« This guy is an asshole, but he’ll do anything for cas. And that, you have. »
[Ce gars-là est un trou du cul, mais il ferait n’importe quoi pour du cash. Et ça, t’en as.]
Grace (Anna Hindman), une infirmière toxicomane, est enlevée par Evienne (Chloe Carroll), une vampire de Philadelphie, qui a désespérément besoin d’elle pour soigner son fils humain mourant (Robert Picardo). Une relation complexe se noue entre elles, compliquée par l’arrivée de Tempest (Sam Rothermel), l’ex-petite amie vengeresse d’Evienne, et de Dayanara (Telita Perry), une chasseuse de vampires. Le film explore si Grace trouvera le contrôle dans l’immortalité ou si elle deviendra un monstre, comme le craint le fils d’Evienne.
Avec How far does the dark go?, Bears Rebecca Fonte propose un film semblable à un clip vidéo, se développant au rythme de la musique plutôt que par des scènes bien réfléchies.
Je suis peut-être vieux jeu, mais je crois toujours qu’un film doit se baser plus sur les dialogues que sur les musiques. Évidemment, la musique fait partie des films, et elle a une utilité. Elle doit aider à faire passer certaines émotions ou certains messages. Parfois, elle peut désamorcer la tension après une scène très dramatique. Elle peut même servir à meubler un passage un peu plus faible dans un film. Mais lorsque la musique devient le moteur d’un film de fiction qui n’a rien à voir avec l’univers de la musique, cet outil devient simplement agressant.
C’est étrange car la musique de How far does the dark go? est excellente. Les pièces ont été bien choisies et elle pourrait être parfaites pour mettre une ambiance sensuelle, voir érotique dans le film. Mais il y en a tellement qu’elle finit par être agressante et dérangeante. S’il y a 5 minutes sans musique dans tout le film, c’est tout. À un moment donné, j’avais l’impression de regarder une série de vidéo-clips, montés pour nous raconter une histoire de vampire. Mais le genre de clip qu’on projette derrière le band, au fond du stage.
La réalisatrice dit avoir voulu, dès le départ, monter le film de par la musique. Honnêtement, j’approuve l’idée d’essayer des choses différentes dans le cinéma. Mais, parfois, le résultat est un simple échec. Au moins, certaines séquences montrent une belle sensualité entre les deux femmes. Ce sera toujours ça de gagné. Parce que sinon, on ne peut même pas parler des dialogues qui sont soit peu utiles, soit peu audibles à cause de la musique. Mais assez parlé de musique (même si au final c’est tout ce qu’est réellement ce film – une suite de pièces musicales montées une après l’autre).
L’idée du film, bien que peu originale, était bonne pour offrir un bon divertissement. À l’image des films des années 90, où on mélangeait érotisme et horreur pour offrir une expérience visuelle et excitante aux spectateurs, cette histoire de vampires avait tout pour séduire (oui, c’est un jeu de mots poche et assumé).
L’idée d’utiliser le syndrome de Stockholm pour créer une tension sexuelle entre les deux femmes était bonne. Mais pour que ce soit intéressant, il aurait fallu que Grace soit, au moins un peu, mal traitée par Evienne. Mais aucune fois elle ne lui fait réellement peur ou mal. Peut-on vraiment parler de Stockholm lorsque la captive semble… ne pas être vraiment captive?
Je peux imaginer ce même film, avec 75% moins de musique et 10% plus de violence, et on aurait peut-être quelque chose d’intéressant. Je me questionne aussi sur l’intérêt d’intégrer des genres de « flashs » dans lesquels l’écran prend une allure de vieille pellicule granuleuse. Pourquoi? Ça n’ajoute rien au récit sauf une certaine confusion. On se demande ce que ça signifie, et on finit par se dire que c’était juste une mauvaise idée.
Il y a un peu la même chose au niveau du son. Dans certaines scènes, le son change et devient écho, sourd. Encore là, ça aurait pu être intéressant, mais on finit par ne pas comprendre à quoi ça sert.
En fait, il n’y a rien de plus à ajouter. À part peut-être d’éviter ce film. Si vous avez envie de voir des vampires et de l’érotisme, je vous conseille plutôt True Blood.
How far does the dark go? est présenté au Queer Scream Film Festival, le 2 août 2025.
Bande-annonce
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