« On est entré et on l’a trouvé pendu au calorifère. »
Orsolya (Eszter Tompa) est huissier à Cluj, la principale ville de Transylvanie. Un jour, elle doit expulser un sans-abri qui vit au sous-sol d’un immeuble. Un événement inattendu provoque une crise morale qu’elle tente de résoudre du mieux qu’elle peut.
Avec Kontinental ’25, Radu Jude offre une nouvelle fois sa vision d’une société rongée par l’hypocrisie et la corruption dans un humour rempli de sarcasme et montrant l’ironie qui entoure le fonctionnement de son pays.
Une société mal en point
Avec cette antihéroïne, le philosophe du cinéma roumain poursuit sa radiographie implacable d’une société rongée par l’hypocrisie et la corruption. Orsolya n’est pas seulement rongé par la culpabilité, elle est une image forte montrant que malgré certains efforts, la société roumaine échoue à avancer. Malgré les efforts, le pays reste coincé dans ce cul-de-sac sans espoir, sans avenir.
Le réalisateur illustre aussi le changement en utilisant de longs plans fixes d’immeubles. Par moments, ce sont de vieux buildings, alors qu’à d’autres ce sont des constructions récentes. Le contraste est absolument frappant. Ça fait d’ailleurs penser au Québec, où on construit sans vraiment réfléchir à comment ces nouvelles constructions vont se fondre dans le décor actuel. Des immeubles qui n’ont simplement pas leur place ou qui ne répondent pas aux besoins de la population, voilà ce qui semble ressortir de ce film.
Mais c’est par les constants retours contre les institutions publiques que le réalisateur – de par son personnage principal – s’attaque à la manière dont les gouvernements gèrent la société roumaine. Constamment, la femme parle contre les institutions. Mais aussi contre son propre boulot. Elle sait que ce qu’elle fait contribue à mener les gens au suicide – comme son gouvernement –, mais elle continue de le faire.
Drôle pour ceux qui comprennent
Ce nouveau chapitre, radical et intelligent, de l’œuvre d’un cinéaste passé maître dans l’art de scruter la vie et la société dans son pays avec un humour noir et un sarcasme marquant est à nouveau une belle réussite.
Mais il faut dire que les films de Radu Jude ne sont pas accessibles à tous. La première barrière est l’humour typique roumain qu’emploie le cinéaste. Alors qu’un initié rira jaune à plusieurs reprises, une personne ne connaissant pas la culture ou la politique roumaine ne rira pas beaucoup. Contrairement à un film comme Mauvaise baise ou porno barjo où presque tout le monde peut tout de même comprendre malgré les extras culturels, ici c’est plus compliqué.
Les subtilités sont probablement ce qui rend ce film particulièrement bon, mais aussi plus difficile à apprécier. Honnêtement, ne le regardez par si vous êtes brulé mentalement, car vous risquez de manquer pas mal de choses. Mais encore une fois, on doit lever notre chapeau à ce réalisateur qui sait comment traiter d’enjeux politiques ou sociétaux sans que ce soit clair qu’il y a un message à l’arrière-plan.
Un peu plus…
Pour ceux qui aiment l’humour grinçant et le sarcasme, Kontinental ’25 sera une belle aventure. Malgré sa lenteur et ses répétitions, ça reste un film prenant et drôle.
Cela étant dit, il n’est pas pour tout le monde. Mais je le suggère vivement.
Kontinental ‘25 est présenté au FNC les 9 et 13 octobre 2025.
