IT WAS JUST AN ACCIDENT - Image Credit Courtesy of TIFF

[TIFF] Un simple accident – Un thriller signé Panahi

« Je l’ai enfin trouvé. »

Iran, de nos jours. Un homme croise par hasard celui qu’il croit être son ancien tortionnaire. Mais face à ce père de famille qui nie farouchement avoir été son bourreau, le doute s’installe.

Monument du cinéma iranien

Jafar Panahi, l’un des principaux visages du cinéma iranien moderne et de surcroît du cinéma contemporain, revient au TIFF après l’immense Aucun ours (2022). Palme d’or au dernier Festival de Cannes avec Un simple accident, le cinéaste mal aimé dans son pays, assigné à résidence (Ceci n’est pas un film, 2011), interdit d’écrire et de réaliser, arrêté il y a plusieurs années avec d’autres artistes iraniens, puis emprisonné, pousse le septième art à son paroxysme comme arme politique et plus précisément fait un pied de nez dirigé vers le régime au pouvoir qui a voulu le faire taire. Panahi est rusé et, jusqu’alors, a toujours réussi à déjouer les interdictions, certainement poussé par son amour pour le cinéma, son besoin de s’exprimer et soutenu par l’industrie du film en dehors de son pays dont les festivals de renom qui ont montré ses films interdits d’être présentés en Iran. 

Un Simple Accident - © Les Films Pelleas - texte
© Les Films Pelleas

Coproduction entre l’Iran, la France et le Luxembourg, Panahi a eu le talent de trouver du soutien financier ailleurs, notamment avec l’aide au cinéma du monde du Centre national du cinéma et de l’image animée en France. Allant sur un terrain inhabituel, le thriller, mais teinté de l’humour et de la dérision qu’on lui connaît, l’histoire d’un tortionnaire, suppôt du régime, va tourner au cauchemar lorsqu’il est reconnu par hasard par l’une de ses victimes au son de sa jambe artificielle. Le « par hasard » si cher dans l’œuvre du cinéaste rend le surgissement des évènements et le déroulement de la dramaturgie imbriqué dans le réel. Le personnage principal, un peu naïf, qui kidnappe le prétendu tortionnaire, creuse une tombe dans le désert, avant de se raviser : « Et si ce n’était pas lui? » C’est le début d’une aventure où vont se greffer des personnages invraisemblables d’anciennes victimes : un couple en costume de mariage, une photographe, un homme perturbé. Nourri par des dialogues volubiles et percutants, portés par des acteurs et actrices incroyables, tantôt drôles tantôt dramatiques dans le souvenir de leurs calvaires, le cinéma de Panahi n’est pas simple. Cette histoire de vengeance, de torturer à son tour le tortionnaire place les personnages dans leurs retranchements, laissant place à des moments de doute dans lesquels la morale, comme dans un conte moral d’Eric Rohmer, ne cesse de créer un dilemme entre la satisfaction personnelle et le bien collectif d’une force transcendante. Ce dilemme personnifie le travail de Panahi qui semble s’être caché à faire son film dans son propre pays, tant le dispositif de mise en scène tend à être invisible (scènes filmées à l’intérieur d’un van et dans des zones éloignées de la ville), tout en montrant du doigt un régime qu’il accuse d’être responsable de brutalités envers son peuple.

Grâce cinématographique, génie d’un artiste militant, Un simple accident va enflammer le TIFF de sa touche impertinente, va faire rire et émouvoir dans une scène finale qui nous laisse bouche bée.

Un simple accident est présenté au TIFF les 9, 10 et 13 septembre 2025.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Un simple accident
Durée
105 minutes
Année
2025
Pays
Iran / France / Luxembourg
Réalisateur
Jafar Panahi
Scénario
Jafar Panahi
Note
9 /10

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Fiche technique

Titre original
Un simple accident
Durée
105 minutes
Année
2025
Pays
Iran / France / Luxembourg
Réalisateur
Jafar Panahi
Scénario
Jafar Panahi
Note
9 /10

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