prise de Malacca, en passant de 1519, lorsqu’il prend la mer pour faire le tour du monde, jusqu’à sa mort en 1521 contre le chef Datu Lapu-Lapu sur l’île de Cebu.

Premier avertissement, Magellan n’est pas un biopic ordinaire. En effet, le film est réalisé par Lav Diaz, un réalisateur philippin adepte du cinéma contemplatif. Il fait donc usage d’une narration minimaliste et de beaucoup de plans longs, le tout en traitant de sujets politiques et sociaux. La particularité du réalisateur est que ses films sont d’une très longue durée. Son film le plus connu, Batang West Side, fait 5h15. Evolution of a Filipino Family a une durée de 10h24. Magellan est cependant un de ses films les plus courts, faisant « seulement » 2h40.

Un point de vue différent

Le réalisateur prend également un parti pris différent de ce que l’on pourrait s’attendre. Si un film sur un voyage autour du monde devrait être un récit épique aux paysages exotiques avec une mise en scène à couper le souffle, Diaz propose un film contemplatif, avec une mise en scène minimaliste, presque uniquement composée de longs plans fixes, ainsi qu’une photographie très naturaliste. À travers cette démarche, le réalisateur essaie de montrer le véritable visage de Magellan, pas celui d’un grand explorateur avide d’aventures, mais d’un colonisateur cruel et avide. Son film est le fruit d’un long travail de recherche sur cette figure historique.

La mise en scène fonctionne à merveille, avec certains plans qui rappellent des tableaux de peinture, dont certains avec un jeu sur les lumières dignes des travaux de Stanley Kubrick sur Barry Lyndon. Le message anticolonialiste qu’a voulu transmettre le cinéaste fait également mouche, montrant de sinistres images des colonisateurs qui manipulent et tente de détruire la culture des tribus locales qu’ils rencontrent. Le tout avec un rythme très lent dont le réalisateur a fait sa marque de fabrique.

Le problème, c’est que ce rythme lent peut très bien fonctionner pour un film de 1h40. Mais rajouter une heure de plus, on finit vite par s’ennuyer, surtout quand plusieurs scènes du long-métrage ne sont pas vraiment passionnantes. La meilleure partie est celle de la fin, lorsque l’équipage arrive sur Cebu et qu’ils tentent de convertir les habitants au christianisme. Mais il faut s’accrocher devant de longues petites saynètes avant d’y arriver. Un film lent doit redoubler d’efforts pour tenir en haleine le spectateur, encore plus s’il est très long, et Magellan s’y casse les dents.

La démarche de Lav Diaz sur Magellan est louable et marche bien, mais il aurait fallu qu’il soit plus court ou plus prenant, car on peut finir par s’ennuyer très vite devant.

Magellan est présenté au FNC les 13 et 17 octobre 2025.

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