The Ice Tower - Une

La Tour de glace – Une relation malsaine

« C’est un monstre, cela n’a pas de fin. »

La tour de glace - Affiche

Années 1970. Jeanne fugue de son foyer de haute montagne pour rejoindre la ville. Dans le studio où elle s’est réfugiée, la jeune fille tombe sous le charme de Cristina (Marion Cotillard, l’énigmatique star du film La Reine des Neiges, son conte fétiche. Une troublante relation s’installe entre l’actrice et la jeune fille.

N’ayant encore vu aucune réalisation de la cinéaste Lucile Hadzihalilovic, j’étais curieuse de découvrir une partie de son univers installé depuis déjà une vingtaine d’années au sein du paysage cinématographique français et international. À lire le synopsis de La Tour de glace, il me semble retrouver l’atmosphère étrange et onirique du superbe film de Peter Weir, Picnic at Hanging Rock (1975), que je conseille à tous et à toutes. Le long-métrage de Hadzihalilovic, quant à lui, a obtenu l’Ours d’argent de la meilleure contribution artistique au dernier Festival international du film de Berlin.

Des mondes gigognes

En ce qui concerne l’histoire de La Reine des neiges, qui sert à la fois de récit et de motif dramaturgique au sein du film, rappelons qu’il s’agit avant tout d’un conte de Hans Christian Andersen, publié en 1844 dans le recueil Nouveaux Contes (Nye Eventyr). Les écrits de cet auteur danois ont inspiré de nombreuses adaptations cinématographiques plus ou moins réussies, car souvent édulcorées en vue d’un auditoire plus large.

Les premiers plans du film montrent une adolescente, interprétée par Clara Pacini, déambulant seule au sein d’un paysage enneigé de Savoie – avant de rejoindre son village et son foyer adoptif, où sont attablés de nombreux enfants. D’emblée, cette scène d’exposition nous invite à rejoindre le monde du conte, et est accompagnée d’une voix off qui nous décrit le royaume de la Reine des neiges. Nous comprenons assez rapidement que la jeune fille s’appelle Jeanne, et que le récit du film se concentrera autour de son parcours, que l’on nommera a posteriori initiatique.

The Ice Tower - Des mondes gigognes

Jeanne parviendra à s’échapper d’un loup à la figure humaine aux abords du village, avant d’errer auprès d’une patinoire. Elle sera fascinée par une autre adolescente qui se tiendra froide et distante à son égard. Son périple trouvera une halte (presque) finale au sein d’un hangar utilisé comme studio de cinéma, où se tourne un film inspiré du conte La Reine des neiges. 

Jeanne rencontre Cristina, après l’avoir observée à plusieurs reprises, cachée dans les recoins du studio. Mais que cherche cette jeune fille, s’interrogera plus tard l’actrice? Est-elle en quête de nouvelles expériences ? Ou bien cherche-t-elle à fuir son quotidien, et à explorer un univers qu’elle pense merveilleux au premier abord ?

Une reine machiavélique

Si certains éléments du film ne sont pas totalement réussis, du fait de l’artifice un peu grossier créé entre le réel, le tournage et la fiction (et donc, un aspect gigogne assez appuyé qui mêle réalisme et onirisme – n’est pas David Lynch qui veut), il convient de souligner un point essentiel ici : l’interprétation de la reine par Marion Cotillard.

The Ice Tower - Une reine machiavélique

La reine « du film dans le film » Cristina est interprétée par Marion Cotillard, 21 ans après Innocence,sa première collaboration avec Hadzihalilovic. Après avoir visionné de nombreux films avec cette actrice, je considère que son jeu peut aussi bien se révéler excellent (De rouille et d’os de Jacques Audiard, 2012) que peu convaincant (principalement lors de ses interprétations de « femme de… » prétendument mystérieuse et sans beaucoup de consistance). Je n’ai donc pu m’empêcher de trouver un peu facile de lui faire interpréter un rôle à la personnalité instable et machiavélique, avec un renvoi explicite à celui de la star capricieuse et peu recommandable. Certains dialogues entre les deux personnages principaux sonnent faux (« Tu aimes cet endroit ? Et moi, tu m’aimes ? »), mais l’actrice excelle lorsqu’elle casse cette image froide et attendue. Le paroxysme de son interprétation se trouve dans une scène à la fin du film, lorsque la cinéaste parvient à distiller un certain malaise pour poser la question cruciale du consentement.

C’est donc lorsque l’œuvre se détache de ses décors un peu clinquants et de ses aspects assez artificiels qu’elle devient pertinente. Se posent alors des questions essentielles : à partir de quand un intérêt mutuel se transforme-t-il en manipulation? Quitter sa zone de confort n’est-il pas parfois nécessaire afin de cerner ses limites? Et enfin; une personne aux abords de l’âge adulte est-elle capable de développer un regard critique sur le fonctionnement hiérarchique et sociétal, qui suppose une certaine subordination ?

Le film prend une autre dimension lorsqu’il aborde de front ces questionstout en revêtant des allures de conte initiatique, malheureusement bien trop proche d’une certaine réalité.

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Fiche technique

Titre original
La tour de glace
Durée
117 minutes
Année
2025
Pays
France / Allemagne
Réalisateur
Lucile Hadzihalilovic
Scénario
Lucile Hadzihalilovic
Note
7 /10

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Fiche technique

Titre original
La tour de glace
Durée
117 minutes
Année
2025
Pays
France / Allemagne
Réalisateur
Lucile Hadzihalilovic
Scénario
Lucile Hadzihalilovic
Note
7 /10

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