« Ça fera le sarcasme. »

C’est un homme ébranlé, mais qui n’a rien perdu de sa redoutable efficacité que le public retrouvera dans la 2e saison de Dumas

Encore parmi nous

C’est ainsi que s’achève mon marathon de visionnement à Radio-Canada. Ç’a été une joie de pouvoir m’entretenir avec tous ceux qui font partie du milieu et qui ont participé de près ou de loin aux émissions qui viendront bientôt sur les ondes de TouTV. Au Québec, Luc Dionne est sans conteste l’un des auteurs les plus prolifiques des dernières décennies. Même si son nom ne figure pas toujours comme le principal contributeur de ce qui se produit ici, il n’est pas rare de le voir graviter non loin là où son expertise peut être sollicitée.

La série Dumas, qui commence à peine sa deuxième saison, à déjà fait ses preuves chez le public et c’est sans surprise que ce dernier attend avec impatience le second chapitre. Qu’adviendra-t-il de Intelco et du clan Dumas? Suite à la façon dont la première saison s’est terminée, il est difficile de croire que personne n’aura changé, ou du moins essayé. Ce sera à vous cher public de le découvrir par vous même les lundis 20h sur ICI TÉLÉ et ICI TOU.TV et pour celles et ceux sur ICI TOU.TV EXTRA les petits chanceux pourront visionner le soir même l’épisode suivant à partir de 21h.

Il n’y a pas à dire, Radio-Canada à envie qu’on continue à les regarder, alors pas étonnant que sortent les gros canons. Après tout, subvention ou pas, ça reste une société d’état qui doit dispenser à la population, actualité, culture et divertissement. Vous me connaissez, des trois pointes de cette trinité, laquelle croyez-vous, qui m’importe le plus? 

La base

Pour celles et ceux qui ont choisi « culture », vous méritez un piment fort, mais attention, c’est chaud. Je me demande souvent quels concepts, idées ou points de vue général nous vend-on, nous peuple? J’en parlais justement,  lors de ma visite au Studio R, à quel point les interactions générales entre les personnages d’une même série sont souvent caractérisées par des sous-entendus ou des commentaires sarcastiques, ironiques, ou tout simplement agressifs-passifs. Je ne crois pas que c’est à moi de rappeler aux hautes sphères médiatiques ce qu’est la théorie de l’apprentissage sociale par Albert Bandura? Bon, pour la forme je vais résumer, c’est une théorie acceptée pas mal partout sur la planète qui veut que l’individu apprend en imitant et est particulièrement prompt à reproduire les actions lorsqu’il a l’impression que lesdites actions n’engendrent pas de conséquence.

Le gars qui claque sa fille dans la face, dans Dumas, devant les autres c’est comme… Attends là, je dois assimiler tout ça. On est à la télé, oui, mais on vient tous de voir un parent claquer son enfant, dans des circonstances désagréables certes, mais tout de même. Il ne faut pas s’étonner que la fille fasse une fugue ou je ne sais quoi, n’empêche que j’ai du mal à croire que tout ceci se passe dans les bureaux de Intelco et que personne n’adresse la situation. Je veux dire, c’est aux parents, à la maison, ensuite, d’expliquer que c’est pas bien ce qui se passe à la télé? Et si c’est une personne qui se fait frapper dans la vraie vie qui voit ça sans conséquence pour l’agresseur, ça donne quoi comme image de société; parce que c’est pas une tite tape nerveuse ou rien là, on parle d’une vraie bonne claque dans face avec un élan de tennis.

Même si c’est pas « sexy » de faire de la télé bienveillante et que ça prend des conflits pour avoir une intrigue intéressante, ça ne signifie pas qu’obligatoirement tout le monde doit manquer de savoir-vivre. D’accord, la pandémie nous a peut-être ramollis point de vue contact humain, mais certainement pas au point qu’on redevienne des goujats malotrus. C’est comme dans Star Trek : The Next Generation, oui il y a des conflits, mais ce sont des conflits provoqués par des phénomènes majoritairement venus de l’extérieur de leurs vaisseaux. À bord, l’équipage n’est pas constamment en train de jouer au plus « smart » — si vous me permettez de paraphraser ainsi — ou à chercher à avoir le dernier mot coûte que coûte dans toutes les situations. C’est bien une série qui présente des personnages avec des personnalités fortes, avoir son style d’écriture et parfois son propre ton associé à un personnage plus qu’à un autre, mais pas tout le monde, s’il vous plaît.

Changer d’Air

De nos jours, on fait une montagne avec des grains de sable. On prend tous les petits problèmes les plus rikiki et les plus mondains pour les amonceler en un mur que l’on veut ensuite infranchissable. La vie tragique des gens riche et célèbre. Une fois passé au travers, on se jette au sol en pleurant comme les millions d’autres qui réussissent leur premier « kickflip » en planche à roulettes et qui versent des larmes de joie sur Instagram abreuvant l’hystérie collective de leurs accomplissements insignifiants. 

Finalement,c’est quoi une idée originale? Je dois avouer que depuis Veille sur moi la question me turlupine. Luc Dionne est effectivement l’auteur de Dumas, mais l’idée originale pour Antigang. Moi, naïvement, je croyais que ça voulait dire qu’on avait une bonne idée, une idée peu utilisée ou pas du tout. Originale, ça veut juste dire par définition « Qui émane directement de son auteur ou de sa source, qui n’est pas une copie, une reproduction, une traduction, une refonte, etc.; authentique », mais aussi « Qui se distingue du commun, qui sort de l’ordinaire ». J’ai hâte de voir des personnages qui ne voient pas la vie avec les yeux du capitalisme. Malheureusement, ça l’air que c’est pas parce que tu proposes une idée originale en bonne et due forme qu’on va te considérer, c’est plutôt le genre de truc qui se discute entre deux prises. On dirait que personne à jamais écouter les Cowboys Fringants, c’est tu pas hypocrite pareil?

Ben, ça serait peut-être une bonne idée justement de parler des vraies affaires pour faire changement. Ça intéresse qui pour vrai les histoires d’hypothèque et les magouilles de sexagénaires désireux de continuer à faire la piastre? Ça l’air con, mais j’ai l’impression que Jean Dumas commence à en être conscient lui aussi et je dois avouer que ma curiosité est piquée. Sans aucun doute, quelque chose à changer dans le regard de l’homme et dans son visage aussi… Est-ce un sourire sincère? Vous savez, ce qui est intrigant des figures sombres? C’est toujours de savoir comment elles vont aller vers la lumière, sinon, c’est la tragédie de savoir que ça n’arrivera jamais, un peu comme Séraphin. Par contre, une émission avec juste des Séraphins… Ça ne m’a pas l’air très intrigant.

Écrite par Luc Dionne et réalisée par Stéphan Beaudoin, Dumas est produite par Fabienne Larouche et Michel Trudeau pour Aetios Productions. La série met en vedette Gildor Roy dans le rôle-titre entouré d’Isabel Richer, Jason Roy-Léveillée, Vincent Leclerc, Jade Charbonneau, Marie-Lyne Joncas, Catherine-Anne Toupin, Sylvain Marcel, Madeleine Péloquin, Laurent Lucas, Stéphane Demers, David Bélizaire, Pierre-Alexis St-Georges et plusieurs autres.

Bande-annonce