« Je vois pas pourquoi si nous on le fait pas, eux se permettraient de le faire. »
Les lignes de la loyauté et de la trahison sont floues, les enjeux personnels sont considérables et les risques sont quotidiens. La série suit les péripéties des enquêteurs émérites de l’escouade Antigang, qui non seulement se retrouvent au cœur des conflits qui opposent les organisations criminelles du pays, mais qui font face en même temps à des défis personnels, familiaux et amoureux.
Nous y voici, l’été s’achève et les canicules également, ne laissant qu’un zeste de leurs passages qui nous manquera bientôt; on le sait trop bien. Pour ma part, c’est avec beaucoup d’entrain que j’appréhende le dernier tiers de l’année avec un sourire aux lèvres, niais sans doute, en songeant à tout ce qui peut s’améliorer quand on ne peut pas descendre plus bas. Toutefois, je ne tenterai pas Murphy de peur qu’il prouve le contraire, mais soyons réalistes; ça va sûrement demander qu’on fasse plus que toucher du bois.
L’essoufflement collectif est à son comble, et nous voilà qui devons déjà reprendre le rythme, supposés s’être reposés des « vacances » que nous avons tous passées. Cependant, tandis que la bonne gent pouvait apprécier un répit bien mérité, d’autres n’ont pas pu avoir ce luxe. Comprenez-moi bien, je pense qu’il est normal de rencontrer des périodes moins prospères, voire difficiles. Quelques années ça va, mais il vient un temps où les années deviennent des décennies et ce n’est toujours pas plus aisé.
Parlant de s’épuiser à la tâche, Radio-Canada reprend avec, pas une, pas deux, mais bien trois séries signées Aetios production. On commence avec Antigang, puis STAT et finalement Dumas. Avec la panoplie d’émissions que la compagnie a déjà produites au Québec (pour ne compter que ça) on peine à croire qu’il reste du jus dans la machine. Le public se remet tout juste de sagas télévisuelles telles Unité 9, District 31 et compagnie; mais on avait oublié un détail…Le crime organisé! Dévoilé sous vos yeux ébahis, pour vous chers amis. Vous pensiez quand même pas qu’on allait vous oublier (wink*) .
Personnellement, j’ai toujours eu du mal à comprendre ce qui intéresse tant dans le crime organisé. C’est vrai, comment la société peut-elle condamner à ce point ce mode de vie et à la fois en faire l’éloge constant? Je connais au moins un enfant (on doit tous en connaître un, d’ailleurs) qui aurait vraiment aimé ça qu’on trouve ça moins « cool » des fois. L’une des raisons principales pourquoi j’ai aimé la trilogie The Godfather réalisée par Françis Ford Coppola, réside dans la fin — que je ne divulgâcherai pas ici, mais si vous ne l’avez jamais vu; il n’est jamais trop tard (quand on est débrouillard).
J’exprime cela parce que je me demande vraiment — maintenant qu’on est en 2025 (ça fait déjà un quart de siècle depuis 2000, tout le monde) — pourquoi on ne se réoriente pas plus vers des sujets différents ou, du moins, autrement qu’en montrant l’excellence irréprochable des services payés par les contribuables et les dommages de la société qui ont comme seule cause les méchants bandits? Sinon pour changer la donne, c’était un policier ou même un politicien corrompu, mais le système, lui, fonctionne (c’est le moins pire qu’ils disent, mais pas de quoi lui donner une médaille). Comment ce fait-il qu’autant de gens puissent se montrer insatisfaits — pas seulement de l’état des choses, mais aussi des nôtres — et qu’on produise autant de produits dérivés. À quand la collection de jouets de la SPVM style G.I. Joe pour les tout petits. Pourtant, je pensais que ce genre de choses étaient loin d’être un jeu. Et en passant, on prononce tous ça « dji-ail-djo », je suis pas fou? Alors pourquoi le sobriquet de Gabriel Goulet, interprété par David Giguère, se prononce « djay-djay » et pas « dji-dji » (les Bay Jays)?
Bon ça y est j’ai mentionné un comédien de l’émission, je vais être obligé de parler de la performance des acteurs là… Écoutez, au Québec, nos acteurs sont géniaux. Pour vrai de vrai, nous sommes chanceux sur ce point. La distribution est tellement forte qu’on pourrait les regarder acter sur une scène vide avec juste un faisceau lumineux braqué sur eux pour les départager de l’obscurité (le théâtre, quelle merveille) et on serait comblé. Par contre, c’est évident que ça soulève un point important : en tant qu’art, est-ce que le cinéma d’ici a évolué conjointement avec la capacité de jouer de nos comédiens?
Je songeais à ceci aujourd’hui : « Tout artiste met une part de soi dans ses œuvres, car elles sont aussi des parties émanentes de son être ». Alors, je me demande ce qu’il y a de viscéral dans cette nouvelle quotidienne. Quelle est l’urgence, que veut-on exprimer? Une idée originale du brillant Luc Dionne remise dans les mains de l’empathique et talentueuse Nadine Bismuth. Cependant, peut-on reproduire la flamme vive de la création de la même façon qu’on frotte le silex d’un briquet? Et même là, il faut Bic, sinon ça fonctionne juste dans une chambre hermétique.
Je n’enlève rien au talent de tous celles et ceux qui participent à ce projet. Seulement, voilà, depuis le temps, je me disais que les grosses têtes se doutaient bien qu’on finit toujours par reconnaître le goût maison qui tombe avec chaleur dans l’estomac de celui plus « industriel » qui colle au palais. On a développé une expertise, certes, mais loin du simple artisanat de brocante se peut-il que notre expertise se soit… spécialisée? C’est le monde dans lequel on vit désormais, c’est la faute de personne (il paraît que c’était pas sa job de faire ça). Je comprends que l’humain à tué Dieu, mais le titre de créateur à perdu quelque peu de sa noblesse depuis n’est-ce pas?
Radio-Canada est le centre névralgique de notre culture et c’est pourquoi tant de gens l’écoutent ou consultent leurs différentes plateformes. Pas nécessairement parce qu’iels trouvent que tout est excellent, mais parce que c’est une institution qui vaut la peine qu’on l’entretienne. C’est ce que j’ai découvert cette année : des fois on ne s’accroche pas parce que c’est la meilleure des situations dans le moment présent, mais parce que ça peut encore le devenir. C’est ce que je souhaite finalement, qu’on s’accroche et qu’on s’arrange pour que ça aille mieux.
Patrice Robitaille, Catherine Trudeau, Fabien Cloutier, Karine Gonthier-Hyndman, Irdens Exantus et Vincent Graton forment l’escouade Antigang. La série met également en vedette, entre autres, Olivier Gervais-Courchesne, Léane Labrèche-Dor, Sébastien Ricard, Frank Schorpion, Samuel Gauthier, Philippe Scrive, Shanti Corbeil-Gauvreau, David Giguère, Catherine St-Laurent, Patrice Bélanger, Fayolle Jean Jr, Luis Oliva, Fabiola Nyrva Aladin et Camille Felton.
Bande-annonce
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