« Nous sommes tous des bêtes encore informes, égarées dans le labyrinthe. »

Lize Dompierre, une actrice prochainement diplômée et atteinte d’une maladie implacable, a choisi de rester aux côtés de sa cohorte jusqu’au dernier jour de leur parcours commun. Ses camarades décident de lui préparer un spectacle unique, à mi-chemin entre rituel funéraire et happening théâtral : un adieu solennel, marqué par un engagement artistique absolu, en hommage à leur amie. Alors qu’une éclipse assombrit le ciel, jetant une ombre étrange sur cette journée chargée de nostalgie et de présages funestes, le destin de la cohorte vacille, bouleversé à jamais.

Dans une poésie en mouvement touchante et bouleversante, L’avenir nous envoûte. Avec ce nouveau film signé Emmanuel Schwartz, on danse une valse avec ces jeunes âmes en quête de soi. On se cherche avec eux, jusqu’à perdre pied et tomber dans un entre-monde où on remet en question notre perception du réel, l’importance du rêve et de la fiction.

Poésie incarnée

Si j’avais un seul mot à choisir pour décrire L’avenir, ce serait sans aucun doute poétique. En tout point, ce long-métrage est une poésie incarnée. Cette poésie prend place dans les séquences de narration, ou, devrais-je dire, séance de récitation, dans lesquelles les mots sont tour à tour de doux baisers sur la tempe et de violents coups de poing dans l’estomac. Elle prend aussi racine dans le geste, le mouvement. L’avenir est un film de mots, de gestes.

J’oserais écrire que le film d’Emmanuel Schwartz est à la croisée des chemins entre un film expérimental, une pièce théâtrale, une performance et une œuvre d’art contemporain. Je n’aurais aucune difficulté à le voir projeté au MAC. Et bien honnêtement, cet aspect d’une définition insaisissable me charme au plus haut point. L’avenir est un film unique, empreint d’une sensibilité profonde et animé par une poésie intelligente!

Théâtre du geste 

Si la poésie réussit à être l’âme de L’avenir, c’est qu’elle est constamment en mouvement. Les jeunes acteurs réussissent à créer un effet de mouvement constant par la gestuelle incarnée de leur personnage. Que ce soit lors des exercices de jeu, sur scène, mais aussi simplement dans les petits gestes du quotidien, iels campent à merveille leurs rôles. Les mots trouvent alors un véhicule puissant pour nous atteindre, nous faire réagir, nous faire vivre. 

Par leur interprétation sincère et passionnée, iels nous font chavirer le cœur. On a à la fois envie de les secouer, de les rassurer, de les écouter, de pleurer avec iels. On a envie de leur dire que tout sera correct, que c’est dans le changement, dans le mouvement, que la vie trouve son sens. Que la fin des études collégiales, bien que déchirante, n’est que le début de plus grand, de plus beau. 

Esthétique spectrale

L’avenir a su créer une esthétique unique en son genre, renforçant la poésie générale du film. Ici, c’est une esthétique que je qualifierais de spectrale qui nous berce du début à la fin du visionnement. Grâce aux jeux de lumière, au montage qui donne un effet de flottement, à l’univers sonore du film, le résultat revêt un effet vaporeux. 

Est-ce que l’on est dans le mensonge, la réalité, la fiction, le rêve? Une ligne floue sur laquelle marche de manière maitrisée le funambule qu’est Schwartz, nous donnant ainsi l’impression d’assister à un drame en étant à la fois participants et spectateurs. Au même titre qu’un fantôme qui erre de micro-drame en micro-drame. 

Un film à voir, un cinéaste à suivre

Je ne peux que vous recommander très fortement de visionner ce film! Touchant, envoûtant, original, poétique et profondément artistique, on y sent la passion et les efforts fournis et investis dans ce film, le rendant d’autant plus prenant. J’ai eu un gros coup de cœur pour L’avenir, Emmanuel Schwartz est très certainement un cinéaste à suivre!

Bande-annonce