« Avec vos yeux, vous entrez dans le monde. Avec vos oreilles, le monde entre en vous. »
Darcy (Dev Patel) et Daphnée (Rosy McEwen) sont un jeune couple qui a récemment quitté la grande ville pour déménager dans le pays de Galles. Daphnée est une musicienne expérimentale, qui tente d’enregistrer sa musique dans leur petite maison mal adaptée à son équipement. Darcy passe ses journées à enregistrer des sons et des bruits, en espérant que cela permettra à Daphnée de les utiliser dans ses chansons ou de s’en inspirer.
Si le couple s’arrange du mieux qu’il peut de leur nouvelle routine, Darcy continue d’avoir des cauchemars oppressants, qui trouble son sommeil et également celui de Daphnée, qui ne sait comment l’aider.
Durant une de ses sessions d’enregistrement, Darcy capture un son particulier, qu’il suit jusque dans ce qui ressemble à un cercle de fées. Malgré l’étrangeté du son et son malaise soudain, Darcy n’en fait pas un cas, car Daphnée trouve l’enregistrement sublime et tous deux se réjouissent de la nouvelle sonorité.
Alors qu’ils semblaient avoir le vent dans les voiles, le couple remarque la présence d’un jeune enfant mystérieux (Jade Croots), qui rôde autour de chez eux. De visites innocentes aux premiers abords, l’enfant devient de plus en plus présent et insistant, s’incrustant dans leur vie et créant une tension au sein du couple, qui devient chacun de plus en plus chamboulé.
Quelles sont les intentions de cet enfant dont ils ignorent le nom?
Pour son premier long-métrage, le réalisateur et scénariste Bryn Chainey nous offre un film qui met nos sens en éveil. Ayant une musicienne et un preneur de son comme personnages principaux, le son est très bien travaillé dans le récit. Les sessions d’enregistrement du personnage de Darcy ont un petit quelque chose d’hypnotique et de relaxant.
Les couleurs de l’image rendent bien l’époque où se passe le récit. Les teintes plus terreuses, voire sépia, collent aux années 70 lorsque nous sommes dans la maison du couple, ce qui permet également un contraste avec la nature plus verte, froide et intemporelle de la forêt. On peut y voir une dualité entre nature et technologie ou entre tradition et nouveauté.
La direction artistique fait également un travail magnifique dans ce film, donnant également une texture au récit, spécialement dans le dernier acte du film.
Malheureusement, le scénario tombe à plat. La mythologie des fées n’est pas assez bien expliquée pour que nous puissions comprendre les règles à suivre et les dangers que nos personnages peuvent subir s’ils vont à l’encontre des règles. La présence de l’enfant est trop forcée dans le récit, au point qu’on peut se demander si le choix de mettre le récit dans les années 70, avec des musiciens hippies, n’est pas qu’une « excuse » pour les rendre crédules vis-à-vis le comportement louche de l’enfant.
Les personnages semblent se laisser porter dans l’intrigue, la subissant au lieu d’être des personnages actifs dans leur propre histoire. Même si chaque acteur donne une performance solide et que la chimie coule bien entre le trio, la somme de leurs efforts ne permet pas de rendre l’histoire cohérente ou prenante.
Dernièrement, j’ai eu mon lot de films qui avaient une bonne idée de départ et qui dérapaient par la suite. Rabbit trap aurait pu faire partie de cette liste, si ce n’avait été de cette dernière scène… Alors que les cauchemars de Darcy ponctuent le récit ici et là, nous obtenons une sorte de résolution à la fin, dans une scène éloquente et complètement silencieuse.
Pendant que le réalisateur s’empêtre dans des éléments mystiques à l’intérieur de son histoire, il semble laisser de côté quelque chose de plus concret, humain et touchant.
Cette dernière scène est magnifique et a sauvé mon visionnage. Il est dommage que le reste du récit n’ait pas été à la hauteur de cette fin.
Bande-annonce
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